Metz - Clermont, je réserve ma place

Jeunechamps : « Je fais un métier extraordinaire »

Entraîneur adjoint du club grenat depuis l\'été 2012, le discret José Jeunechamps sort de l\'ombre et nous en dit un peu plus son quotidien et ses fonctions.
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Le FC Metz s’est incliné samedi dernier face au RC Lens (0-1). Selon vous, qu’est-ce qui a manqué aux Messins face aux Nordistes pour obtenir un meilleur résultat
 
José Jeunechamps : « Je pense que finalement, nous avons un peu joué le match que les Lensois souhaitaient : nous sommes tombés dans le combat physique comme ils l’espéraient. Evidemment, nous avons également manqué d’efficacité offensive contrairement à eux. Arriver à émerger sur une phase arrêtée alors que la rencontre est très équilibrée, c’est le lot des bonnes équipes, mais surtout des formations expérimentées. »
 
Vous préparez maintenant le déplacement à Châteauroux. Que pouvez-vous nous dire sur cette équipe
 
J. J. : « C’est une bête blessée après sa lourde défaite concédée à Niort vendredi (4-0). Les Castelroussins sont complètement passés à côté de leur match. Il faut donc s’attendre à affronter une formation qui aura à cœur de remettre les pendules à l’heure. Elle restait sur une série de cinq matches sans revers, dont quatre victoires, elle voudra donc retrouver sa marche de progression, comme nous autres finalement après la défaite concédée samedi. »
 
Le stade Gaston-Petit est équipé d’une pelouse synthétique. Allez-vous délocaliser les entraînements à la Plaine Saint-Symphorien pour vous entraîner sur cette surface de jeu
 
J. J. : « Nous avons déjà réalisé l’entraînement de mardi matin à la Plaine et il n’est pas impossible que celui de mercredi ou jeudi soit délocalisé également. Les joueurs sont demandeurs et l’intensité des entraînements sur le terrain synthétique n’est pas mal du tout. »
 
A titre personnel, appréciez-vous ce type de surface ? 
 
J. J. : « Honnêtement, je ne suis pas fan du synthétique. Je suis pour un football conservateur sur du gazon, avec de la boue, de l’humidité et tous les problèmes que cela implique parfois mais qui font finalement partie des charmes du football. Je suis également contre l’introduction de l’arbitrage vidéo, de puces électroniques dans les ballons ou autres innovations de ce genre car je pense que les erreurs d’arbitrage sont normales, elles font aussi partie du football. »
 
A partir de quel moment avez-vous commencé à étudier l’équipe de Châteauroux
 
J. J. : « J’ai commencé après le match de Lens car je n’aime pas travailler sur deux adversaires en même temps, cela embrouille l’esprit. En revanche, notre analyste vidéo prend un peu d’avance pour que nous disposions d’éléments dès le lendemain de notre dernier match en date. Toutefois, après Lens, nous avons d’abord regardé notre match. Nous ne le faisons pas toutes les semaines mais c’est important aussi de regarder notre équipe et d’en tirer des enseignements. »
 
Qu’analysez-vous chez vos adversaires plus précisément
 
J. J. : « Nous travaillons en général sur les deux derniers matches. Nous analysons les pertes de balles, les séquences de possession de balle mais également les transitions entre les deux. Nous décortiquons les buts encaissés et marqués, mais également toutes les phases arrêtées. Il nous arrive aussi de travailler sur un joueur en particulier, ce fut le cas pour Jeff Louis avant Nancy ou Jérôme Lemoigne avant Lens. Nous cherchons aussi les points faibles pour exploiter les failles de notre adversaire. Dès le lundi, je fais le point avec Albert Cartier sur le profil de l’équipe que nous allons rencontrer et nous adaptons le travail de la semaine en conséquence. Comme je l’ai dit précédemment, nous essayons aussi de nous concentrer sur nous, alors, depuis le mois de janvier, nous choisissons deux joueurs à leur insu les semaines à domicile, et un lors des matches à l’extérieur, et nous leur envoyons toutes les phases de jeu dans lesquelles ils sont impliqués afin qu’ils aient la possibilité d’analyser leur prestation individuelle. S’ils souhaitent en parler avec un ou plusieurs membres du staff, nous sommes alors ensuite à leur disposition. Tous les joueurs qui ont eu du temps de jeu en 2014 ont déjà eu droit à leur séquence individuelle, nous allons débuter un deuxième tour maintenant. »
 
Vous qui passez du temps à décortiquer les matches de Ligue 2, quelle équipe vous impressionne le plus cette saison
 
J. J. : « Sans hésitation, le RC Lens. Selon moi, c’est cette formation qui rassemble le plus de qualités. Elle maîtrise énormément de choses que ce soit au niveau de la technique, de la tactique, du mental ou du physique. »
 
Quel est votre pronostic concernant les trois équipes qui termineront sur le podium à la fin de la saison ?  
 
