Montée en Ligue 2, titre de Champion d’automne, meilleur joueur du championnat en novembre et en décembre, meilleur buteur de Ligue 2 : Peut-on dire que pour vous 2013 a été une année réussie ?
Diafra Sakho : « Je dirais même que c’est ma meilleure année, et sur tous les plans d’ailleurs. En tout cas, en ce qui concerne le football, nous sommes parvenus à retrouver la Ligue 2 ce qui était déjà super et maintenant nous réalisons un début de saison incroyable. Je crois que c’est tout simplement difficile d'espérer un meilleur scénario ! »
Vous avez débuté 2014 par un stage de mi-saison, ce qui n’avait plus été réalisé au FC Metz depuis de nombreuses années. Pensez-vous que cela a été bénéfique pour le groupe ?
D. S. : « Pour juger de son utilité il faudra attendre encore quelques matches, en tout cas, il y a eu une super ambiance au sein de l’équipe et l’hôtel était extra. Je n’ai jamais connu cela depuis que je suis à Metz et je pense que c’est une bonne chose que le staff et les dirigeants innovent ou en tout cas remettent des choses au goût du jour. Nous avons beaucoup travaillé sur place, malgré des terrains en piteux état à cause de la météo, et j’espère que notre travail va porter ses fruits. »
Après le stage au Touquet, vous avez rejoint Le Havre où vous avez obtenu le point du match nul. Estimez-vous que c’est un bon point de pris ?
D. S. : « Ce sera un bon point pour nous si nous parvenons à le faire fructifier contre Créteil à domicile. Je pense personnellement que ce n’est pas si mal car même en marquant deux buts nous avons déjà perdu trois matches. Finalement, au Havre, nous sommes parvenus à revenir deux fois au score et à tenir jusqu’au bout pour obtenir au moins un point. Quelque part, je pense que c’est la preuve que nous apprenons de nos erreurs. Cette saison, tous les points seront importants donc c’est toujours mieux que de rentrer bredouille. »
Au Stade Océane, Yeni Ngbakoto a inscrit un doublé et commence à se rapprocher de vous au classement des buteurs de Ligue 2 avec sept réalisations, contre douze pour vous. Est-ce qu’il y a un petit challenge entre vous deux à ce sujet ?
D. S. : « La saison passée, j’ai eu un peu de mal à ouvrir mon compteur de buts alors que lui en avait quelques uns d’avance sur moi et il passait son temps à me chambrer mais je l’ai quand même rattrapé au final. Je pense que je vais finir la saison avec deux fois plus de buts que lui (rires) ! Plus sérieusement, on rigole de temps en temps avec ça et finalement cela nous booste tous les deux. Cela dit, ce n’est pas pour ça que je ne ferais pas de passe décisive à Yeni si l’occasion de présente (rires) ! Nous avons tous les deux bien en tête que le principal c’est que l’équipe gagne, peu importe le joueur qui pousse le ballon au fond des filets. »
Vous avez un parcours atypique puisque vous avez commencé le football tardivement. Pouvez-vous revenir sur vos débuts ?
D. S. : « Oui, j’ai commencé à jouer au football vers mes 16 ans en intégrant Génération Foot au Sénégal, avant, je tapais dans le ballon occasionnellement avec des amis. Avant cela j’étais menuiser ; Je sais faire des tables, des chaises et toutes sortes de meubles. D’ailleurs, j’en suis toujours capable. J’ai toujours été sportif mais mon truc à l’époque c’était l’athlétisme, et plus particulièrement le 400 et le 800 mètres. D’ailleurs, je pense que le fait d’aimer courir et d’avoir de l’endurance me sert beaucoup aujourd’hui, cela me permet de compenser certaines lacunes techniques sur le terrain. L’avantage aussi d’avoir commencé tardivement à rêver d’une carrière de footballeur est que j’ai peut-être plus conscience que tout peut s’arrêter très vite, alors j’en profite à fond et je donne tout. »
L’Académie Génération Foot a récemment inaugurée de nouvelles installations au Sénégal en votre présence. Que pensez-vous de ce projet mené sous l'impulsion du FC Metz ?
D. S. : « Les joueurs qui sont à l’Académie en ce moment ont une vraie chance de pouvoir bénéficier de tout ce qui est en train d’être mis en place. Il n’y avait pas autant de moyens quand je suis passé par là. Ils ont toutes les cartes en main, c’est à eux de s’investir maintenant pour avoir une chance de percer. Il faut aussi que le FC Metz continue à tendre la main à Génération Foot comme il le fait actuellement et comme il a prévu de le faire sur le long terme. C’est super que les mêmes méthodes de travail qui sont appliquées au FC Metz soient mises en place au Sénégal et que du coup, tous ces jeunes Sénégalais profitent également d’une formation scolaire car c’est très important. »
Vous avez connu des débuts un peu compliqués en Ligue 2 où vous n’avez pas bénéficié d’un grand temps de jeu et où la réussite n’était pas toujours au rendez-vous. Vous tenez votre revanche aujourd’hui ?
