Histoire du club
Sommaire
Les années Fernandez
En difficulté financière, le Club à la Croix de Lorraine vit une intersaison difficile. La masse salariale est bien trop élevée pour le budget d’un club de Ligue 2. Metz doit dégraisser et se sépare de plusieurs joueurs tels que Baticle, Meyrieu ou Régis. C’est dans des conditions difficiles que Jean Fernandez prend place au poste d’entraîneur en remplacement de Gilbert Gress. Alors qu’il reste sur une bonne période à Sochaux, club qu’il avait également repris en main à l’étage inférieur, Fernandez a la lourde tâche de remonter directement au sein de l’élite avec un effectif rajeuni. Si le début de saison s’avère difficile, l’équipe décollera au lendemain d’une nouvelle défaite à Valence (3-1). Les murs du vestiaire messin tremblent encore du coup de gueule passé par le président Molinari et son entraîneur au soir de cette déconvenue.
Dès lors, la formation lorraine entame son ascension au classement alors qu’elle occupe une triste seizième place. Solides à domicile (15 victoires, 3 nuls et 1 défaite), les Messins s’appuient sur une efficacité remarquable au niveau des coups de pieds arrêtés ainsi que sur un duo d’attaquant Niang - Adebayor qui fera merveille lors des matches retour. Le premier, prêté par Troyes lors du mercato d’hiver, sera également un acteur important de l’aventure messine en Coupe de la Ligue. Avant d’être barrés par Sochaux aux portes du Stade de France, au terme d’une rencontre riche en rebondissements, les Lorrains avaient déjoué les pronostics en éliminant Bordeaux puis Nantes, deux pensionnaires de l’étage supérieur.
Malheureusement, la coqueluche de Saint-Symphorien ne peut rester sur les bords de la Moselle au terme de la saison. La ré-accession à l’élite a beau être acquise, le club se doit d’apurer un passif qui l’empêche de recruter le Sénégalais. Comme si cela ne suffisait pas, Metz est également contraint de vendre. Ainsi, Adebayor s’envole pour Monaco et la ligne d’attaque doit être repensée. Le recrutement sera exclusivement composé de joueurs libres ou prêtés.
Cette saison 2003-2004 verra le onze messin afficher un bilan paradoxal. Ce dernier, plus apte à contrer qu’à faire le jeu, engrange la plupart de ses victoires à l’extérieur. La vitesse de Toifilou Maoulida (12 buts), prêté par Rennes toute la saison, représente une arme offensive de premier choix dans le système de Jean Fernandez. Malgré tout, le club reste en constante difficulté tout au long de l’année, naviguant à vue juste au dessus de la zone rouge. A dix journées de la fin, après une double défaite à domicile (contre Toulouse puis Lens, 2-0), Jean Fernandez bouleverse sa formation afin d’y intégrer de jeunes joueurs. Les Obraniak, Renouard, Gueye ou encore Béria participeront à la bonne fin de saison des Grenats. Celle-ci verra notamment la jeune garde messine triompher de Marseille au Stade Vélodrome (1-0, but de Méniri) et l’aventure se ponctuer par une belle victoire à domicile sur Bordeaux (3-1).
Si l’issue de cette première année en Ligue 1 est positive, les nerfs des uns et des autres ont été mis à rude épreuve. Toujours sans le sou, Metz renouvelle tout de même largement son effectif. Avec pour objectif de s’assurer du maintien avant les dernières journées de championnat. Malgré un départ époustouflant (leader après quatre matches et une nouvelle victoire à Marseille 3-1), la formation de Jean Fernandez ne parvient pas à trouver son rythme de croisière. La révélation de l’année, Franck Ribéry, quittera même le navire à la mi-saison pour rejoindre Galatasaray. Privée de son meilleur pourvoyeur de ballons, l’attaque messine accuse le coup, les renforts enregistrés au mercato ne suffisant pas à la redynamiser. C’est avec les tripes que les Messins parviendront à prolonger leur bail parmi l’élite. En accrochant, au courage, deux victoires à l’arraché contre des concurrents directs (Caen puis Istres), ils resteront à distance de la zone rouge. Il leur faudra tout de même attendre la dernière journée pour obtenir mathématiquement leur maintien. La souffrance aura encore été au rendez-vous. Jean Fernandez s’envole alors pour Marseille, entraînant le retour de Joël Muller. Un cycle prend fin. Si ces trois saisons furent douloureuses, le club est remis à flot sur le plan financier au moment d’aborder un exercice particulier parmi l’élite. Celui-ci verra en effet le Club à la Croix de Lorraine passer la barre des 2 000 matches en première division…
Fin d'une longue période de première division
La saison 1999/2000 s'annonce prometteuse, avec une participation en coupe Intertoto (élimination au dernier tour contre West Ham) et la venue sur les bords de la Moselle du jeune milieu de terrain de l'AS Nancy-Lorraine Christophe Bastien (plus gros transfert de l'histoire du club), du rennais Nicolas Goussé et de l'attaquant ukrainien Sergeï Skachenko. Malheureusement Christophe Bastien se blesse lourdement à une cheville et les deux attaquants peinent à confirmer tout le bien que l'on pense d'eux. Michele Padovano fait son apparition à la pointe de l'attaque quelques matchs, montre tout son talent, marque 4 buts, dont un magnifique coup-franc contre Marseille au stade Vélodrome, et se reblesse au tibia : on ne le reverra plus sous le maillot grenat. Cette saison est surtout marquée par un "drôle" de record : 17 matchs nuls en 34 matchs et meilleure défense…malheureusement c'est insuffisant dans un championnat où la victoire est à 3 points; les grenats terminent donc cet exercice à la 11ème place.
Pour la saison 2000/01 l'effectif est stable : les "cadres" sont épaulés par les jeunes du centre de formation qui ont fait leurs preuves: Grégory Leca, Grégory Proment, Sylvain Marchal, Eric Hassli et Stéphane Morisot hélas victime d'une rupture du ligament croisé antérieur en cours de saison. Du côté des transferts, Faryd Mondragon, l'impressionnant gardien international colombien réussi la lourde tâche de faire oublier Lionel Létizi parti relever un nouveau défi au PSG. Patricio d'Amico épaule quant à lui Gérald Baticle, arrivé à l'intersaison la saison précédente en provenance de l'AJ Auxerre , ainsi que Jonathan Jager, à la pointe de l'attaque.
Après un bon début de saison qui vit notamment Eric Hassli faire une entrée fracassante dans le monde professionnel, la formation lorraine s'enlise en queue de peloton. Manquant de panache offensif, les Messins comptent sur l'arrivée de l'espoir colombien Tressor Moreno pour retrouver des couleurs. Joël Muller n'aura que trop peu l'occasion de domestiquer le talent brut du Sud-Américain. Il est limogé à l'intersaison après de longues années au service du FC Metz. Albert Cartier, son adjoint, reprend les rennes de l'équipe. Grâce notamment aux prouesses exceptionnelles de Faryd Mondragon dans les buts, il parvient à maintenir le club parmi l'élite.
Pourtant, ce n'est que retarder l'échéance. L'année suivante, le club conserve sa confiance en l'équipe en place, cette dernière ayant réalisé une deuxième partie de saison plus que satisfaisante (4ème sur les matches retour). Malheureusement, la formation messine, l'effet de surprise et Faryd Mondragon en moins, ne parvient pas à confirmer les promesses entrevues quelques mois auparavant. Du coup, après une élimination catastrophique de la Coupe de France à Libourne (CFA2) au moins de janvier, Carlo Molinari actionne à nouveau le siège éjectable. Dirigée par Gilbert Gress, l'équipe retrouve un style de jeu pimpant et spectaculaire mais perd de sa solidité défensive. Metz ne tirera pas non plus profit de ses nombreux matches en retard (5) dus aux conditions climatiques difficiles en hiver. Le couperet tombe le soir de l'ultime journée de championnat. Metz concède le nul face à Lorient dans un stade Saint-Symphorien comble mais finalement médusé. Après trente-cinq saisons passées au plus haut niveau, Metz retrouve la seconde division. Sans l'assurance de pouvoir s'en relever...
Des lendemains qui déchantent
A l'entame de la nouvelle saison, Le FC Metz ne parvient pas à garder ses meilleurs éléments. Même si Joël Muller reste, Robert Pirès, leader du groupe et figure emblématique de la formation lorraine, décide finalement de partir à l'Olympique de Marseille. Courtisé par plusieurs grands clubs, notamment la Juventus de Turin, mais surtout Arsenal, Monaco, le PSG et l'OM, Pirès est séduit par les perspectives ambitieuses que lui proposent les dirigeants olympiens. Il annonce son départ le 22 mai, peu avant la Coupe du monde à laquelle il participe avec l'équipe de France. Le FC Metz, qui a cru, un moment, pouvoir conserver Pirès, reçoit environ 50 MF de la part de l'OM, ce transfert, reste à ce jour , le plus gros transfert de l'histoire du club. Jocelyn Blanchard, lui, est transféré à la Juventus Turin, Rigobert Song à Salernitana (Italie), Cyril Serredszum, après plus de dix ans au club, part pour Montpellier. Ces départs sont compensés par l'engagement de plusieurs joueurs. Ludovic Asuar arrive de Marseille, Franck Rizetto de Montpellier, Sébastien Schemmel de Nancy et David Régis de Karlsruhe.
