Metz - Clermont, je réserve ma place

« Un tournant »

Joël Muller a officié comme entraîneur à la fois au FC Metz et au RC Lens. A quelques heures du coup d\'envoi entre les deux formations, il revient sur la situation des deux clubs qu\'il connaît bien, et plus précisément, sur l\'actualité des Grenats.
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La semaine dernière, le FC Metz se qualifiait face au CSO Amnéville pour les 1/32e de finale de la Coupe de France. En tant que directeur sportif du FC Metz, comment avez-vous évalué la prestation de votre équipe ?

Joël Muller : « Nous avons bien débuté la partie, ce qui est très important dans cette compétition, surtout face à une équipe hiérarchiquement inférieure. Alors que nous menions 2-0, plutôt que de continuer à presser notre adversaire, nous avons eu tendance à subir leur jeu. Il y a eu un relâchement de la part de nos joueurs. Dans ces conditions, l'égalisation d'Amnéville est logique. Lorsque nous menons 2-0 en Coupe, nous nous devons de continuer de faire l'effort pour inscrire un troisième but, de manière à ce que notre adversaire ne croit plus en ses chances et ne puisse plus revenir au score. Ce n'est malheureusement pas ce qui s'est passé.  »

L'ambiance générale du match était particulièrement tendue. Certains propos ont fortement remis en cause l'arbitrage de la rencontre. Qu'en pensez-vous ?

J.M. : « J'ai longuement regardé les vidéos de ce match et je pense qu'il est particulièrement difficile de voir s'il y a une simulation, ou non, de Martin. J'étais trop loin de l'action lors la rencontre et les images ne sont pas assez précises. Je ne peux donc pas me prononcer sur cette décision arbitrale. Par contre, le pénalty accordé au FC Metz est tout à fait légitime car il n'y a pas de position de hors-jeu de Kehli. Dans le dernier quart d'heure de la partie, je pense que l'arbitre a perdu la direction du match. Il a notamment laissé passer des agressions énormes contre Diaz et Kehli qui méritaient une expulsion. Je ne peux donc pas souscrire aux commentaires qui ont été faits à propos d'un arbitrage à sens unique. »

Des incidents déplorables ont clôturé la rencontre. Quels commentaires avez-vous à faire à ce sujet ?

J.M. : « Un joueur de football se doit de garder une maîtrise de soi à chaque instant, y compris lorsqu'il est agressé verbalement ou physiquement. Une fois le match terminé, les joueurs doivent garder une certaine lucidité, ne pas tomber dans la provocation et encore moins y répondre. Je pense qu'il est important que certains fassent bien la part des choses entre les quatre-vingt-dix minutes de jeusynonymes d'engagement et de lutte sur le terrain, et la fin du match. »

Quoi qu'il en soit, avec cette qualification décrochée sur la pelouse d'Amnéville, le FC Metz comptabilise six victoires d'affilée toutes compétitions confondues. Cette bonne série en cours arrive juste après une autre moins glorieuse, un enchaînement de cinq défaites. Comment expliquez-vous cela ?

J.M. : « Je comptabilise avant tout les quatre victoires en championnat car nous avons joué deux matches de Coupe de France contre des équipes qui nous étaient hiérarchiquement inférieures. Nous avons donc simplement fait notre devoir en nous qualifiant à leurs dépens. Il faudrait pouvoir ajouter une cinquième victoire en Ligue 2 contre Lens pour équilibrer avec la série de cinq défaites que nous avons connue. Je pense que notre efficacité défensive peut expliquer ce revirement de situation car nous avons encaissé beaucoup moins de buts lors des dernières rencontres. Dès l'instant l'on devient intraitable en défense, il est  plus facile pour nous d'inscrire au minimum un but et d'empocher les trois points. Je remarque également qu'il y a beaucoup de moins de fautes individuelles commises. Enfin, l'équipe a pris conscience qu'elle se trouvait de nouveau dans une situation délicate. Pour l'avoir vécu la saison passée, elle a compris qu'il était temps de réagir et de retrouver rapidement une position plus conforme à nos attentes. »

Enchaîner quatre victoires d'affilée est un fait assez rare en championnat. Est-ce que cela signifie que le FC Metz peut jouer le haut de tableau ?

J.M. : « Lorsque notre effectif est au complet, je pense que notre équipe n'est pas inférieure à celles qui sont devant nous au classement comme Reims, Clermont ou encore Guingamp. Par contre, ce qui fait peut-être la différence actuellement, c'est la constance qu'elles ont dans la qualité de leurs prestations. Nous devons être capables d'en faire autant. Nous ne devons rien lâcher et ne rien négliger car à ce stade, tous les détails comptent.»

La course à la montée n'est donc pas terminée ?

J.M. : « Elle n'est pas terminée dans la mesure où une douzaine d'équipes peuvent encore prétendre rejoindre la Ligue 1 à la fin de la saison. Nous devons donc rester compétitifs le plus longtemps possible dans ce championnat de Ligue 2. »

Le FC Metz peut se reposer sur une défense solide, mais offensivement, les Messins marquent encore trop peu de buts. Est-ce l'un des points à travailler ?