D. S. : « J’ai tourné la page, je suis passé à autre chose. Quelque part, je me dis que les deux saisons passées sous la houlette de Dominique Bijotat m’ont forgées mentalement. C’était dur à vivre, je me rappelle aussi que je me faisais parfois siffler par certains supporters à Saint-Symphorien, mais cela m’a rendu plus fort aujourd’hui. Je n’ai pas besoin de prendre de revanche ou de rendre des comptes, aujourd’hui je sais pourquoi je me défonce et c’est simplement pour l’amour du club parce que le FC Metz m’a tout donné et pour ceux qui ont cru en moi. »
Il est impossible de ne pas remarquer qu’il y a quelque chose chez vous qui a changé depuis cette période. Qu’est-ce donc ?
D. S. : « Certaines personnes m’ont fait avancer, je pense par exemple à Albert Cartier, mais il n’est pas le seul. Je suis aussi devenu papa d’une petite fille et cela a bouleversé ma vie. Avant, j’étais plus impulsif et impatient mais aujourd’hui je suis devenu plus mature et je pense que je suis plus réfléchi d’une manière générale. »
Le mercato hivernal bat son plein. Quels sont vos projets ?
D. S. : « Je n’ai pas envie de partir du FC Metz, je veux rester ici jusqu’à la fin de la saison. Les choses sont très claires pour moi. »
Depuis le début de la saison vous êtes continuellement sous les feux des projecteurs. Comment faites-vous pour garder les pieds sur terre ?
D. S. : « Le plus important pour moi ce n’est pas ce gravite autour mais ce que j’ai la chance de vivre. Tout peut s’arrêter demain donc je ne me prends pas la tête avec ça d’ailleurs quand j’entends parler de « Diafra Sakho » dans les médias, je n’ai pas l’impression que c’est de moi dont il est question. Bref, je n’y pense vraiment pas et je sais ce qui est important dans la vie et pour moi c'est ma famille ainsi que les valeurs que mes parents m’ont transmises. »
Le président Serin a revu les objectifs du club à la hausse puisque le FC Metz vise aujourd’hui la montée en Ligue 1. Est-ce une source de motivation supplémentaire ?
D. S. : « Tout le monde nous attend vu notre début de saison, ce qui est logique. C’est une bonne chose pour le FC Metz de jouer la montée et je suis ravi que ce soit le cas avec de nombreux joueurs qui sont passés par le centre de formation dans le groupe. J’ai toujours dit que c'était la force du FC Metz et je trouve cela vraiment extraordinaire que l’on puisse participer à ce projet ensemble. Pour revenir à la question, je ne pense pas que le président ait besoin de nous motiver car nous le sommes déjà et puis avec Albert Cartier comme coach, c’est difficile de ne pas l’être ! »
Bernard Serin a déclaré que la montée se jouera avant tout à domicile. Partagez-vous son avis ?
D. S. : « Tous les matches vont être important. C’est vrai que chez nous on se débrouille mieux pour récupérer des points qu’à l’extérieur. Il faut se défoncer à tous les matches et rivaliser du mieux possible, même à l’extérieur. C’est bien simple, à partir du lundi, avec la réception de Créteil, nous avons dix-neuf finales à jouer. »
Qu’est-ce qui peut stopper le FC Metz dans sa course ?
D. S. : « Aujourd’hui nous avons atteint notre premier objectif mais ce n’est pas pour cela qu’il faut se voir trop beaux. Nous en sommes seulement à la moitié du chemin donc il ne faut pas se projeter trop rapidement. La deuxième partie de saison est toujours plus compliquée et en plus nous allons être attendus par tous nos adversaires maintenant. Nous devons continuer à prendre les matches les uns après les autres, sans se précipiter. On nous imagine déjà en Ligue 1 mais je rappelle à tous qu’il est important de garder en mémoire que rien n'est acté. »
Quelles équipes voyez-vous monter en Ligue 1 ?
D. S. : « Je pense que de la première à la septième place, tout le monde peut gagner son ticket pour la Ligue 1 aujourd’hui. Evidemment, j’espère que le FC Metz en fera partie et compte tenu du budget du RC Lens ils finiront sans doute la saison dans le trio de tête. Sinon, l’équipe qui m’a le plus impressionnée c’est Troyes. J’ai trouvé que cette formation avait une véritable qualité de jeu et je pense qu’elle va créer la surprise en fin de saison, mais Dijon ou Nancy ont aussi les capacités pour retrouver la Ligue 1. »
Lundi soir le FC Metz reçoit Créteil au Stade Saint-Symphorien, une équipe face à laquelle le club grenat s'est incliné deux fois cette saison. C’est un peu votre bête noire non ?
D. S. : « Je ne suis pas d’accord. Créteil nous a battu deux fois chez eux cette saison, mais lorsque les Cristoliens se déplacent à Metz c’est une autre histoire, comme on a pu le voir l’année dernière en National. Et puis de toute façon, quand nous sommes diffusés sur Eurosport, je suis plus efficace devant le but (rires). »