Président Serin, le marché des transferts se clôture ce vendredi 1er septembre à 23h59. Jusqu’ici, ce mercato estival est-il conforme à vos attentes ?
Bernard Serin : « Partiellement, car il n’est pas terminé. Ma réponse définitive ne pourra intervenir qu’après la fin de cette période. Il y a encore des choses à faire dans le sens des arrivées comme des départs. Nous travaillons activement pour compléter le recrutement. Nous souhaitons incorporer à notre effectif des renforts qui pourront nous être utiles tout au long de la saison. Le domaine offensif fait partie de nos priorités ».
Ce mercredi, Georges Mikautadze a été officiellement transféré à l’Ajax Amsterdam. Quel est votre sentiment après ce départ ?
B.S. : « Mon premier sentiment est évidemment de la tristesse. Georges Mikautadze fait partie de la famille grenat. Cela faisait six saisons qu’il évoluait sous nos couleurs. Il a grandi ici durant sa période de formation. Il a ensuite développé son talent dans le championnat belge, au sein de notre club partenaire du RFC Seraing. Georges a contribué à la promotion de l’équipe dans l’élite puis à son maintien en première division, avec de nombreuses réalisations et de passes décisives. La saison dernière, il a été élu meilleur joueur de Ligue 2 BKT, où il a inscrit 23 buts. Il y a également la satisfaction de le voir rejoindre un club mythique européen, l’Ajax Amsterdam. Bientôt, il portera le même maillot que Johan Cruyff. C’est un très grand club, qui a l’habitude de mettre les jeunes talents en évidence. Je sais qu’il sera entre de bonnes mains dans un bon championnat ».
Un prêt d’une saison supplémentaire en Moselle n’était-il pas envisageable ?
B.S. : « Il y a eu des discussions en ce sens ces dernières semaines. On étudiait les possibilités d’un transfert vers un club qui aurait accepté de nous prêter Georges Mikautadze dans la foulée. Nous voulions privilégier cette solution. Malheureusement, l’Ajax Amsterdam n’a pas souhaité répondre favorablement à notre demande, car le club néerlandais comptait sur Georges dans son effectif pour la saison 2023-2024 ».
Le transfert du meilleur buteur grenat était-il donc inéluctable ? Pourquoi ?
B.S. : « Nous avons réalisé l’un des transferts les plus importants de l’histoire du club – le troisième aux côtés de Pape Matar Sarr et Ismaïla Sarr. Son transfert était indispensable dans l’équilibre des comptes du club. Celui-ci était programmé par la DNCG, qui, pour valider notre saison sur le plan financier, avait besoin de voir dans notre budget l’intention de réaliser des plus-values de transfert. Évidemment, la cession de Georges Mikautadze était celle qui pouvait apporter la plus grosse contribution à cet équilibre budgétaire. Son départ était donc inéluctable. On savait depuis la fin de la saison 2022-2023 qu’il serait extrêmement sollicité. De son côté, le joueur y trouvait un intérêt financier très important. On ne peut pas retenir un joueur qui a des sollicitations de ce type, comme on ne peut pas équilibrer les comptes du FC Metz sans des transferts importants, notamment dans la phase que nous vivons. Cette phase en question a commencé par la faillite de Mediapro, et devrait se terminer, je l’espère, par un nouveau contrat de droits TV négocié par la LFP qui nous octroiera des droits proches de ce qu’on aurait dû toucher avec Mediapro ».
Pour quelle(s) raison(s) cette vente a-t-elle été budgétée ?
B.S. : « C’est simple, nous sommes un club formateur. Peu de clubs dépensent autant que nous dans leurs structures de formation. Nous avons trois centres à savoir ceux de Metz, de Génération Foot au Sénégal et de Seraing en Belgique. Ce modèle unique nous permet de former davantage de joueurs de talents, mais engendre des dépenses considérables. L’autre élément est qu’avec la faillite de Mediapro, nous avons vu nos recettes liées aux droits TV baisser énormément. Ces recettes étaient prévues à hauteur de 35 millions d’euros. Finalement, nous n’avons obtenu que 15 millions d’euros. Il y a une perte de 20 millions d’euros entre la situation de Mediapro et celle d’aujourd’hui. Quand nous additionnons ces deux paramètres, nous avons une obligation de compléter les recettes billetterie et marketing par des cessions de joueurs par un montant de plusieurs millions d’euros chaque année. Nous l’avons fait avec Boubacar Traoré, Pape Matar Sarr, Ismaïla Sarr et aujourd’hui Georges Mikautadze. C’est le modèle du FC Metz. Ce sont des joueurs formés chez nous, et qui pour beaucoup, ont laissé une trace. On est toujours triste de les voir partir, mais c’est nécessaire de les vendre pour garder un équilibre sur nos finances ».
À vos yeux, le modèle actuel du club et la pérennisation en Ligue 1 sont-ils compatibles ?
B.S. : « Absolument. Nous allons essayer de conserver dans les années à venir nos joueurs performants un peu plus longtemps. Pour cela, nous comptons sur les négociations des nouveaux droits TV pour nous donner des moyens supplémentaires. Le Stade Saint-Symphorien doit également nous permettre de nous développer, après les investissements que nous y avons consentis. Aujourd’hui, on voit que la fréquentation y est beaucoup plus importante qu’avant, y compris pour la partie hospitalité. Nos infrastructures nous permettent de générer davantage de recettes liées aux matches. C’est également le cas hors jour de match, avec des espaces de séminaires, de coworking ou un cercle d’affaires. Ces recettes, en hausse depuis deux années, sont réinjectées dans le sportif, afin de pouvoir garder un peu plus longtemps les joueurs formés au club ».
Après trois journées, le FC Metz compte quatre unités au compteur. Quel regard portez-vous sur ces premières semaines de compétition ?
B.S. : « Présenter quatre points après trois journées, avec un début de championnat qui comportait des affiches contre le Stade Rennais et l’Olympique de Marseille, c’est positif ! Ce n’était pas couru d’avance de présenter ce bilan comptable après cette entame de saison relevée. Évidemment, à Rennes, nous avons pris trop de buts. Mais Marseille était un match enthousiasmant. Le point que nous avons pris sera très important. Nous nous projetons désormais vers la réception du Stade de Reims, avant d’entamer une première trêve internationale. Nous devrons composer avec plusieurs blessures, mais nous avons de jeunes joueurs talentueux qui sont capables de remplacer les absents. Nous savons que la réception des Rémois sera importante, car nous nous devons remporter le maximum de points à domicile ».