Mais ces recrues malgré les qualités de certains, ne pallient pas la perte de Pirès et consorts. Carlo Molinari et son staff, vivement critiqués, (comme le Président Herlory à son époque) se défendent en indiquant qu'ils ont réinvesti une partie de l'argent des transferts pour améliorer les infrastructures du club et en assurer la pérennité. Le club a en effet consenti de lourds investissements dans l'achat d'un nouveau siège (inauguré en janvier 2000), de 12 hectares de nouveaux terrains ainsi que dans la réfection des vestiaires.
Comment aurait-il pu se douter qu'à l'orée de la saison 1998-99, l'équipe allait être cruellement affaiblie par les blessures de plusieurs de ses éléments clés ? C'est donc une équipe convalescente qui s'incline à la surprise générale, en tour préliminaire de la Ligue des Champions, contre les amateurs finlandais du HJK Helsinki sans parvenir à combler à Saint-Symphorien le handicap d'un but concédé à l'aller (0-1, 1-1).
Lens, bête noire des Grenats
Le FC Metz intègre malgré tout la Coupe de l'UEFA et y affronte l'Etoile Rouge de Belgrade. Les messins tombent avec les honneurs en s'inclinant aux tirs aux buts à domicile (2-1 / 2-1 et 3 tab à 4), dans un match qui sent la poudre, en raison du conflit yougoslave. Les supporters serbes fanatisés commettent de nombreuses exactions mais leur équipe repart vainqueur. Que ce serait-il passé si Metz s'était imposé ?
Malmenés en Championnat, les joueurs retrouvent l'abnégation, la hargne et la rage de vaincre si chères au club. Diminués par la malchance (Michele Padovano - ancien pensionnaire de la " Juve " et champion d'Europe enrôlé comme joker en cours de saison - se blesse gravement et se rompt le ligament croisé antérieur la veille de la signature de son contrat ; contrat honoré comme il se doit par le Président Molinari), " abandonnés " par Vladan Lukic en cours de saison en raison de la guerre en ex-Yougoslavie, les Grenats sont finalement récompensés de leurs efforts, et après avoir été un temps menacés par la rélégation, finissent 10èmes d'un Championnat très relevé qui voit le couronnement des Girondins de Bordeaux sacrés à l'ultime minute devant l'Olympique de Marseille.
En Coupe de la Ligue, le FC Metz rencontre le 18 avril 1999 à Saint-Symphorien le Montpellier Hérault Sporting Cub de " Loulou " Nicollin ; dans cette demi-finale époustouflante et riche en rebondissements Nenad Jestrovic inscrit trois buts (victoire 4 à 3). Les grenats découvrent le désormais mythique Stade de France, le 8 mai 1999, contre le RC Lens en finale de la Coupe de la Ligue. Malheureusement la bande à Kastendeuch, décidemment malchanceuse à l'image de Philippe Gaillot qui se blesse lors de l'ultime séance d'entraînement, s'incline 1 but à 0 (Moreira 65ème).
Une année magique
Mais s'il y a une saison qui restera à jamais gravée dans la mémoire collective lorraine, c'est 1997-98. Elle aurait pu définitivement consacrer le club et lui permettre d'inscrire son nom en lettres d'or au palmarès des grands clubs français. En effet, le FC Metz passe tout près du titre de champion de France. Le club doit se contenter d'une place de dauphin (à la différence de buts) qui va s'avérer délicate à gérer, après de multiples rebondissements et un final dramatique. En tout début de saison, Joël Muller affiche ses prétentions et entend bien figurer en Championnat. Le recrutement est ciblé et efficace, avec notamment les arrivées de l'international belge Danny Boffin , de Frédéric Meyrieu et de Vladan Lukic.
Danny Boffin surnommé " Danny la mobylette ", " l'homme aux trois poumons " ou encore " Speedy Gonzalez " en référence au célèbre dessin animé des années 70, enchantera Saint Symphorien de nombreuses années avec ses courses fantastiques et ses relais incessants. Vladan Lukic, l'attaquant serbe, est passé par l'Atletico Madrid, Marbella avant de rejoindre Sion. Frédéric Meyrieu, originaire de La Seyne-sur-Mer (83) meneur de jeu et numéro 10 de génie pour les uns, enfant terrible du football français pour les autres l'avait rejoint après un différent avec le Président du RC Lens, Gervais Martel. Meyrieu et Lukic y ont été " débusqués " par Bernard Zénier, et quittent donc la Suisse où ils viennent de réaliser un doublé Coupe-Championnat. Le FC Metz enflamme l'été mosellan et effectue un début tonitruant avec une série de neuf matches sans défaites dont deux très remarqués, le 22 août 1997 face au PSG (2-1) avec des buts de Bruno Rodriguez et Robert Pirès, puis le 29 août à Monaco (2-1) grâce à Vladan Lukic et Robert Pirès.
Après un mois d'octobre noir ponctué par une défaite à Strasbourg (0-2), une autre à Marseille (0-2) et une dernière à domicile contre Montpellier (0-1), une élimination au premier tour en Coupe de l'UEFA contre le club allemand de Karlsruhe SC, le FC Metz se reprend et entame une nouvelle série d'invincibilité, qui permet au club d'être champion d'automne et leader à la trêve, et se poursuit jusqu'au 2 janvier 1998. Après dix journées sans défaites, Metz s'incline à domicile devant Bastia (0-1). La France du football se délecte par avance du duel entre Metz et Marseille. Les messins s'imposent à Saint Symphorien (3-2) le 6 mars, lors de la 28ème journée du Championnat. Bruno Rodriguez réussit un doublé et Rigobert Song, le défenseur de choc, touché par la grâce, inscrit un but venu d'ailleurs en s'enfonçant sur le côté gauche et en réalisant deux contrôles de volée impensables.
Lens meilleur dans le sprint final
A ce moment là tout sourit aux messins et le titre leur paraît promis.Mais c'est sans compter sur la menace lensoise. Les Nordistes obtiennent un succès mérité à Saint Symphorien le 29 mars. A la 23ème minute, Stéphane Ziani mène une contre-attaque tranchante et sert Vladimir Smicer qui centre pour Anton Drobnjak, lequel marque d'une tête plongeante. 1-0 pour Lens. Cinq minutes plus tard, Smicer frappe, Lionel Létizi repousse le ballon mais Drobnjak, opportuniste, reprend et donne deux buts d'avance à Lens, alors que le stade Saint-Symphorien est plongé dans un silence de cathédrale. Le FC Metz est orphelin de son meneur de jeu, Frédéric Meyrieu, primitivement suspendu pour ce match puis blanchi par la commission de discipline, mais absent suite aux menaces du président lensois Gervais Martel de déposer réclamation en cas de titularisation de son ancien joueur...
C'est le tournant de ce championnat : Le RC Lens prend alors la tête, qu'il n'a plus occupée depuis la 1ère journée et s'assure une sérieuse option pour le titre, à quatre journée de la fin. Lens ne perdra plus et sera sacré champion, le samedi 9 mai, en réussissant un nul chanceux à Auxerre (1-1) lors de la dernière journée. Les grenats relèvent pourtant un challenge jugé impossible et remportent tous leurs derniers matchs. Le 9 mai 1998, devant 17952 spectateurs, Le FCMetz reçoit l'Olympique Lyonnais et ouvre le score par Bruno Rodriguez (4ème). Frédéric Meyrieu tire un coup-franc de la gauche, alerte Jocelyn Blanchard côté droit. Celui-ci centre devant le but et Uras dégage comme il peut le ballon d'une tête plongeante. Rodriguez marque alors d'une reprise de volée qui ne laisse aucune chance à Grégory Coupet.
Metz préserve son avantage, s'impose 1-0, mais n'est plus maître de son destin. Les supporters exultent et chantent " On est les Champions ". Cette ambiance de folie vivra une heure, le temps pour le RC Lens de partager les points avec l'AJ Auxerre dont le gardien s'est rapidement blessé, ce qui lui suffit pour être sacré champion de France. Metz, à égalité de points avec son adversaire nordiste, est battu à la différence de buts (+25 pour Lens, +20 pour les Messins). Le titre s'envole. Pourtant les joueurs sont ovationnés par leur public, la foule massée Place d'Armes, acclame ses héros venus en camion plate-forme depuis le stade, avec au volant le Président Molinari en personne... La fête a un goût étrange, certains hésitent entre rire et larmes, mais tous ont le sentiment d'avoir vécu quelque chose d'inoubliable...Une telle marée humaine, qui ne s'était pas vue à Metz depuis la Libération, se reproduira quelques mois plus tard, avec la superbe victoire des Bleus en Coupe du Monde.
