Romain, vous avez choisi de rejoindre le FC Metz en 2008. En quoi le projet grenat vous avait-il convaincu à l’époque ?
R.R. : « Lors de mon premier passage, je voulais me relancer en trouvant un club qui évoluait en Ligue 1, ou qui pouvait me proposer l’accession en Ligue 1. Le FC Metz m’a appelé, j’ai été très content de ce projet. Il correspondait parfaitement à mes objectifs personnels. Je suis arrivé pour retrouver l’élite. À l’arrivée, cela a été une grosse frustration collective car on a manqué la montée à deux reprises de très peu. Mais sur le plan personnel, j’ai adoré ce premier passage car le club me collait à la peau et j’ai fait de superbes connaissances. C’est un peu paradoxal, mais mes deux premières années à Metz ont été fantastiques».
En 2013, vous retrouvez la Moselle alors que le club remonte de National…
R.R : « J’arrivais en fin de carrière. J’avais prévu de boucler la boucle à Arles-Avignon, chez moi. Cela n’avait pas pu se faire, le club avait déposé le bilan et mes projets avaient été chamboulés. J’ai eu l’occasion de revenir à Metz. Je suis revenu de façon très heureuse, car j’avais gardé de bons rapports avec le Président Serin. Les choses se sont faites très facilement. Le contexte était différent parce que le club voulait se stabiliser en Ligue 2. J’avais pour mission d’encadrer les jeunes. Cet objectif m’allait très bien. La saison a été exceptionnelle contre toute attente ! On termine champion de Ligue 2, c’était un truc incroyable, au-delà de nos espérances ! Lors de la saison suivante en Ligue 1, j’ai dû prendre une décision logique à cause d’un genou très fatigué. C’est une petite frustration car je n’ai jamais pu m’épanouir en Ligue 1 avec le FC Metz ».
« Un club qui a une âme »
Trois années se sont écoulées entre vos deux séjours à Metz. Le club avait-il changé entretemps ?
R.R. : « L’atmosphère avait changé. Lors de mon premier passage, il y avait une grosse pression et une grosse attente. Le contexte était difficile, parce que le club faisait toujours l’ascenseur. Il fallait absolument remonter. Quand je suis revenu en 2013, c’était totalement différent. Le club était reparti de zéro après être descendu en National. Le FC Metz avait repris des bases saines avec des jeunes. J’ai senti un sacré changement ! Cela a été plutôt positif, car on a commencé la saison sans aucune pression. On a pu jouer relâché, sans se prendre trop la tête ».
Vous étiez un élément important du dispositif messin lors de l’acquisition du titre de Champion de Ligue 2 en 2014 (33 titularisations). Était-ce votre saison la plus aboutie ?
R.R. : « Je dirais que oui. Pas forcément en terme de buts, car ce n’était pas la plus prolifique pour moi. Mais par rapport au nombre de matchs, à l’impact que j’ai pu avoir, le fait d’encadrer les jeunes et d’amener mon expérience, c’est vrai que c’était une année pleine ».
Selon vous, quelles sont les valeurs qui caractérisent le FC Metz ?
R.R. : « C’est un club qui a une âme, déjà par ses présidents. Les premiers rapports que j’ai eu avec le Président Molinari ont été très bons et très forts. J’ai beaucoup de respect pour ce monsieur. Pareil avec le Président Serin qui a une personnalité totalement différente mais pour qui j’ai aussi beaucoup de respect. Ce sont des personnages, des hommes de valeurs. À Metz, il y a aussi une histoire. C’est un club important du football français. J’ai beaucoup aimé les supporters, parce qu’on sent que toute une région se trouve derrière vous. Et puis le fait de s’appuyer sur des jeunes à travers la formation, ce sont aussi des valeurs très importantes ! »
« Être champion avec Metz, quelque chose de très fort ! »
Revenons sur votre passé de joueur. Quel genre de milieu de terrain étiez-vous ?
