Christophe, vous avez rejoint le FC Metz en 1999. Quelles étaient alors vos motivations ?
C.B. : « Pour moi, c’était un rêve de gosse ! Je suis un vrai Lorrain, j’ai grandi entre Nancy et Metz, ma famille habite à Nomény. Mon cœur a toujours été partagé entre les deux clubs. J’allais à Saint-Symphorien quand j’étais gamin. Cela faisait un moment que le club voulait de me faire venir, mais l’ASNL avait refusé catégoriquement parce qu’on venait de remonter. De mon côté, j’avais donné ma parole au Président Molinari. Le FC Metz avait fait un gros effort pour payer le transfert. J’étais arrivé dans des conditions particulières. Mais c’était ce que je voulais. Donc, j’étais heureux ! ».
Le FC Metz a déboursé une certaine somme pour s’attacher vos services. Pour vous, était-ce une pression supplémentaire ?
C.B. : « Non, c’était le marché qui avait gonflé les sommes. Strasbourg avait fait une grosse proposition à l’ASNL, Bordeaux aussi. J’avais bataillé de mon côté pour rejoindre Metz et ne pas aller ailleurs. Il a fallu trouver une solution. Comme on avait bien avancé dans les discussions, le FC Metz a fait un effort. Pour l’époque, il s’agissait de sommes importantes. Certes, les attentes ont été plus élevées pour les supporters. Mais pour moi, cela ne changeait rien ».
Votre première saison en Moselle fut compliquée à cause de blessures à répétitions. Comment l’avez-vous vécue ?
C.B. : « C’est simple, je me suis blessé au premier entraînement. Sur une frappe, j’ai senti ma cheville bouger. J’ai continué à jouer, j’ai participé à la campagne de Coupe Intertoto. Je faisais des infiltrations pour pouvoir être sur le terrain. Et à un moment donné, je ne pouvais plus. C’est là que les problèmes ont commencé. Après ma première opération, le retour a été plutôt rapide. Les sensations sont revenues. Et lors d’une rencontre à Strasbourg, j’ai reçu un gros tacle sur la cheville. J’ai dû me faire réopérer. Lors de la rééducation, j’ai contracté une algodystrophie. Malgré tout, j’ai fait de bons matches la première année. Mais la saison a été catastrophique personnellement car j’avais beaucoup d’attente et d’envies ».
« Je ne voulais pas quitter le FC Metz ! »
Votre deuxième année au club a été heureusement plus tranquille …
C.B. : « Oui, je suis bien reparti. La deuxième saison a été compliquée au niveau collectif car il y a eu le départ de Joël Muller à la trêve hivernale. C’était un choc, car c’est une figure du club qui a eu des résultats exceptionnels. Cela a été un coup dur. Après, la saison s’est bien terminée. Personnellement, ça allait. J’ai retrouvé de bonnes sensations ».
En 2002, le FC Metz est relégué en Ligue 2, mais vous avez choisi de poursuivre l’aventure au sein du club. Pourquoi ?
C.B. : « J’ai eu la possibilité de partir, l’OM m’a fait une proposition en toute fin de mercato estival. Mais je ne me voyais pas partir. Cela faisait trente-cinq ans que le club n’était pas descendu en Ligue 2 ! C’était un vrai choc. Personnellement, j’ai connu ma meilleure période lors des six derniers mois qui ont précédé la descente. Donc j’avais envie de rester, je ne voulais pas quitter le FC Metz ! ».
Que retenez-vous de votre passage au FC Metz ?
C.B. : « Que du positif ! Jouer dans ce stade, pouvoir côtoyer des personnes exceptionnelles comme le Président Molinari, c’était génial. En plus, les gens ont toujours été bienveillants avec moi, même s’il y a eu une période où je n’étais pas bon et j’étais un peu sifflé. Mais c’était le lot de tous les joueurs. Jouer avec ce maillot, cela ne laisse que des bons souvenirs ! ».
« Gilbert Gress, un entraîneur atypique »
Vous avez inscrit 13 buts sous le maillot messin. Lequel vous a particulièrement marqué ?
C.B. : « Le premier ! Je m’en souviens bien, parce que c’était un but extraordinaire ! C’était face à Auxerre en 1999, l’un des premiers matchs à domicile. Sur un centre de Frédéric Meyrieu, je marque de la tête en pleine lucarne. C’était énorme parce qu’il y avait beaucoup de monde. Un vrai régal ! »
Avez-vous une anecdote de vestiaire durant votre passage messin à nous confier ?
