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D. Schaeffer : Leur donner un maximum de chance

Un grand quotidien du soir égratignait récemment certains centres de formation dans l'oeil du Cyclone au Ministère de la Jeunesse et des Sports. Mis en cause, le mauvais suivi scolaire et médical dans certains clubs de D1. Denis Schaeffer, responsable pédagogique du centre de formation à Metz (et entraîneur des moins de 13 ans) nous explique la spécificité messine. Morceaux choisis.
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Denis, le journal " Le Monde " (dans un article du 29/10) se faisait récemment l'écho d'une enquête du Ministère de la Jeunesse et des Sports, qui s'interrogeait sur la capacité du RC Lens et de l'AJ Auxerre à assumer le suivi scolaire, médical et la réinsertion des jeunes pensionnaires de leur centre de formation. Avez-vous été surpris par cet article ?



Denis Schaeffer : Pas vraiment. A l'ouverture des premiers centres de formation, dans les années 70, les joueurs avaient 10,12 entraînements par semaine. Même s'il y a eu une évolution, si la mentalité du football a changé, certains clubs n'ont pas encore totalement passé le cap. Les mots n'ont pas été encore rejoints par les faits. La grande priorité reste dans la majorité des clubs, le parcours sportif.



Cet article parle de subventions publiques (jusqu'à 15 millions de francs par an) qui ne seraient délivrées qu'après l'obtention d'un agrément. Le centre de formation du FC Metz a-t-il reçu cet agrément et reçoit-il des subventions ?



Denis Schaeffer : Tout d'abord nous n'avons reçu aucune notification officielle. Nous n'avons reçu personne pour visiter nos installations et étudier notre mode de fonctionnement.
Mais nous n'avons aucun souci en ce qui concerne ce que nous avons mis en place.
La saison dernière, nous avons eu la visite de Roger Bambuck. A ses yeux, notre développement est exemplaire.



En ce qui concerne les subventions, c'est plus nuancé. Les collectivités locales pourront subventionner - si elles le souhaitent - la partie association des clubs de football et non la section professionnelle. Pour le centre, nous n'avons reçu aucune subvention. La région Lorraine par contre nous a aidé dans le terrassement de la plaine de jeu.



Comment fonctionnez-vous pour le suivi scolaire des pensionnaires ?



Denis Schaeffer : Nous avons une convention signée tous les ans avec les établissements de l'agglomération messine, axée sur la prise en charge de la spécificité du jeune sportif.

C'est ainsi une véritable synergie club - établissement qui se met en place : par le biais d'horaires aménagés (toutes séries confondues les jeunes finissent à 15 heures au plus tard) ou par des mesures d'accompagnement spécifiques.

Tout le suivi périscolaire est assuré par le centre de formation, que ce soit le soutien scolaire, l'aide individualisée ou la prise en charge des devoirs. Ce travail est assuré par des enseignants vacataires ou des étudiants rétribués par le club.

La relation club - établissement est réellement quotidienne. Plus ponctuellement, les conseils de classe sont organisés au sein du centre ou des réunions parents - professeurs - entraîneurs sont organisées en nos murs.



Toutes les filières sont concernées ?



Denis Schaeffer : Nous privilégions les filières dites classiques, comme les sections S ou ES avec la possibilité pour les garçons qui le souhaitent de s'ouvrir sur des sections STI ou STT.

Contrairement à ce que l'on entend, c'est ce qui convient le mieux à un jeune sportif.

C'est beaucoup plus facile de les aider dans des matières à fort coefficient. On peut mettre
en place plus aisément les structures adéquates de suivi.

Ainsi les entraînements débutent à 15h30 pour toutes les sections. En soirée les garçons bénéficient d'une aide individualisée et d'un soutien scolaire.

Notre grande particularité, est de calquer le fonctionnement sportif autour du fonctionnement scolaire et non l'inverse, et ceci jusqu'à l'obtention du diplôme souhaité, que ce soit le BAC, le BAC PRO ou le BEP.



Il faut absolument respecter les engagements pris auprès des familles qui sont : des conditions favorables de scolarité tout en permettant à leurs enfants une pratique du football à un haut niveau.



L'article du " Monde " parlait d'un centre qui avait 80% de réussite au
Bac. Quels sont vos taux de réussite ?




