Metz - Clermont, je réserve ma place

« Je ne ferai pas de sentiment »

Cédric Barbosa s’apprête à retrouver Montpellier vendredi. Une pointe de nostalgie accompagne son accent chantant lorsque le milieu messin nous parle de son club formateur. Au sujet de l’opposition à venir, il promet de ne pas faire de cadeau.
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Cédric, quels souvenirs gardez-vous de vos débuts parmi l’élite sous le maillot de Montpellier ?

Cédric Barbosa : « Beaucoup de très bons souvenirs… J’y ai passé six années et connu trois entraîneurs : Mezy, Gasset et Bernardet. Je n’ai pas beaucoup joué la première saison, mais par la suite j’ai pu m’y faire une belle place. L’année suivante, nous avions remporté la Coupe Intertoto et passé un tour de Coupe de l’UEFA. La Corogne, qui allait ensuite devenir champion d’Espagne, nous a éliminés. Je me rappelle qu’ils nous avaient surclassé techniquement, bien que nous ayons eu quelques opportunités de faire basculer les rencontres en notre faveur. Malheureusement, au terme de cette saison, nous étions descendus. Mais le club ayant fait l’effort de garder un maximum de joueurs, nous avions repris l’ascenseur dès l’année suivante. »

Comment décririez-vous le Montpellier Hérault Sporting Club ?

C.B. : « Il a toujours été un club formateur, avec un côté familial à l’image du FC Metz. J’ai l’impression malgré tout que le Club à la Croix de Lorraine est un peu mieux structuré en interne. Du côté de la Mosson, les affluences sont peu élevées cette année mais le public montpelliérain n’a jamais vraiment accroché. Je me souviens qu’à l’époque, nous tournions entre 10 et 14 000 spectateurs en première division, avec des pics à 25 000 pour les gros matches. Peut-être que ce n’est tout simplement pas une ville de foot. Il faut dire que les autres sports sont aussi très bien représentés et les gens ont davantage le choix. »

Lorsqu’on regarde la liste des joueurs qui ont évolué à vos côtés à la fin des années 90, on a la sensation d’un énorme gâchis. Beaucoup ont réalisé de belles carrières par la suite…

C.B. : « Le club pouvait-il faire autrement ? Il vit aussi des joueurs qu’il transfère et la plupart lui ont rapporté de l’argent. Peut-être que quand l’équipe tourne bien, le club ne peut plus suivre derrière financièrement. Je ne crois que ce soit un manque d’ambition. Lors de ma deuxième saison à Montpellier beaucoup d’anciens Nantais nous avaient rejoints, ce qui prouve que les investissements étaient faits. Mais à l’époque, la mayonnaise n’avait pas pris. Après, même si le palmarès du club n’est pas génial, il a eu de belles périodes et connu l’Europe. C’est dommage, bien sûr, car on pourrait faire beaucoup de choses là-bas. Le climat, la ville, le club sont intéressants. Il y a un potentiel. »

Étiez-vous devant votre poste lundi soir pour Montpellier – Reims ?

C.B. : « Oui évidemment, Montpellier reste ‘mon club’, entre guillemets. J’y ai passé les meilleurs moments de ma carrière. Alors dès qu’ils passent à la télé, j’essaie de les regarder. Cette saison, ils ont la possibilité de remonter avec nous. Je pense que pour eux, c’est l’année ou jamais. Techniquement, l’équipe a une belle maîtrise du jeu et dispose d’atouts offensifs. Paradoxalement, elle était pourtant avant le match de lundi la meilleure défense du championnat. Alors qu’elle donne l’impression de laisser beaucoup d’opportunités à ses adversaires. Est-ce qu’ils veulent trop jouer ? Nous allons voir ça à la vidéo cette semaine et essayer d’avoir la bonne interprétation. »

Venons-en à votre saison. A 32 ans, vous retrouvez la Ligue 2. Est-ce difficile de passer à l’étage inférieur après avoir évolué la majeure partie de sa carrière au sein de l’élite ?

C.B. : « Ce n’est pas évident et je dois avouer que je ne l’ai pas très bien vécu au départ. Je prends cela comme une regression même si ce n’est pas forcément le cas. Malgré tout, j’évolue tout de même à Metz, qui est pour moi un club de Ligue 1 ; et nous jouons la remontée. La Ligue 2 est un championnat qui a bien évolué depuis que je l’ai quitté. Le niveau a augmenté, sans doute car beaucoup de formations ne parviennent pas à remonter en Ligue 1 immédiatement après être descendues. Au final, c’est une compétition assez intéressante à jouer. »

Et sur la pelouse, comment vous adaptez-vous au changement de style de jeu ?

C.B. : « Je trouve qu’il y a plus de joueurs capables, intrinsèquement, de faire la différence en un contre un de par leurs capacités physiques. Mais à côté de ça, ils sont régulièrement coupables de largesses tactiques. Pas mal de formations misent sur l’engagement mais ce n’est pas uniquement l’apanage de la Ligue 2. Et lorsqu’on arrive à combiner pression physique et technique, comme nous y sommes parvenus parfois, on parvient vite à produire des choses intéressantes. Pour prendre l’exemple de Reims contre Montpellier, certes ce fut une rencontre accrochée. Dans ces cas là les décisions arbitrales font parfois la différence, ou les coups de pieds arrêtés. »

Justement, sur ces phases de jeu, Montpellier est particulièrement armé ; à l’inverse de Metz qui semble peu habile dans ce domaine. Comment l’expliquez-vous ?

C.B. : « Les coups-francs sont effectivement une véritable force pour Montpellier. Ils maîtrisent parfaitement cet aspect. Nous serons très attentifs à cela, il s’agira d’éviter de faire des fautes aux abords de la surface. A tous les niveaux, ce genre d’action débloque les situations, que ce soit lors de matches internationaux en championnat. De notre côté, il est vrai que nous ne sommes pas performants à ce niveau. Sur certains matches, nous, les tireurs, avons été maladroits. Mais cela n’a pas toujours été le cas. Pour marquer de la tête sur une balle arrêtée, il faut aussi le vouloir, aller au contact ; et être coordonné avec le frappeur. Avoir le bon timing. C’est un ensemble de choses à réunir. Contre Boulogne, nous étions proches d’y parvenir à plusieurs reprises. »

Pour finir, que ressentez-vous à l’idée d’affronter Montpellier vendredi ?

C.B. : « Ces rencontres restent particulières pour moi. Au sein de l’effectif, je connais pas mal de joueurs, d’autant que je m’étais entraîné avec le groupe CFA juste avant ma signature à Metz pour garder la forme. De longue date, il y a Carotti, Delaye, Dzodic… Ait Fana, que j’avais plus ou moins dirigé vers Montpellier, connaissant des membres de sa famille. Maintenant, vous pouvez me croire, je ne ferai pas de sentiment sur la pelouse de Saint-Symphorien. Aujourd’hui, je suis à Metz et une chose m’importera : remporter ce match. »

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