Pouvez-vous nous parler de votre parcours avant d’arriver en Moselle ?
J’ai grandi à Dakar, dans un quartier que l’on appelle Las Palmas. J’y ai passé toute mon enfance avec mes parents, mon frère et ma sœur. Il y avait toujours un ballon qui traînait chez nous, le football est une véritable passion familiale. J’ai donc commencé à jouer très tôt, avant tout pour le plaisir. Puis à force de taper dans le ballon, j’ai intégré une école de foot, je m’y suis intéressé sérieusement grâce à un de mes coachs. J’étais tout jeune, je devais avoir 9 ou 10 ans, et il m’a fait découvrir toutes les spécificités de ce sport. Il m’a tout appris. Il m’a inculqué des valeurs, de partage et de générosité. Il me répétait que le football est avant tout un sport collectif. Il avait la même philosophie qu’un coach que j’ai eu plus tard. Si aujourd’hui j’en suis là, c’est grâce à eux.
Quel a été le déclic pour devenir joueur professionnel ?
Je jouais très souvent avec mon frère et pour être tout à fait honnête avec vous, les gens de mon quartier sont unanimes pour dire qu’il est plus fort que moi. Et je suis d’accord avec eux (rires). À chaque fois qu’on faisait des matches ensemble, il me battait et je détestais cela ! Je n’aime pas perdre alors, même si ce n’est pas bien, on se chamaillait souvent à la fin. Mais il a choisi un autre chemin. Personnellement, j’ai eu de la chance et j’ai toujours eu en moi une grande motivation. J’avais envie d’aller jusqu’au bout, d’atteindre l’objectif que je m’étais fixé. Je tiens cette force de caractère de mon père. Dans tout ce que j’entreprends, je n’aime pas décevoir. C’est ce mantra qui m’a mené là où je suis aujourd’hui.
Quelle place occupe le Sénégal dans votre vie ? Que retenez-vous de vos années à l’Académie Génération Foot ?
Mes années à l’Académie Génération Foot se sont bien passées. L’aspect internat était assez compliqué au début. Mais je retiens que les bons souvenirs. L’équipe encadrante nous a forgé et fait grandir. Elle nous a préparé à l’après. Ma famille vit toujours au Sénégal. Dès que je peux, j’y retourne. C’est ma seule destination de vacances. J’ai besoin de voir mon père, ma mère, mon frère et ma sœur régulièrement. Dès que je suis avec eux, je me sens bien. Je ne sais pas vraiment comment le décrire, c’est plus fort que moi, j’ai envie d’être avec eux. En 2019, lorsque je suis arrivé ici, c’était très dur. Je suis arrivé au mercato d’hiver et je ne connaissais pas encore le froid messin ! À l’époque, le FC Metz jouait la montée. J’étais jeune et j’ai directement été intégré au groupe professionnel. Je devais m’adapter au climat, au jeu européen et à l’absence de ma famille. Heureusement, j’ai retrouvé des joueurs que je connaissais comme Cheikh Tidiane Sabaly ou Ibrahima Niane.
Justement, très vite après votre arrivée, vous obtenez le titre de Champion de Ligue 2. Comment avez-vous vécu cet évènement ?
Cela fait partie de mes plus beaux souvenirs avec le FC Metz, ce n’est pas donné à tout le monde. J’étais content pour les joueurs et les membres du staff, j’avais la médaille mais je n’avais pas joué. La montée, à l’issue de la saison 2022-2023, revêt une saveur plus particulière pour moi. Je me sentais plus concerné, j’ai aidé l’équipe. C’est donc mon plus beau souvenir avec le club grenat.
Entre ces deux moments de joie messins, vous avez connu deux prêts. Le premier au RFC Seraing, le deuxième au SO Cholet. Que retenez-vous de ces expériences ?
Je n’ai pas peur de dire que ces deux expériences ont changé ma vie. J’en suis sorti grandi, j’étais prêt. J’avais une meilleure compréhension de ce que je devais améliorer. Cela m’a énormément aidé tant sur le plan humain que professionnel. Je retiens que le positif. Si je n’avais pas connu ces prêts, je ne serais pas devant vous pour faire cette interview. Encore aujourd’hui, j’y pense grandement. Cela me guide et m’aide à faire des choix importants.
Qui sont les joueurs qui vous ont le plus inspiré dans votre carrière ?
Quand j’étais enfant, je n’avais pas vraiment de joueur modèle, je jouais vraiment pour le plaisir. Je ne regardais pas vraiment les matches. Je me souviens seulement de la finale de la Coupe de France, en 2007, l’Olympique de Marseille affrontait le FC Sochaux. C’est la première rencontre que j’ai observée avec beaucoup d’attention.
Quelles sont les qualités d’un défenseur central ? Avez-vous un joueur modèle que vous considérez comme une référence mondiale à son poste ?
Je dirais Thiago Silva, j’aime son agressivité sur le porteur du ballon, la qualité de ses relances. J’apprécie aussi le profil de Edmond Tapsoba, c’est un défenseur moderne qui évolue dans le championnat allemand. J’adore sa façon de jouer. À ce poste, tu dois te montrer rassurant, calme et solide. Mentalement et physiquement, il faut être présent et échanger autant qu’il se peut avec ses coéquipiers. C’est un poste qui demande une rigueur de tous les instants, tu n’as pas le droit à l’erreur.
À l’été 2023, vous avez prolongé votre contrat avec le FC Metz, qu’est-ce qui vous a poussé à faire ce choix ?
J’estimais que notre histoire ne pouvait pas se terminer comme cela. J’ai encore des choses à prouver. J’ai envie de montrer un autre visage, montrer que la confiance que l’on m’a donnée je peux la rendre sur le terrain. C’est ce qui m’a motivé à faire ce choix.