la longiligne silhouette de Cheikh Gueye à l’occasion de ses retrouvailles
avec la Ligue 2. L’homonyme de Babacar (aucun lien de parenté)
prenait place dans le couloir gauche pour participer à la victoire inaugurale
des siens sur Istres (3-0). Depuis, le jeune homme a confirmé qu’il
était plus qu’une solution de rechange pour Francis De Taddeo.
Ce dernier l’a titularisé à cinq reprises et a fait appel
à lui une fois pour entrer en cours de match. Six apparitions en huit
journées, sans bruit ni éclaboussures. C’est dans sa personnalité
: « Je ne parle pas beaucoup, admet-il. Je suis quelqu’un
de calme et discret. Je l’ai toujours été, c’est comme
ça ! »
« Un garçon exemplaire
»
Pour le découvrir un peu, il faudra donc se tourner vers Touré
; Mady de son prénom, directeur de « Génération Foot
» de son état. Le centre de formation d’où sont issus
les N’Diaye, Djiba et compagnie a également couvé Cheikh
pendant un temps. Deux saisons, exactement, au cours desquelles le latéral
a fait ses armes au poste de milieu excentré. « Je n’ai
jamais eu de problème avec lui, se souvient Touré. C’est
un garçon exemplaire qui a une très bonne éducation. Je
me comporte en grand frère avec lui. Je suis souriant, amical, mais si
j’ai des choses désagréables à lui dire, je ne me
prive pas. Cheikh est également un garçon très religieux,
c’est une bonne chose pour un footballeur de haut niveau. »
Pas d’alcool ni de boîte de nuit au programme des soirées
de son protégé, adepte du mouridisme.
Quand, d’un coup de fil, le patron du centre avertit Francis De Taddeo
qu’un garçon « ayant le profil de Trabelsi »
était à sa disposition, le coach des Grenats, alors celui de l’équipe
réserve, voulut juger par lui même. De son séjour à
Dakar, il ramenait alors Cheikh Gueye dans ses bagages. Après une saison
en réserve, ce dernier a donc intégré le groupe professionnel
qu’il fréquente désormais avec une assiduité qui
n’est évidemment pas pour lui déplaire. « Je ne
peux pas dire que c’est une surprise, sourit-il. Mais cela fait
plaisir. C’est ma première saison en Ligue 2. J’aime évoluer
sur le côté et déborder mais j’ai encore beaucoup
de choses à améliorer dans mon jeu, que ce soit sur le plan offensif
ou défensif, dans le replacement. Quoiqu’il arrive, il faut toujours
travailler pour progresser même si cela prend parfois du temps. »
Jusqu’à maintenant, le calme qui caractérise sa personne
a du mal à se traduire sur les pelouses. L’année passée,
il eut souvent à faire avec les suspensions : 2 rouges et un bon nombre
d’avertissements : « 7 ou 8, je ne sais plus. » Cheikh
n’est jamais méchant mais souvent en retard sur des actions qui
ne nécessitent pas forcément une intervention extrême. Comme
à Caen, où il fut averti alors qu’il a peut-être réalisé
l’un de ses meilleurs matches en équipe première. Avant
de retrouver le banc à Dijon. « Je le prends tranquillement,
dit-il. Il n’y a pas de problème. Le plus important est
que l’équipe gagne. Dans ce cas, que je sois sur le banc ou sur
le terrain, cela me procure le même plaisir. » Son objectif,
pour finir : « faire monter l’équipe. » Et
sur un plan plus personnel ? « Je n’en ai pas », répond
il le sourire aux lèvres. Cheikh Gueye semble vouloir continuer à
ne pas parler. Qu’il ne change pas, il n'est pas nécessaire d'avoir
une langue bien pendue pour être un bon footballeur.