
Avec 12 buts et une passe décisive en 26 apparitions, pouvons-nous dire que vous réalisez la meilleure saison de votre carrière ?
« Oui, nous pouvons dire ça. Je n’ai jamais été autant décisif, donc c’est clairement ma meilleure saison. Néanmoins, une carrière de football, ce n’est pas toujours positif. Donc, quand ça fonctionne comme c’est le cas actuellement, il faut en profiter au maximum et essayer de faire durer cela le plus longtemps possible. »
Comment expliquez-vous que cette éclosion arrive aujourd’hui à 25 ans (26 depuis quelques semaines) ?
« Je n’ai pas forcément d’explication, il y a des saisons où tu te sens mieux que d’autres et c’est comme ça. Je pense tout de même que la confiance de l’entraîneur joue un grand rôle. Le coach a une grande confiance en moi, il me donne beaucoup de temps de jeu et je fais le maximum pour lui rendre cette confiance et lui montrer qu’il fait bien de croire en moi. »
Au quotidien, comment se concrétise la confiance qu’il vous montre ?
« Dès le début de la saison, il m’a dit que j’étais capable de marquer 20 buts et il continue à me le dire souvent. Malgré les moments difficiles, il est toujours derrière moi, à m’encourager. Lorsque tu es joueur, tu as besoin de ça. Ce sont des propos qui me vont droit au cœur. Je ne pense pas être un attaquant de pointe, mais il a décidé de me positionner à ce poste et il faut dire que ça fonctionne plutôt bien. Maintenant, j’aime beaucoup jouer à ce poste. Je m’y sens vraiment bien, même si mon poste de prédilection reste celui d’ailier. Il me pousse à être plus proche du but pour finir les actions et être au bon endroit quand le moment se présente. Il me donne souvent des conseils qui portent leurs fruits. Par exemple, avant le déplacement à Rodez, nous avons regardé beaucoup de vidéos. Il m’avait fait remarquer que l’équipe adverse jouait directement en retrait vers son gardien dès le coup d’envoi. Il m’a dit de réaliser un pressing dès l’engagement et ça a porté ses fruits. J’avais confiance en moi, mais grâce à lui, j’ai encore plus confiance. Il sait ce dont je suis capable de faire et il a conscience que je peux être utile dans son dispositif. Il m’aide à être encore meilleur et c’est un deal gagnant pour tout le monde. »
Cette saison, vous êtes parvenu à marquer de la tête, du pied gauche, du pied droit, des buts en renard de surface et également d’autres avec sang-froid. Avez-vous l’impression d’avoir élargi votre palette ?
« Pas forcément. J’ai plutôt l’impression que c’est quelque chose de répétitif. Je sais que lorsque tel joueur déborde, je dois être à tel endroit où lorsque tel joueur a le ballon, je dois faire tel appel. Ce sont des choses que nous travaillons à l’entraînement, et des calculs que je fais dans ma tête pour anticiper la mauvaise passe de l’adversaire. À force de répéter les gestes, je sais que dans telle situation face au gardien, je dois tirer à tel endroit et la décision se prend en une fraction de seconde de ma tête. Face au but, je n’ai pas le temps de réfléchir, et je fais la première chose qui se passe dans ma tête. Il faut être présent au bon moment pour saisir l’opportunité et savoir prendre la bonne décision. Cette année, je pense que j’ai pris pas mal de bonnes décisions (rires). »
Avez-vous pour habitude d’analyser vos performances après les rencontres ?
« Oui, toujours ! Je regarde souvent les actions où je ne suis pas parvenu à concrétiser. Le staff nous envoie souvent des vidéos et je les regarde parfois chez moi à la maison. Si je vois une action, un contrôle ou une passe que j’ai ratés, je regarde comment je dois faire la prochaine fois afin de continuer à m’améliorer. »
Pouvez-vous nous décrire votre sensation lors que vous parvenez à faire trembler les filets ?
« C’est une très grande fierté et beaucoup de joie. À chaque but, je savoure car c’est une sensation indescriptible et un véritable soulagement. Quand j’entends les supporters scander mon nom dans tout le Stade Saint-Symphorien et quand je vois mes coéquipiers me sautaient dessus pour célébrer un but… C’est quelque chose de magnifique, c’est très beau à voir. J’aime tellement cette sensation. À partir du moment où tu le vis une fois, tu as envie de vivre cela à chaque match. »
Votre entraîneur est donc persuadé que vous pouvez atteindre la barre des 20 buts. De votre côté, avez-vous également un objectif chiffré ?
« En début de saison, j’avais dit que j’espérais mettre 10 buts. Maintenant, j’ai atteint cet objectif, j’espère donc réussir à aller jusqu’à 15. Si je parviens à inscrire encore trois buts (il est actuellement à 12), j’essaierais d’aller chercher les 20. Il faut toujours se fixer d’autres objectifs pour aller voir plus haut. Je serais très content d’atteindre les 20 buts pour rendre fier le coach. Mais, mon objectif premier reste surtout de réussir à monter en Ligue 1 avec ce groupe. »
Vos performances en Moselle vous ont permis de découvrir la sélection nationale sénégalaise. Comment avez-vous vécu ce moment ?
« Honnêtement, c’est une très grande fierté de porter le maillot de mon pays. C’est le rêve de tous les joueurs et sans doute la plus belle chose à réaliser pour un footballeur. Pape Thiaw (le sélectionneur sénégalais) est venu me voir lorsque nous avons joué au Red Star (en octobre 2024). À la fin de la rencontre il m’a confié que j’allais être appelé dans la prochaine liste. À peine je suis rentré dans le bus, j’ai prévenu ma compagne et ma famille. Je leur ai bien dit de ne pas le dire, car ce n’était pas encore officiel et il fallait attendre la sortie de la liste, mais je ne peux pas expliquer ce que je ressentais. J’étais tellement heureux. »
Pour finir, il paraît que vous êtes le meilleur cuisinier du vestiaire. D’où vient cet appétit pour les petits plats ?
« C’est venu tout seul, car quand tu vis seul, tu n’as pas le choix de te faire à manger, sinon tu vas manger n’importe quoi. J’ai appris tout seul en regardant des vidéos sur Youtube. C’est un véritable plaisir pour moi de faire à manger. Il m’arrive parfois de prendre deux ou trois heures pour faire un bon repas. C’est important de prendre son temps pour faire un bon plat sénégalais et inviter mes coéquipiers à la maison. Par contre, chez moi, la coutume veut que l’invité ne ramène rien chez l’hôte. Si tu viens manger à la maison, tu viens les mains vides, tu manges et tu rentres chez toi avec le ventre plein (rires). »