sourit-il. Certains pensent même que je suis né en Allemagne.
C’est normal, je n’ai jamais joué dans un club togolais.
» Drôle d’oiseau que ce Cherif Touré ! En
retraçant son parcours, on s’aperçoit que l’Epervier
du Togo est bien un migrateur. Aujourd’hui, le joueur est libre de tout
engagement en raison des déboires financiers de son club de Livingston
(D1 écossaise) où neuf éléments de l’équipe
première se sont retrouvés sur le marché, faute d’avoir
reçu leurs derniers salaires.
Pour Touré, voilà une bonne occasion de changer d’air. Bien
que contacté par d’autres formations de Ligue 1, il a pris la direction
de la Lorraine, attiré par la description du club que lui ont faite ses
deux coéquipiers de sélection Adebayor et Agassa. Présent
au sein du groupe depuis le stage de préparation à Weiskirchen,
le milieu de terrain a convaincu le staff mosellan, qui espère concrétiser
sa venue dans les prochains jours. Si tout cela se confirme, il pourrait enfin
trouver un environnement favorable à l’éclosion de son talent.
« Repéré dans la rue »
Mamam (c’est son prénom) Cherif Touré (c’est son nom)
est né le 13 janvier 1981 à Mango. Alors qu’il n’a
que 14 ans, l’œil d’un « touriste allemand » détecte
ses qualités de footballeur. Il s’agit en fait de l’agent
d’Andreas Kopke, l’explosif portier qui précéda Oliver
Kahn dans les cages de la Nationalmannschaft. Touré s’envole alors
vers l’Eintracht Francfort, qui souhaite développer un centre de
formation. Il y passera trois années de sa vie. « La langue
n’était pas vraiment un problème puisque je parle un peu
allemand, se rappelle le Togolais. J’ai surtout eu du
mal à me faire à la mentalité germanique. Ce sont des gens
très rigoureux et exigeants. Mais avec du recul, je m’aperçois
que cette expérience m’a servi. Notamment sur le plan physique
puisqu’elle m’a appris à travailler cet aspect. »
Problème, les rêves d’expansion de la formation tombent à
l’eau. Le projet capote mais Touré pense retomber sur ses pieds
en rejoignant l’OM, dont Kopke garde les buts de l’équipe
première. A 17 ans, il intègre le groupe professionnel pendant
deux mois. Mais il est finalement jugé trop jeune pour évoluer
au sein de l’élite par Roland Courbis. « La période
de transferts était terminée et je me trouvais dans un groupe
comportant une équipe-type et des joueurs expérimentés.
Alors, une formation des Emirats Arabes Unis s’est manifestée.
» Et Touré a repris l’avion pour participer à
un championnat plus fréquenté par des joueurs en fin de carrière.
Deux saisons plus tard, chemin inverse. L’opportunité d’un
retour en Europe se présente via une proposition de Livingston, avec
qui il s’engage pour plusieurs saisons. Finalement, il n’ira pas
au bout de son contrat. Cela ne semble pas lui déplaire : «
Il est difficile de jouer milieu de terrain dans un championnat comme l’Ecosse.
Là-bas, seules deux équipes jouent au ballon, les Rangers et le
Celtic. Toutes les autres procèdent par de longs ballons en avant. C’est
dur de se faire plaisir dans ces conditions. » Le bon vieux «
kick and rush » ne correspond pas aux qualités de ce joueur, habile
balle au pied et bon centreur. Joël Muller parle d’un « profil
intéressant » à qui il reste « à travailler
sur le plan tactique. » Aujourd’hui, Touré avoue être
à l’aise au sein de l’équipe messine. S’il apprécie
les bords de la Moselle, espérons pour lui et pour le FC Metz qu’enfin,
il y fasse son nid !