Vous êtes né le 28 mars 2005 à Diégoune au Sénégal au sein d’une fratrie de quatre enfants. Quelle relation entretenez-vous avec votre famille ?
« J’ai longtemps vécu dans un quartier de Dakar aux côtés de mes parents, ma grande sœur et mes deux petits frères. Aujourd’hui ma famille vit encore au Sénégal, mais je suis resté très proche d’elle. Ce n’est pas toujours simple à vivre, car mes proches me manquent beaucoup. Je les appelle régulièrement. Ma sœur est mon plus grand soutien, elle me conseille beaucoup et trouve toujours les bons mots. La semaine dernière, à l’issue du match face à Rodez et mon pénalty manqué, elle m’a rapidement appelé pour me remonter le moral. Elle me dit toujours qu’il ne faut jamais baisser les bras et continuer à travailler. Avec mes deux frères, on s’appelle aussi souvent pour se taquiner (rires). »
À l’âge de 11 ans, vous intégrez Génération Foot. Comment s’est déroulée votre arrivée au sein de cette prestigieuse académie ?
« Mon papa est jardinier à l’Académie Génération Foot. Il savait que j’adorais le football, car je jouais tout le temps dans le quartier de mon village. Ses collègues lui disaient souvent de me ramener pour faire un essai. À force, il a fini par accepter. Je suis donc allé faire des tests. Pendant une semaine, il y avait des essais le matin et le soir. Le premier jour, je n’ai pas été bon. À la fin de la journée, l’entraîneur me convoque afin de savoir si j’avais envie de rentrer chez moi. J’ai demandé à rester et il m’a dit qu’il fallait que je redouble d’efforts pour continuer ici. Finalement, cela s’est bien passé puisque dès le lendemain, j’ai enchainé les buts. »
Que se passe-t-il à l’issue de cette semaine d’essai ?
« Tous les joueurs sont rentrés chez eux sans savoir si cet essai était concluant ou non. Finalement, deux semaines plus tard, l’entraîneur a appelé mon papa pour lui dire que j’avais été retenu et que j’intégrerai l’Académie dans quelques semaines. Toute ma famille était vraiment très heureuse pour moi. À 11 ans, j’ai donc rejoint Génération Foot et je vivais quotidiennement là-bas. J’y jouais au football et j’étudiais également tous les jours. »
Justement, comment avez-vous vécu ce changement de vie ?
« Ce n’était pas toujours simple, car j’habitais à plus de deux heures de l’Académie. J’étais donc loin de ma famille. Heureusement, mon papa travaillait à Génération Foot et je pouvais donc le voir tous les jours. C’était très important pour moi car il pouvait me conseiller. Il savait aussi rapidement quand je faisais des petites bêtises (rires). »
À 16 ans, vous vivez un premier moment difficile sur les terrains puisque vous êtes victime d’une rupture des ligaments croisés. Quel est votre sentiment lorsque vous apprenez le diagnostic ?
« C’était lors du dernier match amical de la préparation, à quelques jours du début du championnat sénégalais, en novembre 2021. Je reçois un ballon et je centre vers un coéquipier lorsque je sens que mon genou craque. Je ne connaissais pas du tout cette blessure, mais ça me faisait très mal et j’étais en pleurs. J’ai rapidement été conduit à l’hôpital et j’ai subi une opération. Honnêtement, je pensais que mes espoirs de devenir footballeur s’étaient envolés. Ma maman ne voulait plus non plus que je pratique ce sport. Pour moi, le football c’était terminé. »
À quel moment avez-vous réussi à reprendre espoir ?
« C’est pendant la période de rééducation. Je me suis rendu compte que cela se passait bien et qu’il était possible de revenir plus fort. Aujourd’hui, je pense que c’est aussi grâce à cette blessure que je suis arrivé à Metz. Cela m’a beaucoup aidé notamment sur le plan mental. »
Quelques mois après vos retours sur les terrains, le FC Metz décide de vous intégrer au sein de son effectif professionnel…
« Effectivement, cela a été très vite pour moi. En 2022, je chausse de nouveaux les crampons et dès l’été suivant, j’arrive à Metz. C’est Frédéric Arpinon (actuel directeur sportif du FC Metz et ex-manager général de GF) qui est venu m’annoncer la bonne nouvelle. J’étais vraiment très heureux, car c’est un rêve qui se réalisait. À l’Académie, nous avons tous l’objectif de rejoindre le FC Metz. »
En dehors des terrains, vous êtes un garçon timide et réservé. Comment avez-vous réussi à vous intégrer dans l’effectif messin avec ce tempérament ?
« C’est vrai que je suis assez réservé, mais heureusement certains cadres aident grandement à notre intégration et je pense notamment à Isma (Traoré). Il a un rôle de grand frère, il échange avec tout le monde et essaie de mettre les plus jeunes à l’aise. Il est très important pour moi. J’ai également retrouvé quelques personnes de Génération Foot, comme Papa (Diallo), Ablie (Jallow), Alpha (Touré) et Cheikh (Sabaly). »
Quelle importance possède les anciens pensionnaires de Génération Foot dans votre quotidien ?
« Ils sont tous très importants. Nous nous retrouvons souvent en dehors des terrains pour manger ensemble chez Papa. Nous allons également parfois manger chez Cheikh, car il cuisine très bien les plats sénégalais. Mais, ce n’est pas aussi bon que les plats faits par ma maman (rires). »
Sous le maillot grenat, vous avez débloqué votre compteur en professionnel la saison dernière, face à l’AS Monaco. Est-ce un moment important de votre carrière ?
« Oui, très important. J’étais très heureux, car j’attendais ça depuis longtemps, surtout à Saint-Symphorien devant nos supporters. Toute ma famille était devant la télé et elle m’a évidemment appelé à l’issue de la rencontre pour me féliciter. J’espère que ce n’est que le début de l’histoire. »
Vous êtes-vous fixé des objectifs chiffrés pour cette nouvelle saison ?
« Non. Le seul objectif que j’ai, c’est de marquer le plus de but possible. J’espère être le meilleur buteur de l’équipe. »
Photo : Kevin Clément