Concentré sur le Championnat, le FC Metz est éliminé lors des huitièmes de finale de la Coupe de France par le petit club amateur de CFA2 de Bourg-Péronas (0-2). Les Grenats parviennent également en quarts de finale de la Coupe de la Ligue, où ils s'inclinent face au PSG (0-1), futur vainqueur de la compétition. Tout Metz est fier de la saison de la " bande à Pirès ", même si elle n 'est ponctuée par aucun titre. Le club vient d'enregistrer sa meilleure performance en Championnat depuis sa création et cette deuxième place lui donne droit de participer au tour préliminaire de la prestigieuse Ligue des champions.
L'avènement d'une génération
Les années 1990 marquent le début de l'ère Joël Muller. Né le 2 janvier 1952 à Donchery dans les Ardennes, cet ancien joueur de Metz, Lyon, Nice et Dunkerque, a traversé la France avant de revenir poser ses valises au FC Metz, tout d'abord en tant que responsable du centre de formation, puis en tant qu'entraîneur. Fin tacticien, habile pédagogue, il prône des valeurs chères au club lorrain. Fidélité, rigueur, réalisme et combativité sur le terrain sont les maîtres-mots de sa conception du football. Perfectionniste, Joël Muller aime construire sur le long terme, insuffler ses valeurs aux jeunes du centre de formation afin ensuite de récolter les fruits de ce labeur collectif. Soucieux du moindre détail, exigeant envers les hommes comme envers lui-même, il est reconnu par ses pairs comme l'un des meilleurs entraîneurs de sa génération.
Ses quatre premières années à la tête du FC Metz ne sont pourtant pas flamboyantes. 12ème lors de la saison 1990-91, Metz effectue un bon parcours à domicile, ne subissant que deux défaites. Mais il ne décroche que quatre victoires en déplacement, malgré le présence d'Aloïcha Asanovic, le redoutable et fantasque meneur de jeu yougoslave, qui termine au 6ème rang des buteurs avec 13 réalisations à son actif. La saison suivante voit l'éclosion d'un attaquant opportuniste, adroit et puissant, François Calderaro, qui inscrit 19 buts et se hisse à la 2ème place du classement des buteurs. Il rejoindra ensuite le PSG d'Artur Jorge, mais n'aura que très peu d'occasions de s'y exprimer. Metz s'abonne à la 12ème place du Championnat, à laquelle l'équipe accède au terme des saisons 1991-92, 1992-93, et 1993-94, avec une différence de buts pratiquement identique à celles des saisons précédentes.
Il faut attendre 1994-95 pour que l'équipe messine prenne réellement son envol. Metz termine le Championnat à la 8ème place mais accède aux demi-finales de la Coupe de France. Après avoir battu Montpellier (2-1) lors des huitièmes de finale et Mulhouse (D2) lors des quarts de finale (2-0), l'équipe s'incline de justesse, sans avoir démérité, face au Racing Club de Strasbourg (0-1). Dès lors, les bons résultats vont s'enchaîner : Le FC Metz se classe 4ème à l'issue de la saison 1995-96, à 3 points du PSG, deuxième, et à 7 points du champion , l' AJ Auxerre qui réalise cette année là un beau doublé Coupe - Championnat.
Les 'PP flingueurs' et la Coupe de la Ligue
L'équipe est solide et ne subit que 4 défaites à l'extérieur. En plus de cette honorable 4ème place, le FC Metz de Robert Pirès, Jocelyn Blanchard, Sylvain Kastendeuch et Patrick M'Boma, remporte sa seconde coupe de la Ligue. Après avoir écarté Lille et Niort (D2) sur le score de 2-0, Metz s'impose contre Guingamp (2-1) lors des demi-finales et affronte Lyon en finale, le 6 avril 1996 au Parc des Princes. Avec Pascal Olmeta dans les buts et Florian Maurice aux avants-postes, l'Olympique Lyonnais est donné favori. Paralysés par l'enjeu Metz et Lyon ne se libèrent pas et se livrent un duel sans saveur, même s'il n'est pas dépourvu de suspense. Les tirs au but départagent les deux finalistes. Les hommes de Joël Muller réussissent à transformer leurs tentatives. Le Lyonnais Marcello rate la sienne. 5-4 pour Metz, qui enrichit ainsi son palmarès.
La saison 1996-97 est celle des révélations ou de confirmation de valeurs montantes, à l'image de Robert Pirès, qui inscrit 11 buts, ou de Cyrille Pouget : les "P.P" flingueurs s'en donnent à coeur joie. Le FC Metz n'a jamais été aussi confiant, et la victoire obtenue à Marseille (2-1) au cours de la 3ème journée du Championnat est là pour le démontrer. Traoré et le météorite Bombarda offrent ce soir là 3 points à Metz. Le club termine à la 5ème place au classement, à une longueur du 4ème, Bordeaux, et deux du 3ème, Nantes. Réguliers et sans complexes lors des rendez-vous nationaux, sacrés régulièrement meilleure défense du Championnat, les hommes de Joël Muller sont cependant encore trop tendres lors des joutes européennes.
Ils tombent avec les honneurs en huitième de finale de la Coupe UEFA contre les Anglais de Newcastle United (1-1, O-2), au sein duquel évolue David Ginola et le colombien Asprilla. Le FC Metz peut toutefois s'enorgueillir d'avoir sorti le FC Tirol Innsbrück au premier tour (0-0, 1-0) grâce à un but du défenseur camerounais Rigobert Song, puis le Sporting Club du Portugal (2-0, 1-2) grâce à des buts de Amara Traoré, Didier Lang à l'aller et de Frédéric Arpinon au retour.
La deuxième Coupe de France
Lors de la saison 1987-88, le FC Metz décroche une honorable 8è place, à une longueur de Toulon, de Marseille et du Matra Racing. Mais surtout le club remporte pour la deuxième fois la Coupe de France, ce qui déclenche une vague d'enthousiasme impressionnante en Lorraine. Après s'être défait de trois clubs de D2, Mulhouse (1-0, 2-0) au premier tour, Quimper (0-1, 5-0) en quart de final et Reims en demi-finale (4-0, 1-3), le FC Metz affronte en finale Sochaux, vainqueur du groupe A de D2 avec seulement 2 défaites en 34 rencontres et 97 buts marqués au cours de la saison. Metz se méfie donc de ce 11 juin 1988 au Parc des Princes. Devant 44 531 spectateurs en fête, Stéphane Paille ouvre le score pour Sochaux (36ème) avant qu'Eric Black, le gentleman écossais n'égalise (45è). La seconde mi-temps ne permet pas aux deux adversaires de se départager. Ni la prolongation, qui laisse le tableau d'affichage bloqué à 1-1. M. Bouillet donne le coup de sifflet final, prélude à la terrible séance de tirs aux buts. Après les tentatives réussies de Bernard Zénier, qui débute pour le FC Metz, Hadzibégic, Philippe Hinschberger, Sauzée, Jean-Louis Zanon, Paille, Christian Bracconi et Rousset, Metz et Sochaux sont à égalité parfaite, 4 tirs au but à 4. Sylvain Kastendeuch, qui deviendra l'une des figures emblématiques du FC Metz, s'élance et bat Rousset, le gardien sochalien. Madar, lui, échoue. Metz l'emporte 5 tirs au but à 4, empoche la Coupe de France et se qualifie pour la Coupe des Coupes.
Metz affronte, dès le premier tour, l'équipe belge d'Anderlecht qui figure parmi les grands d'Europe. Les Messins ne font pas le poids et quittent la Coupe d'Europe prématurément (1-3, 0-2). Un résultat décevant, à l'image de leur performance en Championnat : 15ème à 26 points du champion, Marseille. Au terme de la saison 1988-89, Marcel Husson tire sa révérence. Le belge Henri Depireux prend le contrôle de l'équipe au début de la saison 89-90, mais les résultats ne sont pas à la hauteur des souhaits de Carlo Molinari. Il est vite remplacé par Joël Muller, responsable jusque là du centre de formation. Les messins terminent 14èmes du Championnat, avec seulement 4 points d'avance sur le Racing Paris 1, premier relégable.
La première Coupe de France
Entre 77 et 1984, les résultats sont en dents de scie. 12ème à l'issue de la saison 1977/1978, 5ème lors de la saison suivante au cours de laquelle le " goaleador " Nico Braun inscrit 12 buts, le FC Metz frôle la relégation lors de la saison 1979/1980 en finissant 17ème. Sauvé à l'ultime journée contre le PSG par l'enfant de Talange, Patrick Battiston, auteur des deux buts synonyme du maintien, le FC Metz poursuit ce parcours irrégulier au début des années 1980. Orphelin d'André Rey en partance pour l'OGC Nice, et de Patrick Battiston parti sous les cieux bordelais, le FC Metz dirigé par le polonais Henryk Kasperczak, s'appuie sur les " jeunes pousses " que sont Marco Morgante, Jean-Philippe Rohr, Carmelo Michiche, Luc Sonor, Vincent Bracigliano ou Philippe Hinschberger, encadrés par Philippe Piette, Branco Tucak ou Philippe Mahut. 9ème en 80/81 et de nouveau 17ème en 81/82 en raison de graves problèmes offensifs. Les artilleurs de Metz, tant redoutés, son étrangement muets.
