Le contraste est saisissant. Il accompagne ceux qui passent brutalement de l’ombre à une lumière éclatante. L’image de Cyril Chapuis, messie d’un onze messin bégayant devant son public, laissant éclater sa joie, a de quoi surprendre… et réjouir. Il faut dire que l’attaquant, que Metz a engagé en janvier dernier après plusieurs mois d’inactivité, est resté tapi dans l’obscurité de nombreux mois durant, enchainant les pépins physiques. Et qu’il est, de plus, d’un naturel réservé. « Marquer m’a fait plaisir par rapport à la physionomie du match, raconte-t-il. Ce but permettait à l’équipe de se tirer d’un mauvais pas. Ensuite, j’ai pensé à moi. Après la saison que je viens de vivre, cela me fait beaucoup de bien. »
Au rayon « galères », la garde robe de Chapuis est bien fournie. Elle s’est largement étoffée ces derniers temps. Premier épisode en juin 2005, lorsqu’il quitte Ajaccio le pied fracturé, indisponible pour plusieurs mois. Il passera une saison complètement blanche. Le second deux ans plus tard : six mois sans employeur. Sous les couleurs de Grenoble puis de Metz, Yvon Pouliquen lui tend la main à deux reprises. « Il a dû estimer que le potentiel était toujours là, commente Chapuis. J’ai en quelque sorte bénéficié de mon passé. Je suis en tout cas redevable à 100% de ce coach. C’est selon moi quelqu’un qui n’exerce pas au niveau qu’il mérite. » Un niveau que l’attaquant aspire lui aussi à retrouver.
Si ses envies d’élite le tenaillent toujours, Cyril Chapuis a compris qu’il lui faudrait être patient pour y remettre les pieds. Il ne vit plus, désormais, la soirée du samedi de la même façon : « Lorsqu’on a évolué en L1 et qu’on descend à l’étage inférieur, on conserve forcément un peu d’amertume. On a envie d’y jouer aussi. A un moment donné, j’y ai peut-être trop pensé. Puis, je me suis remis en question et j’ai réussi à faire la part des choses. Il est évident que ce n’est pas maintenant que Monaco ou Marseille va venir me chercher. Je me suis aperçu que cela ne servait à rien de broyer du noir comme je le faisais. Pour oublier, je me suis mis à fond dans le travail au cours de la préparation. Aujourd’hui, on peut dire que cela a payé. » Si bien que le numéro 7 messin n’envisage plus autre chose que de continuer.
Pour le moment, Yvon Pouliquen a accordé sa confiance au duo Cissé – Gestede. Alors que l’attaque lorraine éprouve des difficultés à se montrer efficace, la prochaine étape pour Chapuis consiste donc à gagner une place de titulaire. Un challenge qui ne peut pas lui faire peur, après une si longue période de disette. « Cette année, indique-t-il, j’ai la chance d’avoir effectué toute la préparation physique d’avant saison. Cela faisait quatre saisons de rang que j’en étais privé. Actuellement, je suis en forme, mais je peux encore progresser. Je vais continuer sur le chemin que j’ai emprunté depuis plusieurs semaines. Je sais qu’ainsi, je jouerai davantage. » Chapuis ne laisse échapper de son discours aucune forme de doute. Il affirme, en outre, qu’il se sent bien au sein du groupe messin. Tout est donc réuni pour qu’il achève sa régénération.