J.M. : « Si nous avions à la fois la qualité défensive et offensive, nous serions actuellement dans les trois premiers du championnat ! Il est vrai que notre jeu offensif repose beaucoup sur Duhamel. Cela dit, nous avons de jeunes joueurs comme Ngbakoto, Kehli, Pouye, Diaz ou Keita qui ont montré leur qualité mais qui doivent être plus ambitieux dans leurs prestations. Dès l'instant où nous jouons en 4-3-3, les deux extérieurs, voir même le meneur de jeu, doivent être à même de pouvoir inscrire des buts, mais ce n'est pas suffisament le cas. Certains joueurs manquent encore de constance. »

Vous avez été entraîneur du RC Lens de 2001 à 2005, vous connaissez donc bien ce club. A-t-il beaucoup changé depuis votre départ ?

J.M. : « Je constate que le RC Lens est au même niveau que nous actuellement, alors qu'à l'époque, le club était en première division et jouait la Ligue des Champions. Toutefois, le RC Lens reste un bon club avec trois éléments clefs qui perdurent au fil des années. Il y a une présence des supporters exceptionnelle, y compris quand la situation est difficile. Le deuxième élément est la fidélité des sponsors et des partenaires qui continuent de suivre les Sang et Or malgré leur descente. Enfin, leur président est capable d'avoir toujours un réel dynamisme, de la passion et une capacité de croire en l'avenir. »

Dans les années 90,  certains trouvaient que Le FC Metz et le RC Lens étaient deux équipes qui se ressemblaient. Qu'en pensez-vous ?

J.M. : « Je ne pense pas que les deux clubs se ressemblaient à l'époque. Le fait de pouvoir disputer la Ligue des Champions et de s'être donné un peu plus de possibilités économiques ont fait que les Lensois ont pu jouer un certains nombres d'années en première division contrairement à Metz. Aujourd'hui, la réalité est la même pour les deux clubs car nous essayons de retrouver le haut niveau. Par ailleurs, pendant de longues années, ce fut, en Moselle et dans le Nord, le président qui assumait à lui seul la survie économique du club. C'est d'ailleurs toujours le cas à Metz, mais plus à Lens depuis cette année puisque le Crédit Agricole a participé à une augmentation du capital du club nordiste. »

Est- ce que le FC Metz et le RC Lens sont les deux clubs qui ont le plus compté dans votre carrière d'entraîneur?
J.M.
: « C'est effectivement les deux clubs qui ont eu le plus d'importance pour moi. A Metz, comme à Lens, la relation humaine est un facteur  important, et ce sont deux clubs avec des valeurs. Je garde beaucoup de souvenirs dans chacun des deux. A Metz, je retiens plus particulièrement  ma première victoire en tant que coach contre l'Olympique de Marseille. C'était mon deuxième match en tant qu'entraîneur. Après avoir obtenu un nul à Auxerre, nous devions nous reprendre à domicile face à l'OM et nous l'emportons au final 3-2. Cette rencontre a lancé ma carrière. De mon passage à Lens, je retiens notamment les matches de Ligue des Champions. C'est dans ces moments-là que l'on se rend compte de la marge qu'il reste pour avoir une équipe compétitive sur la scène européenne, même si on a l'une des meilleures équipes en France. »

La réception de Lens est l'occasion pour le FC Metz de poursuivre avec une cinquième victoire de rang. Pensez-vous que cette performance sera difficile à réaliser?

J.M. : « Malheureusement, nous les recevons au plus mauvais moment. Ils ont mal débuté la saison mais ils sont maintenant sur trois victoires de suite en Ligue 2 et sont concernés par la montée. Ils ont une équipe composée à 75% de joueurs qui évoluaient déjà à Lens la saison passée en Ligue 1. C'est un tournant pour les deux équipes. La formation qui remportera la rencontre se confortera certainement dans sa bonne lancée. »

Vendredi, ce sera la centième confrontation entre les deux clubs. Ce sera donc une belle fête pour le football ?

J.M. : « Ce sera effectivement une fête car les supporters, à la fois de Metz, et de Lens, font partie des publics les plus fidèles  de France. Lors des rencontres entre Lens et Metz, il n'y a jamais eu d'hostilité ou de violence. Par ailleurs, certains Messins ont, comme moi, un lien avec les deux clubs. Dominique Bijotat par exemple a occupé la fonction de directeur du centre de formation lensois.»

Quels sont les forces de Lens actuellement ?

J.M. : « C'est un club qui a un bon entraîneur, comme le FC Metz d'ailleurs,  ainsi qu'une bonne organisation, avec beaucoup de cohésion et qui évolue souvent en 4-4-2. Il compte aussi sur de bons joueurs comme Eduardo, Toudic ou Pollet. Enfin, c'est surtout un club qui a retrouvé de la confiance.»

Suite au retrait de Nancy pour accueillir l'Euro 2016, Metz a de nouveau ses chances. Pouvez-vous nous éclairer un peu plus sur la situation actuelle ?

J.M. : « Au niveau de la Fédération Française de Football rien n'a été entrepris. Le choix d'une ville candidate supplémentaire doit se faire par l'UEFA. Si les instances considèrent qu'il est anormal que pour deux grandes manifestations du football en France, la Coupe du Monde 1998 et l'Euro 2016, l'Est soit isolé, alors, il y a de fortes chances que Metz puisse accueillir l'Euro. Si le Conseil Général de la Moselle,  la Ville de Metz et le Ministre des Sports  soutiennent cette candidature, cela pourrait contribuer à ce que Metz devienne la onzième ville retenue pour accueillir l'Euro 2016. »

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