Lors de cette saison 1981-82, l'attaque messine inscrit 35 buts. 39 de moins que l'AS Saint-Etienne, le dauphin et 35 de moins que l' AS Monaco, le champion. Il faudra attendre l'arrivée du marocain Merry Krimau à la pointe de l'attaque, lors de la saison 1982-83, pour que le FC Metz retrouve le potentiel offensif qui a fait son succès au milieu des années 1970. Krimau l'intenable félin, marque à 23 reprises et termine 3ème meilleur buteur du Championnat. Le FC Metz ne réussit cependant pas à se détacher du milieu de tableau, et hérite de la 9ème place. Sur le plan extra-sportif, le club est menacé de dépôt de bilan durant l'été 1983. La municipalité de Metz appuye le retour de Carlo Molinari aux affaires ; ce dernier impose un retour à une gestion plus sage et un changement radical de structures. Grâce à son dynamisme, la confiance de la ville de Metz et l'appui de son comité, Carlo Molinari réussit progressivement à assainir les finances du club.
Le 11 mai 1984 est désormais une date historique pour le FC Metz puisqu'elle est synonyme de son premier titre majeur. Après s'être débarrassé successivement de Calais, du petit poucet Castets-en-Dorthe, de Besançon, de Laval et du FC Nantes, les messins " montent " à Paris, portés par toute une région victime de multiples plans sociaux dans l'industrie sidérurgique. Etrange signe du destin, le FC Metz, affronte un club " princier " l'AS Monaco, variation moderne sur le thème de David et Goliath. L'AS Monaco, qui a déjà disputé quatre finales de Coupe de France et en a remporté trois, est favori. Les programmes TV de l'époque (et imprimés la semaine précédente) titrent même Finale : AS Monaco - FC Nantes, tant la participation de Metz à cette Finale relève de l'incongru aux yeux des médias parisiens. Les lauriers sont coupés d'avance mais les messins prennent une revanche éclatante sur ces jugements à l'emporte pièce. Au Parc des Princes, entièrement acquis à la cause du " petit poucet", et au sein duquel on prit place 20 000 lorrains " montés " à Paris par trains, bus spéciaux ou voitures particulières, Monaco et Metz hésitent à se livrer, ne prennent pas de risques.
Il faut attendre la prolongation pour que les joueurs messins se libèrent. KO debout sur un direct de Philippe Hinschberger (102ème), Monaco s'effondre sur un uppercut de Toni Kurbos (108è) au terme d'une prolongation historique. Metz remporte son premier titre et se voit projeté en Coupe des coupes. Les Ettore, Bracigliano, Colombo, Zappia, Barraja, Thys (le pauvre " Billy " est sorti sur civière), Sonor, Hinschberger, Pécout, Kurbos, Rohr et Bernad entrent ce jour de manière éclatante dans la légende du club. A l'issue de cet exploit, Henryk Kasperczak quitte le club comme il l'avait annoncé plusieurs semaines auparavant et est remplacé par Marcel Husson.
L'exploit de Barcelone
Metz part en croisade européenne lors de la saison 1984-85. Dès le premier tour, les Messins créent l'exploit, face au FC Barcelone de Bernd Schuster, le fantasque meneur de jeu allemand. A l'aller, les Messins ont l'intention de se surpasser devant leur public. Un premier but de Luc Sonor contre son camp anesthésie les supporters messins, mais Toni Kurbos réchauffe l'ambiance en égalisant une minute avant la fin de la première mi-temps. Malheureusement, dès la reprise, les Messins s'effondrent. Ils encaissent trois buts en vingt minutes. Schuster (47ème ), Calderer (53ème ) puis Carrasco (64ème) portent le score à 4-1 en faveur de la formation catalane. Les Lorrains sont dépassés, décontenancés par la rapidité et la technique des attaquants du Barça. Un pénalty accordé à Metz et transformé par Jean-Philippe Rohr (85ème) permet de réduire la marque à 2-4.
Les Messins entrevoient déjà une élimination prématurée, à l'image de leurs expériences passées en Coupe d'Europe. Les Barcelonais, eux, s'estiment qualifiés. L'excès de confiance les guette. Aucune couverture nationale n'est prévue, que ce soit à la TV ou par radio. Les supporters grenats les plus chanceux en sont quitte pour suivre la rencontre sur la bande FM. Le FC Metz est trop largement sous-estimé par les Espagnols. Au retour, dans un Camp Nou désert aux deux tiers, Barcelone ouvre le score grâce à Carrasco (33ème). Désormais, Metz doit marquer quatre fois pour se qualifier, ce qui parait absolument impossible. Mais rien ne peut arrêter le FC Metz en cet extraordinaire 10 octobre 1984. Toni Kurbos se déchaîne et égalise à la 38ème minute. Plus que trois buts à inscrire...Une minute pus tard, une erreur défensive de Sanchez, qui marque contre son camp, donne l'avantage à Metz sur le terrain du Barça. Plus que deux buts. C'est la mi-temps. Le festival Toni Kurbos débute. Le feu follet marque à la 55ème minute, ce qui fait douter Barcelone, mené 1-3. Plus qu'un but. Il survient à la 85ème minute et est signé...Kurbos, alors que les 24 000 " socios " ont déjà déserté le stade. Metz mène 4-1 et se qualifie! Les Espagnols n'ont plus les moyens physiques ni la force mentale nécessaires pour réagir.Le club lorrain est propulsé au deuxième tour de la Coupe des coupes pour la première fois de son histoire. L' exploit retentissant fait le tour de l'Europe mais reste sans lendemain. Etouffés par les attaquants du Dinamo de Dresde (RDA), les coéquipiers de Toni Kurbos, remplacé par Carmelo Micciche à la 89ème minute, s'inclinent 1-3 à l'extérieur. Leur seul but est l'oeuvre de l'Allemand Trautmann contre son camp. Au stade Saint-Symphorien, plein comme un oeuf, sur une pelouse grasse et la pluie, Dresde tisse sa toile et oppose un solide rideau défensif à l'enthousiasme messin. Metz concède le match nul (0-0) et est éliminé tristement de la Coupe d'Europe. Mais son prodigieux exploit à Barcelone est déjà ancré dans l'histoire du football français.
Les artilleurs de Metz
Le remplacement, pour 1972-1973, de Jacques Favre et de Georges Zvunka, par René Vernier n'apporte pratiquement aucun changement sensible, puisqu'à l'issue de la saison, le club à la Croix de Lorraine finit 15ème sur 20. La saison suivante, en 1973-1974, les grenats décrochent une assez honorable 11ème place en milieu de tableau, mais on retiendra surtout la performance du buteur et international luxembourgeois " Nico " Braun qui termine la saison sur les talons de l'Argentin de Reims, Carlos Bianchi et de l'angevin Marc Berdoll. En 1974-1975 les messins connaissent un début de saison catastrophique.
L'entraîneur René Vernier tombe malade et Georges Huart, prévu pour prendre en mains l'équipe " amateurs ", lui succède. Et c'est la fabuleuse remontée au classement amorcée par une victoire (1-0) sur l'Olympique de Marseille qui se poursuit, après la défaite à Lens (3-1) par une impressionnante série de 14 matches en championnat et 6 matches en Coupe de France sans aucune défaite. Claude Hausknecht, un des meilleurs techniciens français, André Betta, André Coustillet, " Ferdy " Jeitz, Daniel Jenny, un pur produit du club, Jacky Pérignon ou Michel Baulier, s'entendent comme larrons en foire tandis que les " cages ", sont gardées par le " grand " André Rey, reconnu comme l'un des meilleurs gardiens de but français des années 70. Pendant ce temps-là, deux maîtres canonniers sont sur le front de l'attaque : l'Argentin Hugo Curioni, auteur de 19 buts, un fauve aux " coups de patte " meurtrières et le " taureau " luxembourgeois Nico Braun " La Foudre ". Nico Braun au cours de sa carrière sous le maillot à la Croix de Lorraine marquera 96 buts, le record tient toujours ! La saison 1974-1975 est également mise à profit pour engager une politique de formation de jeunes dont la classe s'épanouit rapidement : les Joël Muller, Joël Delpierre, Patrick Battiston (neveu de " Keko " Battiston), Jean Philippe Dehon, et Bernard Zénier, (dont le père Serge a également évolué au sein de la formation messine vingt ans auparavant), auxquels il convient d'ajouter le gardien Michel Ettore. Sous la houlette de l'entraîneur Georges Huart, sacré meilleur entraîneur de France pour l'année 1975, les grenats décrochent une honorable 8e place après la série de victoires probantes et s'inclinent en ¼ de finale de la Coupe de France (échec de justesse contre le RC Lens, 3-4 puis 1-3).
