Gauthier, au centre d’entraînement de Frescaty, vous êtes fréquemment le premier arrivé et le dernier parti. Pourquoi ?
« Je me suis fixé plusieurs objectifs. L’un d’entre eux est de disputer toutes les rencontres et éviter les blessures. À partir de ce moment-là, il faut réussir à en apprendre un peu plus sur son corps. Je fais attention aux petites alertes et je viens toujours tôt avant l’entraînement afin de mettre mon corps en route. »
Comment se concrétise-t-il ?
« C’est simple, je travaille les articulations de mes pieds, mes chevilles ou encore mes genoux. C’est ce qu’on appelle de la prévention afin de réveiller mon corps avant chaque séance d’entraînement. Au début de ma carrière, j’axais beaucoup mon travail d’avant séance sur la musculation, mais ce n’était pas forcément quelque chose qui me faisait me sentir mieux sur le terrain. J’ai échangé avec plusieurs professionnels qui m’ont conseillé de faire plus de mobilité et moins de musculation, car c’est ce dont j’avais besoin. Je m’entretiens de manière différente, mais c’est tout aussi important ! J’ai toujours voulu faire attention à mon corps, mais je n’avais pas forcément les clefs pour réussir à me sentir mieux. »
Aujourd’hui, vous disposez également d’une autre clef, puisque vous êtes mieux dans votre corps et dans votre tête…
« Effectivement. Il y a un moment dans ma carrière où j’avais le sentiment de stagner, de ne pas réussir à passer au-dessus de certaines choses. J’avais quelques blocages, mais j’ai eu la chance de rencontrer des personnes qui m’ont aidé et tendu la main. Avec des professionnels, j’ai beaucoup travaillé sur la préparation mentale et j’ai finalement réussi à enclencher quelque chose de nouveau dans ma carrière. Je pense que c’est une vraie réussite, car aujourd’hui, je n’ai jamais été autant libéré sur un terrain de foot. C’était très important de me sentir soutenu, de savoir qu’on me comprenait et de voir que je n’étais pas seul dans mon mal être. »
Qu’est-ce qui pouvait vous bloquer ?
« Comme tout le monde, avant d’être sportif, nous sommes des humains. Chaque personne a un bagage émotionnel et un vécu différent. Il faut réussir à travailler là-dessus pour débloquer les choses qui pourraient te brider sur un terrain. Par exemple, à un moment de ma carrière, ce n’était pas forcément simple de jouer devant 20 000 personnes tous les week-ends. Je m’entraîne quotidiennement pour être bon à un moment précis, et finalement je dois être performant le week-end durant 90 minutes où je suis jugé par des milliers des personnes. Ce n’est pas évident, il faut savoir être prêt. À l’époque, j’ai raté des matches, car je n’étais pas prêt mentalement à affronter ça. Oui, j’avais le bagage technique et les qualités pour faire des choses intéressantes, mais j’avais des blocages qui me laissaient à un niveau moyen. »
De quelle manière ces clefs vous ont-elles été données ?
« Il faut déjà savoir que je suis une personne perfectionniste et je n’acceptais pas que les choses n’aillent pas comme je le voulais. On m’a aidé à faire des choix même en dehors du foot, dans ma vie privée. On m’a également permis d’avoir plus confiance en moi et de me sentir à ma place. J’ai effectué des techniques de respiration, de visualisation et des séances de méditation afin de préparer au mieux les rencontres. Il n’est par exemple pas toujours évident de rester concentré. Lorsque tu subis pendant un match, tu peux vite te concentrer sur autres choses : l’environnement, l’arbitre, les supporters ou encore les adversaires qui cherchent à te déstabiliser. Tout cela fait partie du jeu, mais il faut avoir les épaules solides pour réussir à rester concentré sur le jeu, alors que tout est contre toi. Rapidement, j’ai ressenti le bénéfice de l’aide de ma préparatrice mentale sur le terrain. Aujourd’hui encore, je continue à travailler là-dessus, car l’aspect mental est très important pour réussir à être performant. »
Pouvons-nous dire qu’aujourd’hui vous fonctionnez moins à l’affect qu’avant ?
« C’est certain ! Avant, j’avais besoin de beaucoup de choses extérieures au terrain afin de réussir à être performant. Aujourd’hui, grâce à l’expérience et la maturité, j’ai moins besoin de ça pour y parvenir. Évidemment, c’est toujours mieux de savoir que je suis aimé pour réussir. C’est toujours aussi agréable de vivre des moments où nous nous sentons aimés, ça reste des moments exceptionnels à vivre, mais si ça ne vient pas, c’est que cela doit être comme ça. »
Vous faîtes également partie des rares joueurs engagés pour la cause animale. Pourquoi ?
« C’est quelque chose de très important, car l’Homme n’est pas au-dessus de l’animal. Je sais que beaucoup de personnes sont violentes avec leurs animaux et ne leur donnent pas assez d’amour. Pour ma part, j’ai un cœur et je suis très sensible à ça. Le premier chien que j’ai eu, je l’ai acheté, et je pense que c’était une erreur. Je n’en avais pas conscience à l’époque. Je pense qu’il est important d’adopter, c’est ce que j’ai fait avec Sparky, mon labrador. Dans ces refuges, il y a plein d’animaux qui méritent d’avoir une meilleure vie que ce qu’ils ont eu jusqu’à présent. »
Pour finir, vous avez quitté l’AJ Auxerre et la Ligue 1 Uber Eats cet été afin de rejoindre la FC Metz et la Ligue 2 BKT. Concrètement, que représente ce club et cette ville à vos yeux ?
« La Moselle et le FC Metz représentent mes terres. Je suis né à Thionville et depuis tout petit, je viens voir les matches à Saint-Symphorien. C’est un club qui a toujours compté pour moi et pour ma famille. C’était très fort de signer professionnel ici, mais j’avais envie aussi de montrer ce dont j’étais capable. Cet été, quand j’ai eu l’opportunité de revenir à Metz, je n’ai donc pas hésité. Évidemment, j’ai l’objectif de retrouver la Ligue 1 avec mon club de cœur. »