Parmi les observateurs du Championnat National – il y en a – certains avaient peut-être ouvert les paris sur le nom de l’équipe qui parviendrait (enfin) à stopper des Messins lancés dans une incroyable série de six victoires d’affilée en championnat, huit toutes compétitions confondues. Peu, sûrement, avaient misé sur l’ES Uzès Pont-du-Gard, modeste formation tout juste promue de CFA l’été dernier. Et pourtant, c’est elle qui est venue à bout de Grenats en pleine course et qui les a contraints, pour la première fois de la saison, au partage des points.
Pourtant, Albert Cartier avait alerté ses joueurs durant cette semaine : il ne leur faudrait pas se laisser déconcentrer par ce match particulier, face à une équipe invaincue dans son stade depuis dix-huit mois, parfois plus que rugueuse dans les duels et encouragée par un public tout aussi impliqué dans les tribunes et autour du grillage ceignant la pelouse.
Les Grenats, même jeunes pour la plupart, même peu habitués à ce genre de confrontations comme d’autres les attendront souvent au cours de cette saison de National, avaient semble-t-il plutôt bien intégré les conseils de leur entraîneur et débutaient le match sereinement. Secoués dans les chocs, certes, mais parvenant à rester calmes coûte que coûte, les Messins n’étaient pas impressionnés par l’ambiance de la rencontre.
Diafra Sakho fut le premier à s’illustrer d’une frappe à ras de terre captée par le portier de l’ES Uzès Pont-du-Gard (ESUPG pour faire court) (7°), montrant ainsi la voie à ses camarades. Bouna Sarr l’imita mais sans contraindre le gardien Robinet à la faute (9°). Et puis surtout, ce fut la barre transversale locale qui trembla à deux reprises en première période. Le capitaine messin la toucha sur un coup-franc légèrement excentré côté gauche à environ vingt-cinq mètres de la cage gardoise (15°), puis l’attaquant sénégalais des Grenats copia son aîné après avoir hérité d’un bon centre en retrait d’Alhassane Keita (31°).
Maîtres du ballon jusqu’à la demi-heure de jeu, les joueurs lorrains avaient déjà eu le temps de montrer leur supériorité technique sans pour autant la concrétiser au tableau d’affichage (qui, au passage, se fait remarquer par son absence à Louis Pautex). Et tant qu’on ne s’est pas mis à l’abri, difficile de considérer bien comme acquis… Les Uzétiens, pas timides pour un sou et très agressifs dans les duels, profitaient de ce manque de piquant des Grenats pour les effrayer un peu. Le dernier quart d’heure du premier acte fut à leur avantage, surtout lorsque Chavas centrait ou tirait les coups-francs pour ses coéquipiers de l’attaque : Jamai rata une première fois l’immanquable, seul et déjà presque dans les buts lui-même (34°), Ben Meziane tronqua la deuxième opportunité des siens quelques secondes plus tard (37°).
A la reprise, les débats s’équilibraient davantage même si les joueurs du cru semblaient commencer à s’essouffler. Semblaient seulement, comme l’apprendront à leurs dépens leurs adversaires. Ils restaient tout de même dangereux et pouvaient à tout moment profiter d’une remontée capricieuse du bloc messin pour tenter de créer l’exploit. La physionomie du jeu était plus claire : les Messins dans le camp adverse, les adversaires en contre. L’un d’entre eux faillit être fatal aux Lorrains, quand Ben Meziane, seul au point de penalty, s’apprêta à reprendre victorieusement un centre venu de la droite. Heureusement, Grégory Proment sauva ses coéquipiers grâce à un retour in extremis fort bienvenu (73°).
Côté grenat, Lejeune s’illustrait d’un coup-franc enroulé qui obligeait Robinet à la parade (65°) juste avant de céder sa place à Yéni NGbakoto. Dans le même temps, Moussa Gueye remplaçait Alhassane Keita à la pointe de l’attaque. Un double changement efficace : quelques minutes plus tard, un corner joué en deux-temps par le numéro 23 aboutissait à un centre de N’Doye au second poteau pour Moussa Gueye, qui servait parfaitement Diafra Sakho en embuscade dans la surface (0-1, 79°).
On pensait alors que les Messins avaient fait le plus dur, dans ce match ouvert et fermé à la fois. C’était mal connaître l’ESUPG, qui n’a plus perdu dans son antre depuis plus d’un an et demi. Peu après l’ouverture du score, les Uzétiens obtenaient un corner qui se transformait en un penalty après que l’arbitre ne siffle en deux temps, convaincu par son arbitre de touche, une faute de main de Gaëtan Bussmann dans la surface. Ben Meziane, qui avait tant essayé jusque-là, ne se faisait pas prier pour remettre les compteurs à égalité (1-1, 83°) et redonner l’énergie nécessaire au public et aux siens pour rêver à l’inimaginable. Las, il n’y aura pas autant de rebondissements dans cette partie qu’il n’y en avait eu lors du déplacement à Quevilly. Et, malgré les assauts répétés des coéquipiers de Proment, qui ne paraissaient pas avoir envie de goûter au match nul, le match se conclura sur ce score de parité.
Si toute première fois charrie son lot d’incertitudes, il est pourtant loin d’y avoir péril en la demeure messine. Uzès Pont-du-Gard a fait rompre plus d’un favori sur son carré vert, et repartir d’un déplacement avec une unité est mieux que revenir les mains vides. Il y aura d’autres matches, cette saison, où les Grenats ne l’emporteront pas ! D’ailleurs, ils ont l’occasion de regoûter à la victoire dès mardi. Un derby lorrain attend les supporters à Saint-Symphorien !