Le 29 mai 1976, le club messin tombe les armes à la main, en ½ finale de la Coupe de France contre Lyon à Strasbourg (2-0). Le FC Metz, ayant surmonté ses déconvenues de Coupe termine le championnat 1975-1976 en boulet de canon. Il s'en faut de très peu, en effet, qu'il n'accroche, in extremis, une place de 3ème ou de 4ème ; quoi qu'il en soit, les hommes de Georges Huart terminent à une très honorable 5ème place ex-aequo avec le Stade de Reims et manquent de peu une place qualificative en Coupe de l'UEFA.
Les Lorrains enlèvent le challenge de la meilleure attaque devant Saint-Etienne et Reims avec 72 buts marqués à l'adversaire, et Hugo Curoni, pour sa part, se classe bon 3ème meilleur buteur du championnat de France, totalisant 25 buts à lui seul, tandis que Nico Braun en a réussi 16 (9e au classement final des buteurs). Ce n'est pas tout, car l'équipe à la Croix de Lorraine a également marqué 13 buts en Coupe de France et la " bagatelle " de 57 buts en matches amicaux, soit pour l'ensemble de la saison - championnat inclus, bien sûr - le chiffre impressionnant de 142 buts. Un chiffre traduisant avec éloquence les vertus offensives, la passion de l'attaque du FC Metz. La même année, le club remporte le challenge Ackermann qui récompense l'équipe ayant disputé le plus grand nombre de matches sans défaite. La saison suivante, en 1976-1977, le tandem Braun - Curioni inscrit 45 buts, et Nico Braun finit 3ème du classement des buteurs. Metz s'empare de la 8ème place au classement général, et compte en son sein des jeunes pétris de classe comme Pascal Raspollini ou José Souto.
L'arrivée de Carlo Molinari
Une nouvelle ère commence avec l'arrivée de Charles MOLINARI. Cette ère dure depuis maintenant près de 34 ans avec une courte interruption de 1978 à 1983. A l'instar de ses devanciers, l'actuel président du FC Metz se donne entièrement aux causes qu'il défend : faire triompher le beau jeu et le fair-play, promouvoir l'image du club à la Croix de Lorraine, respecter le fidèle public de Saint-Symphorien. Sous la férule de " Carlo " - comme l'appellent ses intimes - et sous la direction du tandem Max Schirschin -René Fuchs, le FC Metz réalise une bonne saison 1967-1968, en se classant 5ème ex-aequo de la première division avec Valenciennes et en atteignant le stade des ¼ de finale de la Coupe de France, éliminé par Saint-Etienne, auteur cette année là d'un magnifique doublé. Quatre joueurs prennent une part prépondérante dans l'obtention de ce résultat flatteur : l'international Robert Szczepaniak, dit " Szep", le miraculé du football, qui a eu recourt à une ligamantoplastie (reconstruction de l'appareil ligamentaire) et dont les autres clubs français ne voulaient plus.
Le distributeur inspiré, le brillant régulateur que l'on croyait perdu à jamais pour le sport réalise des prodiges. Robert Szczepaniak sait utiliser au mieux les exceptionnelles qualités athlétiques et le jeu de tête du grand Johnny Léonard, l'avant-centre international luxembourgeois qui flambe à Metz durant deux saisons (1967-1968 : 16 buts, et 1968-1969 : 13 buts).Derrière, avec le nantais Gilbert Le Chenadec, un certain " Ferdy " Jeitz, international luxembourgeois comme Johnny Léonard, montre ses grandes qualités de libero. Cette place d'honneur en Championnat permet aux grenats de participer au premier tour de la Coupe Européenne des Villes de Foire, l'ancêtre de la Coupe de l'UEFA. Le résultat n'est guère probant, les lorrains, trop tendres, se font éliminer, dès le premier tour, par le SV Hambourg, emmené, il est vrai, par le terrible avant-centre international allemand Uwe Seeler, une véritable force de la nature. Les grenats s'inclinent 4 à 1 à domicile et 3-2 à Hambourg.
La saison suivante (1968-1969) se révéle encore plus brillante. Jacky Lemée, Jacky Pauvert, José Lopez arrivent en renfort, ainsi que l'ailier gauche international Gérard Hausser. Le milieu de terrain, quant à lui, se renforce également avec l'arrivée du " lutin " Richard Krawczyk, venu de Lens.
A Naples face à Dino Zoff
L' entraîneur Max Schirschin, auquel l'ancien et fidèle joueur du club René Fuchs a prêté main forte, est remplacé par une figure célèbre du monde du ballon rond : Pierre Flamion, dit la "Flamme", un coach plein d'humour, de gouaille et de connaissances techniques. Résultat de cette osmose : une magnifique 3ème place à l'issue de la saison 1968-1969 qui donne au FC Metz le droit de participer à sa deuxième campagne européenne.Le FC Metz met le cap au sud cette fois ci, puisqu'il affronte Naples au premier tour. A domicile, Szczepaniak entretient l'espoir en marquant le but égalisateur messin (67ème).
Au match retour, les messins font bonne figure puisqu'ils cèdent sur pénalty à dix minutes de la fin (2-1), et quittent la compétition la tête haute. Quant aux saisons 1969-1970 et 1970-1971, elles seront sanctionnées par un classement identique : 8ème sur 18. En Coupe de France 69-70, les messins atteignent les quarts de Finale contre l'AS Saint-Etienne (1-1 puis 0-5 lors du match rejoué), auteur d'un nouveau doublé Coupe-Championnat.
Rien que l'effort de recrutement se renouvelle chaque année, certains joueurs ne parviennent pas à justifier leur réputation. Accidents musculaires, méforme persistante...autant de raisons qui empêchent, par exemple, l'ex-international et avant-centre Guy Lassalette, et un autre grand avant et international danois, Tom Sondergaard (venu de l'Ajax Amsterdam) de donner leur pleine mesure. En revanche, les Albert Duchêne, le gardien Patrick Barth, Denis Bauda, Daniel Bourgeois, Jacky Pérignon, Victor Zvunka - qui ne tardera pas à rejoindre son frère Jules à Marseille - ne décevront pas. De même, la saison 1971-1972 à défaut de résultats réguliers, offre aux fidèles de Saint Symphorien, le spectacle d'une authentique vedette : Nestor Combin, acheté au Milan AC ! L'international Franco-argentin, avant-centre de tempérament, doté d'une frappe de mule et d'un sens instinctif du but, fait souvent chaviré de bonheur le public de Saint-Symphorien.
Il marque 16 buts au cours de la saison. Dans les buts, on retrouve cet autre international qu'est le brillant Johnny Schuth - dont le père Herbert Schuth avait gardé les filets du F.C. METZ en 1938 et dont le fils embrassera le même destin au début des années 90. L'équipe est trop irrégulière à l'extérieur et finit à la 14ème place du classement général à 23 points du Champion, l'Olympique de Marseille.
Les années de purgatoire
Tout est à reconstruire, François Remetter est transféré au FC Sochaux, mais le club a la chance de pouvoir compter sur de nombreux jeunes joueurs formés en son sein, tels " Dédé " Hess et sa crinière légendaire, Jean-Claude Kuhnapfel, Roland Steibel, l'inamovible René Fuchs, Serge Zénier (père de Bernard Zénier). Les cadres de l'équipe sont Alberto Corazza, l'élégant gardien, Antonio Acosta, l'avant-centre paraguayen à l'abondante moustache noire, Wladyslaw Grabkowiak, sans oublier, bien sûr, les Claude Dosdat et Henri Burda Le club à la Croix de Lorraine reste trois saisons durant au " purgatoire " de la Deuxième division avant de retrouver l'élite, (après deux saisons moyennes achevées à la 6ème place) grâce à une excellente 2ème place obtenue à l'issue de la saison 1960-1961, derrière la SO Montpellier qui ne l'emporte qu'au goal-average (un but d'écart seulement). L'équipe messine qui remonte cette année là en Première Division est entraînée par un personnage truculent, haut en couleurs : le hongrois Jules Nagy, dit " La Jules ". Un autre personnage, capable du meilleur comme du pire, marque les supporters de cette époque : Santiago, dit " Diego " Bessonnart. Doté d'une classe exceptionnelle, d'une virtuosité fabuleuse, cet international uruguayen sait absolument tout faire : jongler, distribuer et marquer. Parmi les joueurs on retiendra Marcel Husson, Roland Ehrhardt, les frères Jules et Georges Zvunka, Michel et Jean-Louis Heinrich, l'international France-Espoirs Jean-Paul Scheid et Jean Vagneur...