J. J. : « Je suis nul en pronostic et je pense que le championnat est bien trop serré pour se prononcer. Tout ce que j’espère, c’est que le FC Metz y sera, le reste m’importe peu finalement. » 
 
En début de saison, avez-vous imaginé la possibilité de jouer les premiers rôles de L2 au vu du potentiel de l’équipe
 
J. J. : « Pas du tout ! C’est une agréable surprise, mais je ne dis pas ça pour dévaloriser les joueurs. Simplement, je pensais qu’il nous faudrait plus de temps pour assimiler les exigences de la Ligue 2. Mais finalement, le staff, les joueurs et le club d’une manière générale y sont tous parvenus plus vite que prévu et j’en suis évidemment très heureux. L’important est maintenant que nous continuions tous dans cette voie jusqu’à ce que l’objectif soit atteint. » 
 
Vous avez connu onze montées au total, en tant que joueur mais également en tant qu’entraîneur. Est-ce qu’aujourd’hui la perspective de rejoindre la Ligue 1 avec Metz est votre plus beau challenge ? 
 
J. J. : « Oui, certainement car c’est tellement inattendu et puis pour moi c’est une expérience hors des frontières belges. Si nous y parvenons, nous atteindrons alors le plus haut niveau du football français qui figure pour moi parmi les cinq meilleurs championnats en Europe avec l’Espagne, l’Angleterre, l’Italie et l’Allemagne. Ce n’est pas rien ! Et puis, on revient de tellement loin en si peu de temps que, quelque part, c’est tout simplement incroyable ! »
 
Revenons à vos fonctions au sein du club. Pouvez-vous nous préciser en quoi consiste votre rôle d’entraîneur adjoint ? 
 
J. J. : « Mes tâches sont diverses : je prépare les entraînements en consultation avec Christophe Marichez, Albert Cartier et Geoffrey Valenne, je participe au choix des thèmes des séances avec le coach, j’étudie nos adversaires avec l’aide de Maxime Bouffaut qui s‘occupe de la vidéo, je donne les entraînements. En ce qui concerne l’application des séances de travail, je dirige un maximum d’exercices sauf quand cela devient technico-tactique, alors c’est Albert qui prend les rênes. La hiérarchie est naturellement installée entre nous et c’est important car chacun doit rester à sa place. »
 
Qu’est-ce qui vous rend complémentaire d'Albert Cartier ? 
 
J. J. : « Globalement, je pense que nous sommes un peu le même genre de personnes. Nous aimons le travail et nous y attachons de l’importance. Je pense en revanche qu’Albert gère mieux le côté humain car c’est tout un art de pouvoir manager une trentaine de garçons qui ont tous des caractères très différents. Il y a également toutes les relations avec l’ensemble du club à prendre en compte. De mon côté, je ne suis pas certain de parvenir à gérer cela comme lui, c’est pour cela que je suis très bien à mon poste pour le moment. Albert tient suffisamment compte de mes remarques et de mes avis pour que je prenne du plaisir en tant qu’adjoint à ses côtés. »
 
Vous êtes particulièrement complice avec Christophe Marichez, en charge des gardiens. Pouvez-vous nous parler de votre relation ?  
 
J. J. : « Effectivement, tout s’est fait très naturellement entre nous. Nous sommes deux anciens gardiens de but, avec une éducation plus ou moins similaire et nous avons tout de suite eu un bon feeling. C’est quelqu’un de très accueillant qui m’a même aidé à mon arrivée à m’installer en France. Evidemment, nous ne sommes pas toujours d’accord sur tout et nous pouvons nous disputer un peu mais cela fait partie aussi de l’amitié. Et puisque nous passons plusieurs heures par jour dans le même bureau, cela me paraît même normal. Je suis également assez complice avec Maxime Bouffaut, notre analyste vidéo, puisque nous passons pas mal de temps ensemble… globalement j’aime communiquer et échanger ! En tout cas, c’est important que tout le staff soit uni car c’est quelque chose que les joueurs ressentent et dans un club, le staff est à l’image de l’équipe et inversement. »
 
Pouvez-vous nous décrire une journée-type de travail ? 
 
