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T. Maoulida : "À Metz, j'ai mouillé le maillot"

Dans la mémoire collective, Toifilou Maoulida reste l’un des grands artisans du maintien du FC Metz en Ligue 1 en 2003-2004. Meilleur buteur messin lors de son passage en Moselle, l’ex-attaquant occupe désormais une fonction d’entraîneur au sein du centre de formation du Nîmes Olympique. L’homme aux bandelettes revient sur ses souvenirs en grenat, « une belle aventure humaine » marquée par de savoureuses anecdotes de vestiaire.  

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Toifilou, vous avez joué une saison à Metz en 2003-2004. Quel souvenir en gardez-vous ?

T.M. : "Je n’en garde que des bons souvenirs ! Collectivement, il y a eu le maintien en fin de saison alors que le FC Metz était promu en Ligue 1. On avait un groupe jeune avec un très bon entraîneur à la baguette, Jean Fernandez. On a su se maintenir avec une quatorzième place. C’était une belle aventure humaine et une belle saison. Personnellement, il s’agit de mon exercice le plus abouti en Ligue 1 car j’ai inscrit treize buts." 

S’il fallait retenir un moment de votre passage en grenat, lequel serait-ce ?

T.M. : "Difficile de n’en citer qu’un seul ! Il y a eu mon premier but à Saint-Symphorien, mes doublés à la Meinau et à Bollaert. Je me souviens aussi de mon premier triplé en Ligue 1 (contre Le Mans, 5-0 le 3 avril 2004) parce que je n’en ai pas inscrit beaucoup. C’était à Saint-Symphorien en plus ! J’étais ravi de décrocher le titre de meilleur buteur de l’équipe en jouant sur un côté. Mais le plus beau moment, c’était le maintien. Cela a été une délivrance car le FC Metz s’est maintenu après être remonté de Ligue 2."

« Rester au FC Metz, c'était mon souhait ! »

Même si vous n’êtes resté qu’une seule saison en Moselle, vous avez marqué votre passage de votre empreinte. Comment l’expliquez-vous ?

T.M. : "Par ma façon d’être et mon état d’esprit qui correspondent aux valeurs du club. Je n’ai jamais rien lâché, je me suis battu à tous les matchs, j’ai mouillé le maillot et je n’ai jamais triché ! En étant prêté, je voulais me relancer. J’avais tout à gagner. Je n’étais peut-être pas le meilleur joueur de l’équipe mais sur le terrain, je donnais le maximum ! C’est peut-être pour cela que les supporters se sont identifiés à moi et ont gardé une bonne image de ma personne." 

Auriez-vous aimé rester au FC Metz ? 

T.M. : "C’était mon souhait ! Malheureusement, le Stade rennais était contre cette idée. L’année qui a suivi mon prêt, Rennes n’a pas voulu me prêter une seconde fois ou me vendre. Mais j’aurais voulu continuer cette belle aventure avec Jean Fernandez que j’apprécie beaucoup. On m’a fait comprendre que ce n’était pas possible. Je suis passé à autre chose en me concentrant sur ma saison au Stade rennais. C’est ce qui m’a permis d’aller ensuite dans des clubs de plus haut niveau comme Monaco et Marseille."

Les douches froides de Ludovic Obraniak

Avez-vous une anecdote de vestiaire durant votre passage messin à nous confier ?

T.M. : "J’en ai une qui a eu lieu sur le terrain. Je m’entendais très bien avec Hakim Saci. Lors d’un entraînement en début de saison, on travaillait devant le but avec un centreur et un buteur. Jean Fernandez avait sifflé la fin de la séance, mais Hakim voulait un dernier essai. Sur sa tentative, il se blesse gravement et a dû mettre un terme à sa saison. Aujourd’hui, je me sers de cette expérience quand je dirige les entraînements avec mes jeunes. Sinon, je me souviens des mises au vert avec mon compagnon de chambre Ludovic Obraniak. Avant chaque rencontre, il prenait une douche froide, voire glaciale ! Je lui disais : « Mais Ludo, comment fais-tu ? ». Il me répondait qu’il se sentait mieux après ce rituel. Par la suite, je l’ai fait aussi ! Dans tous les clubs où je suis passé, je prenais une douche glacée avant les matches. À Metz, le groupe vivait tellement bien qu’après les entraînements du matin, on se retrouvait pratiquement chaque jour pour aller déjeuner à notre cantine, un restaurant italien du centre-ville. L’ambiance était superbe !"

Quel souvenir gardez-vous du Stade Saint-Symphorien ?

T.M. : "C’est l’une des belles ambiances de la Ligue 1 ! On connaît la ferveur qui y règne, avec les deux kops qui chantent. Cette saison-là, le stade était pratiquement plein à chaque match. On se sentait poussé. Les supporters jouaient leur rôle de douzième homme, ils nous ont permis d’aller chercher ce maintien. Je me souviens notamment du derby contre Strasbourg, et les matches de gala contre Marseille ou Lyon. J’ai hâte de découvrir Saint-Symphorien dans sa nouvelle configuration car l’ambiance sera énorme !"

« Il y aurait pu avoir beaucoup de bandelettes à Metz ! »

Aujourd’hui, suivez-vous toujours l’actualité du FC Metz ?

T.M. : "Bien sûr, je suis l’actualité de tous mes anciens clubs, notamment du FC Metz parce que j’y ai gardé de très bons souvenirs. Quand je peux, je like des photos sur les réseaux sociaux sauf quand le FC Metz gagne contre le club où j’entraîne actuellement !" 

Quel regard portez-vous sur la saison en cours ?