Denis Schaeffer : Les pourcentages ne veulent rien dire ! Vous présentez deux candidats qui seront reçus, vous aurez 100 %. Il faut parler en terme d'effectif.

Si je reprends le groupe " 83 " qui a réussi le doublé historique Coupe Gambardella - Championnat de France des moins de 17 ans, 7 ont été présentés au bac, 6 l'ont eu dont 5 en série S et 1 en STT.

Il faut savoir que la dernière épreuve avait lieu la veille de leur Finale de Championnat ! Et 15 jours avant ces garçons remportaient la Coupe Gambardella !



Pour leur donner le maximum de chances, nous avons mis en place un programme de 7 à 8 heures de révision avec deux professeurs qui sont partis avec eux à l'hôtel pendant le week-end des demi-finales.

En ce qui concerne les autres filières, nous avons : 2 reçus en BEP sur 2, 2 passages en première sur 2 garçons issus de seconde et 8 passages sur 8 de première en terminale.

Enfin trois joueurs étrangers n'étaient pas scolarisés. Pour ceux-là nous nous efforçons de mettre en place et pour chacun, un parcours individualisé avec des cours de Français, de Mathématiques, d'informatique.



Le maître mot est de ne pas tomber dans la facilité : il faut répondre à toutes les demandes. Récemment nous avons eu deux garçons qui voulaient absolument passer un BEP Mécanique Automobile. Ils l'ont souhaité, nous avons tout fait pour leur assurer cette scolarité.



On aborde là le problème de la reconversion, si décriée parfois…



Denis Schaeffer : Exact, il faut offrir un maximum d'atouts à ces jeunes. Nous pensons au club qu'il vaut mieux avoir pour intégrer une filière STAPS (où un certain nombre iront) avec un Bac S ou ES qui les prépareront mieux à assumer la charge de travail que l'on rencontre à l'Université.



L'image négative des classe de " footeux " a-t-elle encore cours ?



Denis Schaeffer : Nos classes constituent des classes enviées. Au début il est vrai qu'elles avaient une image très négative. Les professeurs sont à présent volontaires. Les jeunes footballeurs sont en fait des garçons travailleurs, motivés et rigoureux. Cela s'inscrit dans une logique de travail et de progrès. Ils sont certes vivants mais ces classes sont souvent les meilleures classes de l'établissement. Ainsi les professeurs ne tarissent pas d'éloges sur notre classe de seconde. Mais n'oublions pas que l'année scolaire est longue et qu'il ne faut pas s'endormir sur ses lauriers.



Il faut valoriser le travail sur le plan scolaire. La progression est une progression de tous les instants. On ne peut pas dissocier les choses. Les
entraîneurs ont autant d'importance que les professeurs et réciproquement dans l'épanouissement des garçons.



Autre volet décrié par l'article pour certains centres, qu'en est-il du suivi médical à Metz ?



Denis Schaeffer : Nous avons trois médecins (un pour la préformation et deux pour la formation) qui assurent 6 (2+4) consultations par semaine (sans compter les matches), ainsi que deux kinés qui assurent deux (1+1) consultations quotidiennes.



Le suivi médical est assuré par une commission médicale qui se réunit régulièrement
et dans laquelle sont présents les entraîneurs, le directeur du centre, le responsable pédagogique, les médecins et les kinés.



Chaque joueur est ainsi suivi sur un parcours de 6,7 ans par les mêmes personnes qui connaissent tout de son cursus, médical, scolaire ou sportif.



C'est ce qui fait votre force ?



Denis Schaeffer : Effectivement, il n'existe pas de secteurs dissociés. Chaque intervenant est capable de parler de chaque joueur sur ces trois plans. Et quand on voit jusqu'à 7 joueurs issus du centre contre Auxerre en championnat, cela fait plaisir de se dire que l'esprit est là.



Que reste-t-il à améliorer ?



Denis Schaeffer : Il faut déjà maintenir ce niveau de rigueur et de concentration. Il faut absolument éviter l'essoufflement. Notre nouveau projet est le développement du pôle préformation que nous mettons en place avec les clubs partenaires.

En ce qui concerne les garçons plus âgés, il faut améliorer la prise en charge des garçons d'origines ou d'horizons différents. Notre recrutement se mondialise. Notre souci est de favoriser l'intégration et la réussite de ces garçons.

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