Malheureusement Diego Bessonnart ne reste pas au F.C. METZ - il y reviendra en 1963-1964 et la saison de retour en première division est immédiatement suivie d'une nouvelle descente aux " abîmes ". Comme un malheur n'arrive jamais seul, au cours de cette saison 1961-1962, le FC Metz inscrit sur ses tablettes la plus cuisante défaite des grenats en championnat : 11 - 2 face au Racing Club de Paris et perd un de ses plus fidèles serviteurs, Claude Dosdat (12 ans d'ancienneté), capitaine courageux du " onze " messin, contraint d'abandonner la pratique du football à cause d'une hernie discale. Seule note brillante de la saison 1961-1962 : un comportement satisfaisant en Coupe de France : une victoire en ¼ de finale remportée sur l'AS Monaco à la 91e minute, alors que l'on joue les arrêts de jeu. La rencontre se déroule à Bordeaux et le but est marqué par un autre " Grand Monsieur " du football : l'élégant international danois Jorn Soerensen qui évolue alors aux côtés des Pierre Tillon (un ancien du RC Paris), Ernst Stojaspal (international autrichien) et Stéphane Walczak. Les messins terminent la saison 62-63 9èmes de Division 2, puis 3èmes la saison suivante derrière Lille et Sochaux (Diego Bessonnart revenu au FC Metz après un séjour à Nîmes n'y est pas étranger) ; malheureusement c'est insuffisant pour retrouver l'élite car le FC Metz se classe 4ème et dernier en matchs de " barrage ". Le F.C. METZ piétine toujours et le fidèle public de Saint-Symphorien commence à désespérer.
La fin de l'ère Herlory et l'intérim de Paul Mayer
C'est dans ce contexte de morosité qu'intervient un événement de grande importance : le 15 juillet 1965, Raymond Herlory, après 33 années consacrées au club à la Croix de Lorraine, fatigué et quelque peu amer décide de passer le relais à Paul Mayer, en se contentant de la présidence d'honneur. Il conserve, bien sûr, ses fonctions au sein des instances nationales, mais le destin ne lui laisse guère de répit puisqu'en ce jour fatal de mars 1966, Raymond Herlory succombe à une crise cardiaque. Quelques heures auparavant, il s'est entretenu au téléphone de son cher vieux FC Metz avec Paul Mayer...
Tout un symbole... Un an plus tard, à l'issue de la saison 1966-1967, le FC Metz, se classe bon deuxième derrière Ajaccio et obtient ainsi son " ticket " pour ce que l'on appelle encore la " Division nationale ". L'entraîneur d'alors Max Schirschin et les joueurs : Jean-Marie Lawniczak, Jean Molla, Roger Helf, Georges Zvunka, Michel Heinrich, Auguste Kouadjo, Roger Niesser, Roland Massucci, Marcel Husson, Claude Hausknecht et Anton (Antoine) Rudinski, ont donné le meilleur d'eux-mêmes, mais cette accession le club la doit en grande partie au fidèle René Thil, compagnon de route de feu Raymond Herlory.
Depuis le début de la saison la lutte est chaude en tête entre Ajaccio, Bastia et Metz, mais à trois journées de la fin, les messins perdent à domicile un match décisif contre Chaumont, hypothéquant toute chance d'accession parmi l'élite. Les efforts de toute une saison allaient s'envoler, mais grâce à une parfaite connaissance des textes du règlement, René Thil offre à son club une victoire sur " tapis vert ". Il l'obtient en déposant, avant le match, des réserves quant à la qualification du gardien de but chaumontois, Christian Laudu dont la licence " amateur " a été enregistrée hors délai. Les efforts de toute une saison allaient s'envoler, mais grâce à une parfaite connaissance des textes du règlement, René Thil offre à son club une victoire sur " tapis vert ".D'abord débouté en première instance, le club messin, sur de son bon droit, tient jusqu'au bout et, en appel, devant les plus hautes instances du Groupement, fait triompher ses arguments.
Le président Paul Mayer, considérant avoir atteint ses objectifs - ramener les " Grenat et Blanc " parmi l'élite, sortir le club de l'indifférence populaire, revaloriser l'équipe - et en raison d'obligations familiales et professionnelles, remet, le 21 juin 1967, les destinées du club à la Croix de Lorraine entre les mains d'un industriel, jeune et dynamique, un passionné de sport en général et du football en particulier : Charles Molinari, originaire de Villerupt, ancien champion de France civil et militaire de moto-cross, un fonceur lucide et raisonné, un impulsif sachant se tempérer ; bref, un homme de parole, fidèle, attachant, trapu, solide et franc.
Les années 50
Après cette période difficile de reconstruction, l'espoir renaît peu à peu : Gaby Braun intègre l'équipe de France, et Ted Maghner mène l'équipe de main de maître, à tel point que la saison 46-47 se termine avec une belle 10ème place au classement. Parmi les messins de cette époque on retiendra l'anglais Asthley, Ignace - de retour à Metz -, " Keko " Battiston, Antoine Gorius, ou Gusti Kemp. Malheureusement Ted Maghner gravement malade quitte prématurément le club et regagne l'Angleterre où il s'éteint rapidement. Nicolas Hibst assure l'intérim quelques temps, puis " Lolo " Fosset " rempile " à la barre du vaisseau grenat. La saison 47/48 est marquée par l'éclosion d'Henri Baillot, l'arrivée en provenance de Piennes de Thadée Cisowski mais surtout par la disparition tragique de " Gusti " Kemp, tué en voiture près d'Hayange. Perte humaine et sportive dont l'équipe ne se remettra pas : malgré quelques épisodes glorieux comme une victoire à Paris face au Stade Français (6-2) ou les sélections en France A d'Henri Baillot, le couperet ne passe pas loin : le club à la Croix de Lorraine termine 16ème sur 18.
Le seul fait d'armes à porter au crédit du FC Metz au cours de la saison 1948-1949 est un échec honorable en demi-finale de la Coupe de France contre le RC Paris qui dut s'y reprendre à deux fois pour éliminer les valeureux messins qui avaient arraché le match nul (2-2) à Colombes le 10 avril 1949 avant de s'incliner par 2-0 sur le même terrain 10 jours plus tard. A cette occasion, Ignace, le capitaine du onze lorrain, dispute sa onzième demi-finale de sa carrière de footballeur. Henri Baillot auteur de matches admirables, consacré international A, vaut alors 6 millions d'anciens francs. Or, il a été acheté trois ans avant pour une somme 200 fois inférieure ! Raymond Herlory commence, évidemment, à susciter jalousie et commentaires... On lui envie son flair de maquignon et on essaie de lui donner l'image d' un " Oncle Picsou" quand il s'efforce seulement de gérer l'affaire la plus compliquée qui soit : un club professionnel de football. Arrive la saison 1949-1950, celle de la déchéance.
Rien ne va plus. Le FC Metz finit bel et bien 18e et descend en Deuxième division, malgré la présence, dans ses rangs, de l'inter danois Hansen et de l'ailier sarrois Follmann. Le président Herlory prend simultanément la décision d'engager un nouvel entraîneur : Emile Veinante, un " vieux " messin et ancien du CAM ; et de vendre Henri Baillot afin d'assainir les finances. " Laï " sera donc transféré aux Girondins de Bordeaux moyennant 5 millions d'anciens francs, plus un joueur, l'international luxembourgeois Camille Libar, un inter de qualité.
Les débuts de Cisowski, un grand nom du football français
Dans le même temps, le FC Metz recrute un jeune gardien au talent prometteur : François, dit " Frantzel " Remetter, international France Amateur, militaire et futur international France A ET B (26 sélections). Venu du Thillot (88), " l'homme à la casquette " justifie très rapidement la confiance placée en lui, puisqu'à l'issue de la saison 1950-1951, après un an de pénitence, le club remonte en Division 1, grâce à une excellente place de second, à 4 points de Lyon. En Coupe de France, cette année-là, le FC Metz réussit l'exploit de battre, en 32e de finale, le grand Stade de Reims, par 3-1 à Lille. Le onze rémois, détenteur de la Coupe, équipe-phare de la division supérieure, défait par un représentant de la seconde division... un véritable camouflet. Précision révélatrice : le meilleur buteur de deuxième division - auteur de 25 buts - est messin, il a 23 ans et s'appelle Thadée Cisowski. " Mimile " Veinante - l'homme aux 27 sélections - est parvenu à ses fins : l'équipe est remontée pour rejoindre l'élite du football français.
Malgré cette réussite incontestable, Raymond Herlory se sépare de son entraîneur. Le successeur désigné de Veinante est Elie Rous, ex-coach de l'OGC Nice. L'entraîneur le plus intellectuel de France. Mais sa culture va de pair avec un sens aigu de la psychologie, un charisme certain et une autorité naturelle, presque magnétique. Excellent pédagogue, aussi fin analyste qu'efficace meneur d'hommes, il est très rapidement surnommé le " sorcier " ou encore le " prophète ". Sous l'impulsion de son " sorcier ", la réussite ne tarde pas à sourire au FC Metz, qui après avoir longtemps caracolé en tête du championnat de France, termine la saison 1951-1952 à une très honorable 5e place à 8 points du champion, l'OGC Nice. Que ce serait-il passé si Thadée Cisowski, le buteur phénoménal, n'avait pas été blessé lors de son premier match en équipe de France A contre l'Autriche (2-2) le 1er novembre 1951, à Colombes...verdict : une double fracture du tibia...
