Metz - Clermont, je réserve ma place

Terry Yegbe : « Petit, on me surnommait Éric Cantona »

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Pouvez-vous nous raconter votre enfance, au Ghana ?

Je suis né à Akatsi, une petite ville située dans le sud du Ghana, dans la région de la Volta. Je viens d’un milieu assez modeste, j’ai quatre frères et quatre sœurs. Petit, je travaillais à la ferme pour aider mes parents, avant d’aller à l’école. Je me rendais aussi parfois au marché pour vendre ce qu’on venait de récolter. J’ai toujours eu cette force en moi qui me permettait et me permet encore aujourd’hui de ne jamais baisser les bras. Je viens d’une communauté où il faut être robuste et courageux, sinon on ne peut pas s’en sortir. Je suis fier du chemin parcouru.

Comment avez-vous découvert le football ?

J’ai commencé le football très jeune. Je jouais dans la rue, souvent pieds nus, avec des voisins plus âgés que moi. Ils m’ont beaucoup appris et exultaient quand je faisais trembler les filets. À l’époque, je jouais attaquant, j’adorais dribbler. On me surnommait Éric Cantona (rires). J’aimais tellement ça que je ne voyais pas le temps passer, je rentrais tard à la maison et je me faisais souvent gronder par ma maman. Pour elle, l’école, c’était le plus important. Ce n’était pas le cas de mon père, il avait joué au football dans sa jeunesse et m’a poussé à rejoindre un centre de formation. Il est malheureusement décédé depuis. Mes frères jouaient eux aussi au football, mais j’étais le seul à vraiment m’y investir avec autant de sérieux. Ils ont toujours priorisé l’école et jouaient essentiellement pour le plaisir. Moi, j’ai toujours rêvé de me faire un nom dans ce sport et je savais que je devais me donner à fond pour y parvenir. Qu’importe le milieu dans lequel on grandit, on peut devenir quelqu’un de bien et accomplir ce dont on rêve, si on s’en donne les moyens.

Comment s’est passée votre formation à la West African Football Academy (WAFA) ?

J’ai d’abord intégré un club local, le Kickers FC, à l’âge de 14 ans, où j’ai évolué pendant presque deux ans. Par la suite, j’ai donc rejoint la West African Football Academy (WAFA), à Sogakope, un centre de formation africain réputé. L’académie dispose d’un internat, et dès mes débuts, j’ai passé huit mois sans voir ma famille. C’est là que j’ai réellement pris conscience de mon potentiel et j’ai redoublé d’efforts pour réussir. Plusieurs joueurs formés à WAFA jouent d’ailleurs en Europe, à l’image de Gideon Mensah (AJ Auxerre), que j’ai croisé le week-end dernier à l’Abbé Deschamps. Je suis le seul, dans le quartier où j’ai grandi, à être devenu footballeur professionnel en Europe. Moi, Terry Yegbe, le joueur de Kickers FC, je suis devenu un véritable modèle. Je prends ce rôle très à cœur, je me dois de montrer la meilleure version de moi-même. Je motive les jeunes de mon quartier, je leur répète de croire en eux, de faire confiance à la vie. On vient d’un milieu où personne ne croit que tu peux réussir grâce au football, où personne n’est prêt à t’aider. Aujourd’hui, les jeunes qui commencent au Kickers FC peuvent se reconnaître dans mon parcours.

Quelle a été la réaction de votre entourage quand vous avez signé votre premier contrat professionnel ?

Au début, je ne l’ai dit à personne, sauf à un de mes grands frères. Parce que ce n’était pas simplement une grande étape dans ma carrière, je quittais pour de bon mon pays d’origine, pour rejoindre l’Europe, la Finlande. Quand j’ai annoncé la nouvelle à ma mère, elle était folle de joie. Toute la famille a partagé ce bonheur, et ils se sont immédiatement mis à prier pour moi. À mon arrivée en Finlande, ce fut un véritable choc : je suis arrivé en plein hiver et, pour être honnête, je n’étais absolument pas préparé à un froid pareil. Au Ghana, il fait toujours chaud, donc c’était complètement différent. Je ne sentais plus mes orteils quand je m’entraînais. Mais il était hors de question que j’abandonne. Car au départ, j’étais prêté par le Vision FC, un club ghanéen.

Quelle importance votre famille a‑t‑elle dans votre vie ?

Ma famille vit toujours au Ghana, je les appelle souvent et j’essaie d’y aller le plus souvent possible. Je me tourne vers eux dès que je rencontre un problème, et même lorsque tout va bien, ils me donnent des conseils et m’encouragent. Ils me rappellent d’où je viens et tout le chemin que j’ai dû parcourir pour en arriver là. Je leur dois beaucoup. Parfois, ma maman me manque énormément. Mais depuis que j’ai commencé à jouer au football professionnellement, je me suis habitué à vivre loin de la maison. Je suis en train de voir avec Lucas, notre team manager, pour qu’elle puisse venir à Metz en février. J’ai vraiment hâte !

Vous avez récemment fait vos débuts en sélection nationale. Comment avez-vous vécu ce moment ? Vous êtes resté fidèle à vous-même, calme ?

Je rêvais de représenter l’équipe nationale et de faire honneur à ma ville. Encore une fois, je n’ai rien dit à ma famille. Je leur ai annoncé quand je suis rentré au Ghana. Je voulais leur dire en personne. Tout le monde était très content. J’ai toujours été quelqu’un de calme, de très posé, c’est dans ma nature. Je n’aime pas précipiter les choses. J’adore écouter de la musique et cuisiner. Je ne dirais pas que je suis un grand chef mais j’essaye (rires). Je prépare du fufu ghanéen, du jollof rice (ris gras). Parfois, je sors aussi au restaurant, avec Joel (Asoro) et Jonathan (Fischer) notamment.

Qu’est-ce qui vous a convaincu de rejoindre le FC Metz cet été ?

Avant de venir au FC Metz, j’ai échangé avec un de mes amis, qui joue à Saint-Etienne : Augustine Boakye. Il m’a parlé en bien du FC Metz, il m’a dit que c’était un bon endroit pour progresser. J’ai donc dit à mes agents que j’étais prêt à tenter l’aventure ! L’accueil a été formidable, même si beaucoup de joueurs ne parlent pas anglais, j’ai été très bien intégré. Dès mes premiers jours, j’ai beaucoup échangé avec Benjamin (Stambouli) et Jonathan (Fischer).

John Boye, également défenseur ghanéen, a évolué au FC Metz. Son parcours vous inspire-t-il d’une manière ou d’une autre ?

Quand j’étais enfant, je regardais beaucoup ses matchs, surtout ceux avec l’équipe nationale. Son style de jeu, son agressivité et sa détermination m’inspiraient énormément. C’était un joueur que j’aimais vraiment suivre.

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