Grenat et Blanc : La naissance d'un club
La naissance du FC Metz remonte à 1932, et a été déterminée par la rivalité de deux clubs amateurs aussi dissemblables qu'antagonistes : le CAM (Cercle Athlétique Messin), club de l'élite messine aux gros moyens financiers, et l'ASM (Association Sportive Messine) club plus modeste, d'ouvriers et d'employés. Le siège du premier, présidé par Maurice Michaux, se trouvait rue Serpenoise; entraînés par Emile Feigel les athlètes de bonne famille jouaient en grenat et utilisaient avant août 1923 le terrain situé rue de Verdun, à l'emplacement de l'actuelle église Sainte-Thérèse puis après cette date le stade de l'île Saint Symphorien.
Le second, moins huppé, présidé par Jacques Bloch, avait son siège au Café Central, Place d'Armes. Ses joueurs évoluaient en blanc, au stade du Ban Saint Martin, leur entraîneur était l'autrichien Willy Steyskal. ASM et CAM se retrouvaient régulièrement pour des rencontres où rivalité sportive et lutte des classes étaient le prétexte à toutes les passions.
Les débuts professionnels
Au début des années 1930, le professionnalisme fait son apparition dans le football. La FFFA (fédération française de football association) autorise enfin les clubs à s'attacher les services de joueurs rémunérés. Un club comme l'ASM ne peut plus rivaliser avec le CAM qui rejoint le championnat professionnel en avril 1932. En effet, en adhérant dès le 15 avril 1932 au GCA, (Groupement des clubs autorisés), Le CAM, qui prend la dénomination de Football Club de Metz s'engage dans le premier championnat de France professionnel ce qui fait du FC Metz un des authentiques pionniers du football professionnel en France.
L'inscription auprès du GCA de la Fédération Française de Football, autorise le CAM à rémunérer ses joueurs, mais en réalité, il faut bien le reconnaître, nos footballeurs messins, en ces années trente, sont encore des "semi-pros" car tous ou presque exercent encore un métier : Charles Fosset est ajusteur à la base aérienne militaire de Metz-Frescaty, Charles Kappe, le gardien vedette est quant à lui cordonnier à Thionville. Le CAM, devenu, nous l'avons vu, le Football Club de Metz, est présidé par Jules Cocheteux, et dirigé par un comité comptant dans ses rangs Raymond Herlory, futur et légendaire président du club. Le FC Metz se montre très actif sur le marché des transferts et recrute les deux attaquants vedettes de l'ASM : Maurice Hippert et Albert Rorhbacher ainsi que le défenseur Paul Thomas. Le règlement d'alors stipule en effet qu'un club professionnel ne peut recruter que trois joueurs issus d'un club amateur.Le FC METZ conserve 4 éléments clés que sont les Autrichiens André, Hauswirth, Freyberger et Sold et s'appuie sur de solides joueurs locaux et régionaux. Il dispute le 11 septembre 1932 à Saint Symphorien sa première rencontre "pro" contre le stade Rennais (1-2).
Le public de Saint-Symphorien attendra le 16 octobre 1932 pour saluer la première victoire officielle en championnat des grenats contre Montpellier (2-1). Malheureusement l'apprentissage du professionnalisme est délicat pour le club qui termine 9ème et avant-dernier du groupe B.Relégué en seconde division, les messins se classent 5èmes à l'issue de la saison 1933/1934 (à 4 points du Red Star), mais retrouvent l'élite la saison suivante après avoir été couronnés champion de D2 devant l'US Valenciennes-Auzin. Durant cette saison 1934/1935, le club prend pour des raisons juridiques le nom de CSM (Cercle des Sports de Metz). En effet, cette appellation, issue de la fusion CAM - FCM - ASM du 22 juin 1933, est mise en pratique lors des Assemblées Générales extraordinaires des 24 juillet et 4 août 1934 ; mais elle est abandonnée dès la saison suivante (à la suite d'une cascade de malentendus terminés par un procès monstre et retentissant pour l'époque, procès qui déchaîna les passions les plus virulentes) pour retrouver l'appellation qui ne quittera plus le club : Football Club de Metz.
Lors de la saison 1935-1936, après la démission du Président Bierlin, le FC Metz évolue sous l'égide du Président Raymond Herlory, un lorrain fier de sa région et plein d'ambitions pour son club. Dès sa prise de pouvoir, il affirme d'entrée de jeu, ses grandes qualités et les quelques défauts qui l'ont rendu fameux : volonté, astuce, flair, courage, irritabilité et ladrerie maladives. Décrit par les journalistes sportifs de l'époque, comme un "Arpagon semblant souffrir de quelque mal d'argent inguérissable qui agite son épaule gauche d'un tic convulsif", il est aussi loué pour "son flair de maquignon qui lui permet de repérer le joueur à recruter et l'occasion à saisir tout de suite".Son fidèle bras droit est Paul Thomas, ancien joueur du club, détenteur de la toute première licence professionnelle de football jamais délivrée en France, reconverti en administrateur hors pair en raison de vilaines blessures au genou et à la cheville. Sous l'impulsion de ces deux hommes, les résultats du club vont crescendo : 11ème place en 35/36, 7ème place la saison suivante, à 6 points du champion, l'Olympique de Marseille. Paul Thomas se transforme même à l' occasion en recruteur; son plus célèbre "coup" restera à jamais dans l'histoire du club comme étant la venue du néerlandais Bep Bakhuys.