Malheureusement pour tous les mordus du FC Metz, " CISO ", le gentleman des surfaces, est transféré à l'orée de la saison suivante pour le Racing Club de Paris. Transfert record pour l'époque : 12 millions d'anciens francs. Le FC Metz ne se remettra pas du départ de son glorieux meneur de jeu, la venue de l'Argentin Roberto Aballay, un artiste de grand talent, auparavant au FC Nancy, est insuffisante pour enrayer le déclin du FC Metz, qui, de 1953 à 1957, flirte régulièrement avec la descente en Deuxième division jusqu'à ce qu'il soit relégué à l'issue de la saison 1957-1958. Les résultats ne suivent plus, et la valse des entraîneurs ne peut rien pour enrayer la chute : Emile Rummelhard (3 saisons de 1953 à 1956), Jacques Favre (3 saisons de 1955 à 1958) puis Marcel Tomazover, Désiré Koranyi et Robert Lacoste (saison 1958-1959)...
La résurrection
Raymond Herlory de retour à Metz avec une poignée de fidèle, entreprend, dès la fin de 1944, de redonner au club son lustre d'antan. Tout est à reconstruire : il ne reste plus rien : ni ballons, ni chaussures, pas même un crampon ou un filet de but, le siège du club a été pillé, le stade Saint Symphorien a été inondé par l'armée allemande en déroute, les ponts du bras-mort et du canal ont sauté. C'est une tâche ahurissante, et beaucoup la décrivent comme insurmontable, d'autant plus que les joueurs sont dispersés au quatre coins du pays. Toute l'équipe emmenée par les fidèles Bep Bakhuys et Gaby Braun pour ne citer qu'eux, acceptent, tout comme Charles Fosset devenu entraîneur, de n'être payés qu'après l'encaissement des premières recettes. Mais tel un Phénix, le FC Metz renaît de ses cendres et reprend vie, certes avec moins de lustre que par le passé, mais avec un nouveau symbole frappé sur le coeur : la célèbre croix de Lorraine, symbole des Forces Françaises Libres, qui fait son apparition sur le maillot des " Grenat et Blanc "
En effet, le club messin est (et sera) le seul club français autorisé à la porter sur tous les terrains de l'Hexagone ! La saison 1944-1945, c'est à dire celle de décembre 44 à août 45, est consacrée à la reconstruction de l'équipe professionnelle du FC Metz et à l'organisation de matches amicaux de préparation qui opposent, entre autres, le FC Metz " ressuscité " à une sélection de l'armée française (le 19 mars 1945, victoire de Metz 3 à 0), au onze de France B à Paris ainsi qu'à différentes équipes françaises. La première rencontre officielle de reprise oppose le FC Metz à Blénod-lès-Pont-à-Mousson, le 7 janvier 1945, en 32èmes de finale de la Coupe de France (victoire de Blénod 5-2). Les quelques lignes qui suivent, publiées dans L'Est Républicain, traduisent l'émotion qui entoure l'événement. " Après une longue et pénible séparation, notre Moselle revient à nous, puisque le FC Metz foulera dimanche prochain la pelouse du stade des Fonderies.Rencontre symbolique, nous précise la Fédération. Oui, certes, mais pour nous Lorrains, c'est encore bien davantage. C'est le renouveau définitif de notre fraternité avec notre voisine et soeur, notre bonne ville de Metz, dont on a voulu en vain nous séparer."
Mesurant le dénuement total qui afflige son club, Raymond Herlory n'en perd pas sa confiance. "Comme vous pouvez le penser, déclare-t-il après ce match, les difficultés de mise en route sont nombreuses et certaines insurmontables pour le moment. J'ai foi dans l'avenir et dès maintenant je peux vous assurer que dans le prochain championnat de France, le F.C. Metz se trouvera à nouveau parmi l'élite du football français, et portera dans tous les coins de France l'insigne symbolique de la foi, notre belle Croix de Lorraine. Car, désormais, ce sera l'emblème du FC Metz" . Le Président Herlory et ses fidèles ont gagné leur pari, redonner vie au club messin. Le 10 mai 1945, Fierté et honneur sont retrouvés : le FC Metz remporte au stade de l'Huveaune à Marseille, et contre l'Olympique de Marseille la Coupe de la Libération - rebaptisée Coupe de la Victoire - en raison de la circonstance (heureuse coïncidence avec la Victoire du 8 mai 1945).
Debout de gauche à droite : HEMMEN, MARCHAL, BRAUN, FREY, GORIUS, BAKHUYS; Accroupis : STEINMETZ, MORI, CASSANI, PERRUCHOT et GASPARD.
Août 1945 : reprise du Championnat de France
La veille de la reprise du championnat de Division 1 et pour aider le Président Herlory a reconstituer son équipe, au sein de laquelle manque toujours Ignace, Jean Lauer et André Frey, la Fédération Française de Football prend trois décisions importantes : Premièrement, tout joueur sous contrat avec le FC Metz au moment de l'armistice de 1940 est obligatoirement requalifié avec son club d'origine, tout manquement à cette règle entraînant une disqualification du joueur concerné. André Frey, défenseur international à Toulouse pendant 4 ans, fait la sourde oreille et croise le fer avec le Président Herlory. Un accord est trouvé après de longues discussions dont la presse se fait l'écho : le Président Herlory lui rend sa liberté pour une saison.
La seconde mesure concerne l'admission d'office du FC Metz au sein du championnat de Division 1. Le FC Metz spolié par faits de guerre, ainsi que le RC Strasbourg, retrouvent enfin le championnat de France en première division pour la reprise officielle du 26/08/1945. Enfin, la FFF stipule également que ces deux clubs ne peuvent, en aucun cas, être frappés de relégation en Deuxième Division, quel que soit leur classement respectif à l'issue de la saison 1945-1946. Le championnat reprend et le FC Metz n'y brille guère, ceci malgré l'arrivée en provenance du FC Montigny d'Henri " Laï " Baillot ou de " Gusti " Kemp, véritable force de la nature aux cuisses énormes et au pied gauche meurtrier. Fait incroyable, " Gusti " chaussait du 35...
Malgré la qualité des hommes et leur courage, malgré la valse des entraîneurs - Charles Fosset, Bep Bakhuys, François Odry et enfin Ted Maghner le coach de 1938 - , le déclin est inéluctable, à tel point que le Président Herlory, excédé, est à deux doigts de démissionner en juin 46. Le FC Metz végète durant cette saison 1945-1946 en queue de peleton, mais les supporters ne sont pas trop inquiets : en vertu de la décision prise par la Fédération Française de Football, le FC Metz sauvera sa place en D1. Mais en fait, le suspense est entier : le Président Herlory, grand seigneur, a cédé quelques semaines auparavant son " privilège " au HAC, le Club du Havre, ville sinistrée à 100% lors de la campagne de Libération de 1944.Metz, Le Havre et Strasbourg parmi les quatre derniers et c'en est fait du FC Metz au sein de l'élite française. Metz termine finalement à la 17ème et avant-dernière place, mais sauve sa tête ; les Grenats en sont quitte pour une grande peur.
Saison sportive de guerre
Après avoir été amputé d'une partie de ses effectifs professionnels (Roger Flucklinger, Nicolas Hibst, Marcel Marchal...) qui ont été mobilisés en septembre 1939 sous le drapeau du célèbre 162ème RI de Metz, (champion de France militaire 1937-1938) pour être dirigés sur Laval; le FC Metz, reconstitué et renforcé, participe jusque Mai 1940 à une série de matchs amicaux disputés entre les meilleurs éléments régionaux des armées françaises et britanniques stationnées en Moselle. C'est ainsi que le club messin, qui joue tantôt sous la dénomination FC Metz renforcé, Entente du FC Metz, ou encore de sélection messine ou sélection française aligne différentes équipes au cours d'une saison dite "saison sportive de guerre".
L'affaire Backhuys
Le fabuleux Bep Bakhuys, surnommé l'homme aux grandes oreilles en raison de sa petite tête ornée de deux grandes oreilles, est aussi connu et admiré que le sera son compatriote Johan Cruyff 30 ans plus tard. Doté d'une frappe phénoménale, d'un sens du but, il peut frapper dans toutes les positions de 30 ou 40 mètres, marque ou fait marquer...Disqualifié par sa fédération pour "amateurisme marron", "Bep" est à la recherche d'une aventure à l'étranger. De nombreux clubs européens sont sur les rangs. Dès qu'il en est averti, Paul Thomas saute dans le premier train en partance pour les Pays-Bas et persuade le buteur hollandais d'embarquer avec femme et bagages pour METZ ! Au FC Metz personne n'est au courant, pas même le Président Herlory avertit par Paul Thomas par téléphone de leur arrivée. Le 3 septembre 1937, par le train de 6 heures, Bep Bakhuys pose le pied en gare de Metz et quelques heures plus tard est officiellement engagé par le club messin.
