Metz - Clermont, je réserve ma place

Gueye : « Le FC Metz se doit de retrouver sa place en Ligue 1 »

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Idrissa, pouvez-vous revenir sur vos premiers pas derrière un ballon ?

« Je ne me souviens pas de la première fois où j’ai joué au foot. En revanche, j’ai le souvenir de nombreuses rencontres jouées dans la rue. À l’époque, nous jouions tous les jours et nous pouvions commencer à 12h00 et finir après 17h00, nous n’avions pas de limite de temps. Nous étions très nombreux, parfois plus de 20 joueurs dans la même équipe donc 40 personnes sur le terrain. Il n’y avait même pas d’arbitre. Nous nous retrouvions et nous nous amusions à jouer une grande partie de la journée. J’avais 6 ou 7 ans et j’étais déjà attiré par le but. Par la suite, les « grands » m’appelaient pour jouer avec eux et c’est ça qui m’a vraiment fait aimer le football. J’avais un cousin qui s’appelait Ablie, il m’a appris beaucoup de choses et me disait que j’avais du talent. Aujourd’hui, il vit en Côte d’Ivoire, ça fait longtemps que je ne l’ai plus vu. »

Qu’est-ce que vous a apporté ce cousin ?

« Nous n’avions pas pour habitude de jouer avec les plus grands et c’est lui qui m’emmenait toujours avec lui pour affronter les plus âgés. Il y avait aussi mes grands frères, ils me complimentaient souvent. Ils me disaient « tu es un bon joueur, si tu continues comme ça… ». À force de l’entendre, j’ai commencé à prendre confiance. Quand j’y repense aujourd’hui, j’en souris car je n’avais pas de crampons, je jouais avec des chaussures de plage et j’arrivais quand même à impressionner les plus grands. C’était une fierté pour moi ».

Vous avez ensuite intégré l’Académie Génération Foot dès 14 ans. Pour autant, vos débuts n’ont pas été simples…

« Les premiers contacts avec Génération Foot remontent à une rencontre amicale. À l’époque, j’étais au Centre de Formation de Mbour et je suis entré en jeu à dix minutes du terme de la rencontre. Pourtant, j’ai été le seul joueur à être repéré par les recruteurs de Génération Foot. Pourquoi ? Je ne sais pas vraiment, mais je me souviens que lorsque je suis rentré, je courrais partout et j’ai gagné beaucoup de duels. Pour commencer, j’ai fait un premier stage avec GF, mais je ne jouais pas forcément beaucoup lorsqu’il y avait des matches. Parfois, j’entrais sur le terrain et l’entraîneur décidait de me sortir dix minutes plus tard. Je me posais beaucoup de questions et je ne pensais pas réussir dans ce sport. Un jour, j’ai donc décidé de parler au coach pour essayer de comprendre pourquoi je ne jouais pas beaucoup. »

« Je suis tombé dans les escaliers et je me suis coupé un doigt de pied »

Pouvez-vous nous raconter cette conversation ?

« À la fin d’un stage, je suis de retour à Mbour et j’appelle l’entraîneur afin de lui demander s’il était possible de discuter. Je lui ai dit que j’avais envie de jouer plus et je lui ai demandé « Qu’est-ce qu’il me manque ? Que dois-je améliorer ? ». Honnêtement, il a été très à l’écoute et il m’a dit « Tu es un bon joueur, mais tu dois être plus concentré sur le terrain et travailler encore plus dur. Si tu parviens à améliorer cela, je suis persuadé que tu pourras rester à Génération Foot. » Dans ma tête, ça a été comme un déclic. »

C’est-à-dire ?

« Je ne pouvais pas laisser passer ma chance. Pour moi, c’était un rêve de jouer pour Génération Foot. Je regardais tous les matches de cette équipe et je me disais qu’un jour, ça serait moi qui jouerait avec ce maillot. J’ai donc décidé de travailler encore plus dur. Je m’entraînais deux fois par jour : matin et soir. J’ai fini par réussir à faire un deuxième stage avec GF. À cette occasion, nous avons réalisé des tests et quelques jours plus tard, Olivier Perrin (directeur sportif de Génération Foot à l’époque) m’a appelé pour me prévenir que j’étais admis et que j’allais donc intégrer l’Académie. »

Quelle a été votre réaction ?

« Vous ne pouvez pas imaginer à quel point j’étais heureux. J’étais tellement content qu’en courant pour aller appeler ma mère pour la prévenir de cette bonne nouvelle, je suis tombé dans les escaliers et je me suis coupé un doigt de pied. Je craignais tellement que l’Académie ne me prenne finalement pas que j’en ai pleuré et j’ai décidé de ne rien dire à personne. J’ai donc choisi de jouer avec cette entaille au pied. Un jour, le médecin de l’Académie a remarqué mon pied et m’a expliqué que je ne pouvais pas cacher cette blessure. Il m’a persuadé qu’on ne me virerait pas pour ça, car les dirigeants connaissaient mes qualités. »

« Frédéric Arpinon m’a donné énormément de confiance »

À peine quatre ans plus tard, vous rejoignez l’Europe et le FC Metz. Un nouveau rêve se réalise ?

« Oui, c’est un véritable rêve. D’autant plus que je sortais d’une grave blessure, et je pensais vraiment que c’était terminé pour moi le football. Heureusement, Frédéric Arpinon m’appelait tous les jours pour me remonter le moral. Il me répétait quotidiennement de ne pas baisser les bras et que j’allais revenir beaucoup plus fort. Il a fait beaucoup pour moi et il m’a donné énormément de confiance. »

Il avait vraisemblablement raison puisqu’aujourd’hui vous jouez en Ligue 2 et comptez déjà 6 buts en 17 apparitions…

« Effectivement, j’ai bien fait de l’écouter et croire en ce qu’il me disait. Mais, je reste persuadé que je peux encore faire mieux. Ce n’est que le début, et il ne faut pas oublier que je reviens d’une grave blessure et que je n’ai encore que 18 ans. Je commence seulement à m’adapter et je dois encore beaucoup apprendre. »

Venons-en à cette fameuse 93ème minute de jeu, samedi dernier, à Saint-Symphorien. Qu’avez-vous ressenti au moment où le ballon a franchi la ligne de but ?

« Pour être honnête, je n’ai jamais ressenti ça auparavant. C’était tout simplement incroyable, totalement fou, dans une ambiance exceptionnelle. Sur le coup, j’ai tout de suite pensé au coach, car il le mérite. C’est un très bon coach, il m’aide beaucoup au quotidien et j’étais très heureux pour lui. J’ai pensé aussi à Frédéric (Arpinon) et à ma famille. Avant chaque match, ma mère m’envoie un message. Elle prie tous les jours pour moi, mais aussi pour l’équipe. Franchement, j’étais tellement content, même si ce n’est pas moi qui marque. L’essentiel était la victoire. Moi, si je rentre deux minutes, c’est pour aider l’équipe. Je fais tout mon possible pour marquer, mais je ne rechignerai jamais à défendre. Vous l’avez bien vu après cette ouverture du score, je défendais entre Michel (Mboula) et Sadibou (Sané). »

Pour finir, dans quel état d’esprit êtes-vous avant cette double confrontation face au Stade de Reims ?

« Nous n’avons pas le choix : nous devons monter ! Le FC Metz se doit de retrouver sa place en Ligue 1. Dans tous les cas, je suis prêt à aider l’équipe pour atteindre cet objectif. Nous devons le faire tous ensemble, et avec nos supporters. Sans eux, nous ne sommes rien. Ils sont incroyables et mettent une ambiance exceptionnelle dans le Stade. »

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