R.R. : « J’étais un joueur généreux. Quand j’étais sur le terrain, j’essayais de tout donner parce que je suis quelqu’un de passionné. Ce que j’aimais, c’est de pouvoir aussi bien défendre qu’attaquer. Cela me plaisait, car je pouvais apporter sur les deux secteurs. J’ai eu une formation de numéro 10, numéro 6 et même relayeur. J’étais un milieu de terrain plutôt complet ! »
Quel est votre meilleur souvenir en tant que joueur du FC Metz ?
R.R. : « Il y en a plusieurs ! Déjà d’être champion de France de Ligue 2 avec le FC Metz, cela a été quelque chose de très fort. Il y a eu aussi ce derby contre Nancy (3-0 à Saint-Symphorien, le 24 septembre 2013) qui restera gravé dans ma mémoire. C’était un des plus beaux derbys que j’ai pu vivre en tant que joueur du FC Metz. Le dernier, c’est notre victoire à Lyon en Coupe de la Ligue lors de mon premier passage (3-1 à Gerland, le 11 novembre 2008). J’ai marqué durant le match, donc c’est un beau souvenir aussi ! »
« Le club a été efficace »
Quel joueur vous a le plus impressionné durant votre carrière ?
R.R. : « Ce n’est pas compliqué, c’est Ronaldinho ! Avec lui, j’ai vraiment vu ce qu’était le toucher de balle. Ce n’était pas comme les autres joueurs, il avait une facilité déconcertante. Les premières fois où je l’ai vu toucher le ballon, cela m’a presque choqué ! Même Frédéric Déhu disait : « il ne fait pas le même sport que nous ! ». Quand je suis arrivé à Paris, j’avais une étiquette de numéro 10. Quand j’ai vu Ronnie, j’ai compris que je n’étais pas un 10. Il vous faisait vite redescendre sur terre ! »
Suivez-vous toujours les résultats du FC Metz ?
R.R. : « Oui, je les suis tout en prenant un peu de recul. La première partie de saison a été relativement difficile. Là où j’ai trouvé que le club a été très bon, c’est qu’il a pu apporter quelque chose de positif à petites touches. Le FC Metz n’a pas paniqué et a été très intelligent. J’étais curieux de voir ce qui allait être fait lors du mercato pour remonter la pente. Le club a été efficace et cela a porté ses fruits ».
Êtes-vous toujours en contact avec d’anciens coéquipiers messins ?
R.R. : « Je suis toujours en contact avec Stéphane Borbiconi que j’ai souvent au téléphone. Je discute également avec Julien Cardy et un tout petit peu avec Bouna Sarr ».
« Une seconde vie »
Vous avez raccroché les crampons en 2015. Que devenez-vous ?
R.R. : « Je m’occupe d’une maison d’hôte à côté de chez moi, baptisée « Les Deux Anges » à Lagnes dans le Luberon, à côté de ma ville natale, Cavaillon. C’est un bel endroit, ouvert toute l’année ! »
Vous avez donc choisi de vous éloigner du football. Le ballon rond ne vous manque t-il pas ?
R.R. : « Franchement, non. L’arrêt de ma carrière a été un cataclysme mais il faut savoir tourner la page. Moi, je n’ai aucun regret sur ma carrière car j’ai tout donné ! J’étais passionné et j’adorais jouer au football. À partir du moment où je me suis senti diminué à cause de mon genou, j’ai décidé de tourner la page. Dans la vie, il n’y a pas que le foot. J’ai eu une première vie que j’ai faite à fond. Là, j’en ai ouverte une seconde en décidant de ne pas rester dans ce milieu là. Si j’avais pu enchaîner en devenant directeur sportif à Arles-Avignon, j’aurais pu tenter l’aventure. Mais c’était loin d’être une priorité, avec tous les désagréments que cela peut causer. J’avais envie de me poser, d’avoir une vie de famille, et de changer de vie ».