J. J. : « J’arrive au plus tard à 8h00 au stade et je prends mon petit déjeuner avec tout le monde depuis que cela a été instauré. Je prépare ensuite la séance d’entraînement du jour en compagnie de tout le staff, dans un premier temps la version écrite et ensuite je passe à la préparation matérielle avec Christophe et Geoffrey. Nous réalisons ensuite la séance, après quoi, je profite d’une petite pause déjeuner. Si nous avons une deuxième séance, alors je réitère la préparation de l’entraînement toujours en collaboration avec tout le staff, sinon, j’ai plusieurs choses à préparer. Je regarde beaucoup de matches, pour analyser nos adversaires. Je note le minutage et notre analyste vidéo prépare les séquences. Je rédige aussi une carte d’identité de plusieurs joueurs-clés de notre prochain adversaire à destination de nos joueurs, je leur donne quelques statistiques, nous passons des matchs sur les écrans dans le vestiaire, nous affichons également les dernières compositions de l'équipe adverse avec quelques commentaires. Tout est fait pour que les joueurs disposent d’un maximum de renseignements, sans toutefois leur faire peur. Il n’est évidemment pas question de leur faire croire que nous allons affronter le FC Barcelone tous les week-ends !  Les buts marqués ou encaissés sont collectés et analysés pour y trouver des similitudes et ainsi orienter notre travail à l’entraînement, car le haut niveau, c’est laisser le moins de place possible au hasard. Je propose mon travail à Albert et il décide ensuite si c’est bien ou non de le diffuser aux joueurs. Je fais en sorte de lui rendre la tâche plus facile, c’est mon rôle au sein du staff. »
 
Vous êtes très discret mais particulièrement vivant pendant les séances d’entraînement. Quel est le vrai José Jeunechamps
 
J. J. : « Je suis quelqu’un de dynamique et d’enthousiaste. Je fais un métier extraordinaire et je savoure chaque minute qu’il m’est donné de faire de ma passion mon métier. Mais aujourd’hui, je suis entraîneur adjoint d’une équipe professionnelle alors je reste à ma place et je respecte la hiérarchie, d’où cette réserve et cette discrétion. Je n’ai pas besoin d’être sous les feux des projecteurs pour être bien dans ma peau, c’est le football qui compte pour moi. Je veux que l’on m’apprécie pour la qualité de mon travail avant tout. »
 
Avant de rejoindre le FC Metz, vous avez entraîné les équipes de jeunes du Standard de Liège. Du coup, avez-vous une relation plus privilégiée avec les jeunes joueurs amenés à s’intégrer dans le groupe pro ? 
 
J. J. : « C’est sûr que mon expérience et mon vécu m’aident au quotidien à faire évoluer les joueurs. Mais je n’oublie pas également qu’avant mes six années au Standard, j’ai commencé au plus bas niveau avec des adultes, et cela m’a servi également. Je prends aussi beaucoup de plaisir à échanger avec des joueurs qui ont plus de vécu comme Kévin Lejeune ou Johann Carrasso car nous avons la chance d’avoir un beau mélange entre expérience et jeunesse à Metz. Globalement, cela se passe bien avec les joueurs, qu'ils soient jeunes ou moins jeunes, même si l’approche est du coup différente. »
 
Quelle grosse différence remarquez-vous entre le football belge et le football français
 
J. J. : « Les championnats français sont plus relevés qu’en Belgique. La façon d’aborder le football est également différente. En France, il y a plus de talent donc le travail est abordé de manière plus offensive et technique, alors qu’en Belgique, l’accent sera plutôt mis sur le travail défensif et physique. Heureusement, des personnes ont pris le taureau par les cornes en Belgique, je pense notamment aux frères D’Onofrio, et se sont inspirées de ce qui se faisait en France en mettant en place des centres de formation dignes de ce nom avec des entraîneurs qualifiés. Cela s’est amélioré d’années en années et aujourd’hui, dans les trois ou quatre grands clubs belges, il y a des centres de formation qui sont beaux, performants, fonctionnels et qui ressemblent beaucoup à ce qui se fait en France. Je me rappelle que le préparateur physique du Standard utilisait des tableaux français pour travailler, je trouve que c’est très révélateur du copier/coller que l’on a essayé de faire. La Belgique commence à récolter les fruits de ce travail au niveau de l’équipe nationale. Le retard commence à se combler par rapport à 1998, quand la France gagnait la Coupe du Monde et quand la Belgique ne valait pas grand-chose sur la scène internationale. »
 
Pour finir, vous qui êtes Belge, d’une manière plus générale, qu’aimez-vous et que détestez-vous le plus en France ? 
 
J. J. : « J’adore le vin rouge. J’ai découvert cela en arrivant à Metz car avant je n’en buvais pas, je n’appréciais pas vraiment pas cela. Finalement, depuis que je suis en France je commence à apprécier le vin et je trouve que toute la culture autour du vin est très intéressante. Ce qui me plaît le moins, c’est la manie que vous avez d'emballer les frites dans du papier aluminium dans les snacks ! En Belgique, nous utilisons une sorte de papier journal avec des trous pour que les frites restent croustillantes et c’est bien meilleur ainsi ! (rires) Globalement, j’ai envie de rester en France, l’expérience que je vis ici est tout simplement géniale. Je trouve que les gens sont plus ouverts d’esprit. En France, on me juge sur mon travail et non sur mon vécu ou non de joueur professionnel. »

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