C.B. : « Ce qui m’a marqué, c’est la période avec Gilbert Gress, qui était un entraîneur atypique et incroyable. Les mises au vert, c’était complètement dingue ! On avait droit à des pamplemousses en guise d’entrée. En tant que coach, il ne pensait qu’au jeu. Cette saison-là, on est descendu d’un rien. Mais pendant six mois, c’était un régal de jouer. Sur le terrain, il ne voulait pas de dégagements, il voulait des passes. On avait fait de bons matches mais on a manqué un peu de rigueur à certains moments. Je me souviens d’un match à Auxerre où on domine et on se fait rejoindre au score à la dernière minute. Idem à Lens où on menait 2-0 et on finit sur un match nul. Cela nous a un peu coûté la descente. Mais le passage avec Gilbert Gress, c’était quelque chose de génial. Je le raconte encore aujourd’hui ! ».
« À Metz, il y a toujours eu de bons joueurs »
Quel joueur vous a le plus impressionné durant votre passage à Metz ?
C.B. : « Il y en a eu plusieurs. J’ai eu la chance de jouer avec Sylvain Kastendeuch qui est un grand joueur du football français. Philippe Gaillot aussi. Ce sont des exemples d’hygiène de vie et de rigueur. Quand on est jeune, c’est une chance de démarrer aux côtés de tels joueurs. Frédéric Meyrieu était un magicien, il avait un pied gauche incroyable. Lors de ma dernière saison à Metz, l’attaque était composée d’Emmanuel Adebayor et Mamadou Niang. Forcément, ça aide un peu. Je citerai aussi Danny Boffin ou encore Louis Saha. À Metz, il y a toujours eu de bons joueurs ! ».
Aujourd’hui, suivez-vous toujours l’actualité du FC Metz ?
C.B. : « J’ai suivi avec attention la construction du centre d’entraînement et de la nouvelle tribune. C’est bien ! C’est ce qui va permettre d’envisager l’avenir sereinement, de lancer une dynamique. Déjà que le stade était impressionnant, là, il sera magnifique. Idem pour le nouveau centre. Le club disposera des structures de niveau européen ! ».
Sportivement, que pensez-vous de la saison actuelle ?
C.B. : « Les Messins vont se sauver ! Si la saison reprend, elle se terminera tranquillement pour eux. Je connais bien Vincent Hognon pour avoir grandi avec lui. J’ai joué avec lui dans toutes les catégories de jeunes. Je sais comment il fonctionne, c’est quelqu’une de très rigoureux. Le club a réussi à trouver une bonne alchimie dans son fonctionnement. Après, il y a de bons joueurs aussi. Cela fait plaisir, parce que le FC Metz a connu des zones de turbulences ces dix dernières années. Ce serait bien qu’il se stabilise un peu. C’est indispensable pour pouvoir avancer ! ».
« Entraîner les jeunes me plaît beaucoup »
Avez-vous toujours des contacts avec d’anciens coéquipiers du FC Metz ?
C.B. : « Oui, avec Sylvain Marchal notamment. C’est un vrai pote que j’apprécie beaucoup. J’ai croisé Grégory Proment à Clairefontaine dans le cadre de sa formation d’entraîneur. J’ai aussi échangé récemment avec Philippe Gaillot. Ce sont des gens que j’apprécie beaucoup. Le FC Metz a fait revenir des gens qui ont la fibre du club et qui incarnent ses valeurs ».
En 2010, vous avez mis un point final à votre carrière professionnelle. Qu’avez-vous fait ensuite ?
C.B. : « Cela fait dix ans que je travaille au Toulouse FC. J’ai passé deux années en tant que recruteur pour l’équipe première. Depuis, je suis responsable de recrutement au centre de formation du Toulouse FC. Je travaille à la formation dans un club formateur. Ça se passe très bien avec les jeunes, les résultats sont bons ».
Avez-vous songé à devenir entraîneur ?
C.B. : « Je possède tous mes diplômes d’entraîneur ! Il m’arrive parfois de diriger des équipes avec des joueurs à l’essai. Mais je n’ai jamais eu l’ambition de prendre la tête d’une équipe professionnelle. C’est un métier avec beaucoup de pression et une vie particulière. Mais entraîner les jeunes me plaît beaucoup. J’ai beaucoup d’autonomie, je prends des décisions et on me fait confiance. Pour travailler, c’est intéressant ! ».