Paolo, qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez appris que le projet de Résidence à domicile allait voir le jour ?
Paolo Del Vecchio : J’ai ressenti un grand bonheur et une immense fierté. Cela faisait très longtemps que je travaillais sur ce projet. C’est donc un véritable aboutissement. Cette Résidence à domicile est labelisée Olympiades Culturelles Paris 2024, cette dimension olympique m’a rendu tout aussi heureux. Je suis tellement reconnaissant auprès du club, je vis une expérience unique en son genre. J’ai la chance de pouvoir passer beaucoup de temps au centre de formation pour m’imprégner de l’ambiance si particulière d’un club de football. J’observe et je discute avec de nombreux jeunes. Mes projets se nourrissent de ces discussions et de toutes les autres faites avec des membres du club. Je n’ai pas de medium particulier ce qui me permet de laisser libre cours à mon imagination. Je l’adapte à ce que j’ai envie de raconter.
Pouvez-vous résumer les différents projets que vous avec engagés avec le FC Metz cette saison ?
P.D.V. : Ils sont tous axés autour du personnage « artiste-footballeur », j’ai ainsi déployé cette identité sur différents projets artistiques. Pleinement inséré dans le monde du football, je suis sponsorisé par plusieurs marques. De ces différents partenariats naissent des œuvres. Les maillots-œuvres découlent de la collaboration avec Kappa, quant à la voiture, elle est née grâce à une relation professionnelle avec Car Avenue. Il y a aussi l’aspect performance, j’ai engagé mon corps dans l’œuvre. Je fais une préparation physique qui me permet de vivre le quotidien des joueurs. La photographie traduit ce que je repère en déambulant dans le club, ce que j’ai envie de mettre en exergue. Et derrière tous les projets avec les jeunes ou les professionnels, il y a cette idée d’initiation à l’art et de transmission essentielle à mes yeux.
Qu’est-ce que le club lorrain représente pour vous ?
P.D.V. : Je suis né à Metz, le FC Metz est mon club de cœur, c’est une institution dans la région. J’ai un attachement particulier et énormément de souvenirs liés à cette équipe. J’ai assisté à mon premier match de football au Stade Saint-Symphorien avec l’un de mes cousins. J’étais super impressionné.
Comment définiriez-vous votre relation au football ?
P.D.V. : Ma passion pour ce sport s’est construite au fil du temps. Lorsque j’étais petit, j’étais passionné d’automobile. Je rêvais de devenir pilote de F1. À l’adolescence, mon intérêt pour le ballon rond n’a cessé de grandir. J’ai désormais une relation passionnelle au football dans tous les sens du terme. Disons que je l’aime autant que je le déteste. Le football est le reflet de la vie, il renferme ainsi des aspects très positifs et tout aussi négatifs.
L’art et le football semblent être deux mondes très différents. Pourquoi avoir choisi de les associer ?
P.D.V. : Après l’obtention de mon baccalauréat, j’ai suivi un cursus artistique. J’ai donc commencé à fréquenter le milieu de l’art vers l’âge de 18 ans. Quasiment au même moment, j’ai mis un pied dans le monde du football professionnel. J’ai intégré la rédaction d’un site web amateur dédié au football, lancé en 2008, qui se nomme Calciomio. J’écrivais des articles sur différents sujets liés au ballon rond. À priori, ces deux mondes, que je côtoyais simultanément, semblent opposés. Mais personnellement, je ne les trouve pas si éloignés que cela. Même s’il est vrai que ces deux milieux peinent à dialoguer. L’art ne fait pas assez attention au football en tant que phénomène de société, et je trouve que le football ne développe pas assez l’aspect culturel alors qu’il est lui-même un acteur culturel. Lorsque j’ai entamé ce rapprochement entre la culture et le football, au début des années 2010, il n’y avait pas énormément de projets autour de ces deux sujets. Depuis, cela a beaucoup évolué. Il y a eu une prise de conscience de la part du monde de la culture. De plus en plus d’artistes collaborent avec des clubs, c’est très encourageant.
Si vous étiez footballeur professionnel, quelle serait votre célébration ?
P.D.V. : Ce serait une célébration à l’ancienne, j’adore quand les joueurs exultent et n’ont pas vraiment de célébration. J’ai été pas mal marqué par ces joueurs qui devenaient presque fous après avoir marqué et qui n’avaient pas le temps de penser à une célébration tellement ils étaient dans l’euphorie du moment. Aujourd’hui, tout est très chorégraphié et codifié.
Parle nous de ce maillot que vous avez créé avec le club…
Avec ce maillot inédit, j’avais envie de rendre hommage au club. Je souhaitais le remercier d’avoir initié ce projet unique et historique en France. Je voulais proposer une œuvre représentative de la saison. Cette année, toutes les composantes du FC Metz ont travaillé sur l’objet maillot, ils l’ont utilisé comme un moyen d’expression, à l’image d’une toile. J’ai donc imaginé cette tunique comme une toile en construction. Elle évoque à la fois le travail engagé mais elle invite aussi l’acheteur à imaginer ce qu’il aurait fait s’il était à ma place. Elle engage ainsi la créativité de celui qui le porte puisque l’œuvre n’est pas finie. C’est pour cette raison que j’ai volontairement décidé de ne donner aucune couleur au maillot mais seulement une texture, celle de la toile de lin.
Avez-vous un maillot préféré parmi la collection messine ?
Sans hésitation : le maillot grenat de la saison 1976-1977, près du corps et doté d’un col croisé, avec un énorme sponsor Fiat. Je l’adore !