Hélas, un épisode surprenant pour l'époque vient troubler cette arrivée magistrale : quelques mois auparavant Bep a signé un contrat d'engagement - non légalisé - avec le Stade de Reims. Sanctionné par la FFF, Bep Bakhuys en est réduit à disputer avec la réserve "pro" du FC METZ une série de matchs amicaux contre des équipes françaises et étrangères. Cela lui permet de garder toute sa condition physique et d'entretenir sa technique, sa puissance de feu ainsi que sa légendaire vision du jeu. Jules Rimet, président de la FFF, qui donnera son nom à la Coupe du Monde, a tranché : Bep Bakhuys pourrait jouer dès le 1er janvier 1938 avec l'équipe première en championnat de Division 1, mais pas en Coupe de France.
Une finale 'volée'
Malheureusement Bep Bakhuys ne participe pas aux premiers moments de gloire d'un FC Metz conquérant, parti à l'assaut de la capitale pour une rencontre au sommet : la Finale de la Coupe de France 1938 ! Ils affrontent le 8 mai 1938 le grand Olympique de Marseille, déjà lauréat de 4 trophées. Coachés par l'anglais Ted Maghner, considéré à l'époque comme un des meilleurs entraîneurs du monde, les grenats ont accompli des exploits pour parvenir à l'ultime stade de la compétition. Après avoir battu Reims (5-0) en 1/16èmes de Finale, battu Roubaix en 1/8èmes (2-1), expédié Cannes (3-0) en quarts, et bataillé contre Fives (1-0 ap), les messins allaient affronter l'armada de l'OM menée par Aznar - Kohut.
Devant 30 000 spectateurs (dont 3000 Lorrains et le Président de la République Albert Lebrun, lorrain également), au Parc des Princes, se produit un événement sportif que seul le football est capable d'enfanter. Metz est frustré d'un pénalty flagrant (accordé puis refusé - suite aux pressions marseillaises - par l'arbitre alsacien M. Munsch), puis est affligé d'un but litigieux en prolongations, que Charles Fosset dans un sursaut farouche et désespéré, a cependant annulé sur la ligne de but...en renvoyant la balle de la tête. Furieux, les spectateurs parisiens et les 5000 lorrains prennent fait et cause pour les messins et font pleuvoir, en averse écarlate, des centaines de petits coussins rouges loués au public pour son confort personnel. La défaite est glorieuse mais les yeux sont bien rouges en cette soirée de mai 1938, et la tristesse se dispute à la colère...
Pendant une semaine au cinéma Palace de Metz sera repassé le film du match, ce film témoin et impartial qui prouve indubitablement la bonne foi des joueurs messins et l'incompétence notoire de l'arbitre dépassé par ce grand événement. Le Républicain Lorrain de l'époque titre même ironiquement le lendemain dans les devises du jour : " Dans le doute, abstiens toi ! " et " Mieux vaut un résultat honorable qu'une victoire boiteuse ".
Il faudra attendre 46 ans avant que Dame Coupe ne sourie aux joueurs messins. Mais loin du simple résultat sportif, qui se doute qu'en cette belle journée ensoleillée de printemps, le club vit là les derniers moments d'un futur bien sombre, tandis que s'annonce sur l'Europe les nuages noirs de la seconde guerre mondiale ?
Grenat et Blanc : La naissance d'un club
La naissance du FC Metz remonte à 1932, et a été déterminée par la rivalité de deux clubs amateurs aussi dissemblables qu'antagonistes : le CAM (Cercle Athlétique Messin), club de l'élite messine aux gros moyens financiers, et l'ASM (Association Sportive Messine) club plus modeste, d'ouvriers et d'employés. Le siège du premier, présidé par Maurice Michaux, se trouvait rue Serpenoise; entraînés par Emile Feigel les athlètes de bonne famille jouaient en grenat et utilisaient avant août 1923 le terrain situé rue de Verdun, à l'emplacement de l'actuelle église Sainte-Thérèse puis après cette date le stade de l'île Saint Symphorien.
Le second, moins huppé, présidé par Jacques Bloch, avait son siège au Café Central, Place d'Armes. Ses joueurs évoluaient en blanc, au stade du Ban Saint Martin, leur entraîneur était l'autrichien Willy Steyskal. ASM et CAM se retrouvaient régulièrement pour des rencontres où rivalité sportive et lutte des classes étaient le prétexte à toutes les passions.
Les débuts professionnels
Au début des années 1930, le professionnalisme fait son apparition dans le football. La FFFA (fédération française de football association) autorise enfin les clubs à s'attacher les services de joueurs rémunérés. Un club comme l'ASM ne peut plus rivaliser avec le CAM qui rejoint le championnat professionnel en avril 1932. En effet, en adhérant dès le 15 avril 1932 au GCA, (Groupement des clubs autorisés), Le CAM, qui prend la dénomination de Football Club de Metz s'engage dans le premier championnat de France professionnel ce qui fait du FC Metz un des authentiques pionniers du football professionnel en France.
L'inscription auprès du GCA de la Fédération Française de Football, autorise le CAM à rémunérer ses joueurs, mais en réalité, il faut bien le reconnaître, nos footballeurs messins, en ces années trente, sont encore des "semi-pros" car tous ou presque exercent encore un métier : Charles Fosset est ajusteur à la base aérienne militaire de Metz-Frescaty, Charles Kappe, le gardien vedette est quant à lui cordonnier à Thionville. Le CAM, devenu, nous l'avons vu, le Football Club de Metz, est présidé par Jules Cocheteux, et dirigé par un comité comptant dans ses rangs Raymond Herlory, futur et légendaire président du club. Le FC Metz se montre très actif sur le marché des transferts et recrute les deux attaquants vedettes de l'ASM : Maurice Hippert et Albert Rorhbacher ainsi que le défenseur Paul Thomas. Le règlement d'alors stipule en effet qu'un club professionnel ne peut recruter que trois joueurs issus d'un club amateur.Le FC METZ conserve 4 éléments clés que sont les Autrichiens André, Hauswirth, Freyberger et Sold et s'appuie sur de solides joueurs locaux et régionaux. Il dispute le 11 septembre 1932 à Saint Symphorien sa première rencontre "pro" contre le stade Rennais (1-2).
Le public de Saint-Symphorien attendra le 16 octobre 1932 pour saluer la première victoire officielle en championnat des grenats contre Montpellier (2-1). Malheureusement l'apprentissage du professionnalisme est délicat pour le club qui termine 9ème et avant-dernier du groupe B.Relégué en seconde division, les messins se classent 5èmes à l'issue de la saison 1933/1934 (à 4 points du Red Star), mais retrouvent l'élite la saison suivante après avoir été couronnés champion de D2 devant l'US Valenciennes-Auzin. Durant cette saison 1934/1935, le club prend pour des raisons juridiques le nom de CSM (Cercle des Sports de Metz). En effet, cette appellation, issue de la fusion CAM - FCM - ASM du 22 juin 1933, est mise en pratique lors des Assemblées Générales extraordinaires des 24 juillet et 4 août 1934 ; mais elle est abandonnée dès la saison suivante (à la suite d'une cascade de malentendus terminés par un procès monstre et retentissant pour l'époque, procès qui déchaîna les passions les plus virulentes) pour retrouver l'appellation qui ne quittera plus le club : Football Club de Metz.
Lors de la saison 1935-1936, après la démission du Président Bierlin, le FC Metz évolue sous l'égide du Président Raymond Herlory, un lorrain fier de sa région et plein d'ambitions pour son club. Dès sa prise de pouvoir, il affirme d'entrée de jeu, ses grandes qualités et les quelques défauts qui l'ont rendu fameux : volonté, astuce, flair, courage, irritabilité et ladrerie maladives. Décrit par les journalistes sportifs de l'époque, comme un "Arpagon semblant souffrir de quelque mal d'argent inguérissable qui agite son épaule gauche d'un tic convulsif", il est aussi loué pour "son flair de maquignon qui lui permet de repérer le joueur à recruter et l'occasion à saisir tout de suite".Son fidèle bras droit est Paul Thomas, ancien joueur du club, détenteur de la toute première licence professionnelle de football jamais délivrée en France, reconverti en administrateur hors pair en raison de vilaines blessures au genou et à la cheville. Sous l'impulsion de ces deux hommes, les résultats du club vont crescendo : 11ème place en 35/36, 7ème place la saison suivante, à 6 points du champion, l'Olympique de Marseille. Paul Thomas se transforme même à l' occasion en recruteur; son plus célèbre "coup" restera à jamais dans l'histoire du club comme étant la venue du néerlandais Bep Bakhuys.