T.M. : "Il y a un petit championnat de huit équipes qui se battent pour le maintien que ce soit Amiens, Dijon, Nîmes ou Saint-Étienne. Le FC Metz a su faire un écart avec des victoires très importantes lors des derniers matches. Ce n’est pas terminé, mais les Grenats ont fait un petit pas vers le maintien. Après, peut-être que l’arrêt du championnat risque de faire mal, parce que le FC Metz était sur une bonne dynamique. Ce n’est jamais évident de repartir." 

Avez-vous toujours des contacts avec d’anciens joueurs du FC Metz ?

T.M. : "Oui, de loin. Notamment avec Laurent Agouazi, Sylvain Marchal ou Grégory Proment que j’ai croisé quand j’ai passé mes diplômes d’entraîneur à Clairefontaine. C’est toujours un réel plaisir de revoir ces personnes avec qui on a joué et partagé de bons moments. Quand j’ai l’occasion de les voir, je suis le plus heureux !"

« JEAN FERNANDEZ a beaucoup compté dans ma carrière »

Vous êtes également connu pour vos célébrations avec vos bandelettes. Comment vous est venue cette idée ?

T.M. : "Cela a commencé à l’Olympique de Marseille grâce à Jean Fernandez. Lors d’un match à domicile contre Nice, il était à l’hôpital et ne pouvait être sur le banc. Je voulais lui rendre hommage parce que c’est un entraîneur qui a beaucoup compté dans ma carrière. Il m’a fait venir à Metz, à Marseille et à Auxerre. Je l’apprécie beaucoup. À l’époque, on ne pouvait plus mettre de messages sous les maillots car on prenait un carton jaune. Avant le match, dans la salle du kiné, j’ai vu un morceau de strap. J’ai écrit dessus au marqueur et je l’ai mis entre mon protège-tibias et ma chaussette. Ce-jour là, on a gagné 1-0 et j’ai eu la chance de marquer. Jean Fernandez a pu voir la bandelette. Il m’a remercié par message, cela m’a fait chaud au cœur ! Étant superstitieux, c’est un rituel que j’ai gardé !"

Malheureusement à Metz, elles n’étaient pas encore de sortie…

T.M. : "C’est vrai ! En plus à Metz, j’ai eu la chance de marquer de nombreux buts, il y aurait pu avoir beaucoup de bandelettes !" 

« Heureux et fier de cette longévité »

Avez-vous un regret dans votre carrière ? 

T.M. : "Peut-être celui de ne pas avoir pas découvert le football à l’étranger. J’ai parfois eu l’opportunité de partir, mais je n’ai pas voulu quitter la France parce que je m’y sentais bien. Et aussi, de ne pas avoir porté le maillot de l’Équipe de France, à une époque où j’étais au plus haut niveau à l’Olympique de Marseille. J’ai eu quinze sélections en Espoirs aux côtés des Landreau, Sagnol, Govou, Anelka et Trézéguet. J’aurais aimé décrocher une sélection en A. Mais sinon, je n’ai pas du tout de regrets ! J’ai joué 652 matchs en vingt années de carrière professionnelle. Je suis heureux et fier de cette longévité !" 

Quel joueur vous a le plus impressionné dans votre carrière ? 

T.M. : "En tant que coéquipier, je vous dirai Franck Ribéry. C’était LE joueur de classe internationale. Ce qu’il faisait, c’était merveilleux à voir. Sinon, Mickaël Pagis m’a énormément impressionné. Il n’a pas eu la carrière qu’il méritait. En tant qu’adversaire, je pense à Ronaldinho. Quand il jouait au PSG, c’était vraiment le summum. À lui tout seul, il pouvait éliminer une équipe entière et aller marquer." 

Et quel défenseur vous a donné le plus de fil à retordre ? 

T.M. : "Il y en a plusieurs ! J’ai connu Gabriel Heinze, Mamadou Sakho et Souleymane Diawara. C’est compliqué d’en citer un en particulier. Les trois-là font partie des défenseurs rugueux contre lesquels ce n’était pas facile de passer." 

« Aider les jeunes footballeurs à atteindre leurs rêves »

Parlons de votre actualité, que faites-vous aujourd’hui ?

T.M. : "À la fin de ma carrière en 2017, j’ai passé mes diplômes d’entraîneur. J’ai eu mon diplôme UEFA A et j’ai enchainé avec le Diplôme d’État Supérieur (D.E.S.) l’année dernière à Clairefontaine. J’ai intégré le centre de formation du Nîmes Olympique où j’ai été entraîneur adjoint des U17 lors de la saison 2015-2016. Ensuite, j’ai été adjoint des U19 Nationaux la saison dernière aux côtés du directeur du centre de formation. Cette année, je suis entraîneur général de l’équipe U16. Je m’occupe également des spécifiques attaquants à partir des U17 jusqu’au National 2." 

Un mot pour terminer sur Mayotte, votre île d’origine. Le football mériterait-il d’y être davantage soutenu ? 

T.M. : "Oui, c’est mon but. J’aimerais passer mon diplôme de formateur, le BEFF, pour aider au développement des joueurs en Outre-Mer. Ce sont des îles avec peu de moyens et de structures. Ils ont besoin d’aide que ce soit de la Fédération Française de Football ou des formateurs. Il y a des joueurs qui ont les qualités pour intégrer des centres de formation, mais avec le peu de moyens dont ils disposent, c’est difficile. Il faut donc aider à développer ces îles qui font partie de la France et ne pas les délaisser. Transmettre mon expérience auprès des jeunes footballeurs et les aider à atteindre leurs rêves, c’est mon souhait numéro 1." 

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