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Y a pas d’âge pour l’arbitrage !

Maxime (à gauche) et Corentin (à droite), deux jeunes arbitres, ont officié comme ramasseurs de balles lors du match face à Carquefou. Nous en avons profité pour les interroger sur leur mission, leur vocation et surtout leur ambition : l’arbitrage.
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Samedi dernier à Saint-Symphorien, les arbitres ont franchi les lignes. Lors de la rencontre de Championnat National FC Metz - USJA Carquefou, ce sont en effet douze jeunes arbitres issus de plusieurs clubs mosellans qui ont endossé la tenue et le rôle de ramasseurs de balle, grâce à une opération mise en place en collaboration avec la commission d’arbitrage du District Mosellan de Football.

C’était une occasion en or de rencontrer deux hommes en noir en culottes (presque) courtes et de leur poser quelques questions sur les raisons qui les ont poussés à choisir cette voie parfois difficile du football et sur leurs expériences hebdomadaires, sifflet à la bouche. Morceaux choisis de cet entretien avec Maxime, 18 ans, arbitre de Rémilly, et avec Corentin, 16 ans, de Saint-Avold.

Vous êtes jeunes, vous êtes arbitre. Pourquoi avoir opté pour ce rôle sur un terrain de football ?
Maxime : « Pour faire régner l’ordre sur le terrain et pour prendre du plaisir. Avec l’accumulation des blessures, le football pouvait commencer à devenir dangereux. Arbitrer, c’est presque un nouveau sport pour moi, en tous les cas c’est un autre point de vue du football. »
Corentin : « J’ai seize ans et j’arbitre depuis environ un an. J’étais footballeur auparavant mais mes parents m’ont poussé à m’orienter vers l’arbitrage. Il faut dire que mon grand-père était arbitre, mon père est arbitre et mon frère est aussi arbitreC’était difficile pour moi d’y échapper ! (Rires) »

Vous étiez donc footballeur avant de devenir arbitre. Le terrain comme joueur vous manque-t-il ?
Maxime : « J’ai joué au football de l’âge de 8 à 18 ans alors forcément, cela me manque un peu. Mais ce manque est vite comblé par le plaisir que me procure l’arbitrage. Au début, j’ai commencé à arbitrer les jeunes de mon club, souvent pour rendre service. Et puis j’ai commencé à y prendre de plus en plus de plaisir et au final, j’ai ressenti l’envie de continuer plus sérieusement. J’ai arrêté de jouer pour pouvoir me donner à fond dans l’arbitrage. D’ailleurs, on a plus de chance de réussir dans l’arbitrage que comme joueur pro… »
Corentin : « L’arbitrage me plaît vraiment et aujourd’hui, je préfère arbitrer que jouer. Désormais, c’est moi qui prends les décisions sur le terrain et je fais appliquer les règles. J’aime ça ! »

Quels types de matches arbitrez-vous, à vôtre âge ?
Maxime : « J’arbitre les matches des équipes de jeunes, de 13 à 17 ans. »
Corentin : « Pareil pour moi ! »

Quelles difficultés rencontrez-vous chaque week-end lorsque vous prenez le sifflet et que vous arbitrez des joueurs qui ont presque votre âge ?
Maxime : « En général, les joueurs se sentent supérieurs à nous alors même qu’ils connaissent beaucoup moins bien les règles que nous. Ce qu’il faudrait faire dans les écoles de foot, c’est apprendre aux jeunes les règles du football avant de leur apprendre à jouer au football ! »

A l’inverse, qu’est-ce qui vous motive à continuer dans cette voie ?
Corentin : « Quand on fait un bon match en tant qu’arbitre, c’est vraiment super à ce moment-là. Je ne pensais pas que ce serait aussi bien ! C’est sûr, il y a des moments désagréables mais il y a aussi des moments super cool et c’est cela qui me plaît. »

Les gens viennent-ils parfois vous féliciter ?
Corentin : « Oui, si tu as fait une bonne prestation, il y a des gens qui viennent te féliciter après la rencontre et te dire « C’est bien, tu as fait un super match, bravo ». Cela peut être des coaches, des dirigeants, des spectateurs ou même des joueurs. Et , c’est vraiment exceptionnel à vivre. »

Quel investissement l’arbitrage demande-t-il à des jeunes qui veulent y réussir ?
Corentin : « On a une à deux séances d’entraînement chaque semaine, plus les matches le week-end : un ou deux selon nos disponibilités. Nos entraînements sont particulièrement intensifs et sont axés sur la course, l’endurance, la capacité d’accélération. C’est souvent plus exigeant que les séances d’entraînement des joueurs. En ce qui concerne la compétition, j’essaye à titre personnel d’être disponible tous les week-ends pour au moins un match : mon père m’y pousse. Un match par week-end, c’est bien, mais deux, c’est encore mieux ! »

C’est mieux, parce qu’arbitrer des matches vous permet d’avoir un peu d’argent de poche ?
Corentin : « Pour l’instant c’est de l’argent de poche, environ 45 euros par match, mais si on progresse dans la hiérarchie cela augmente en même temps. Au tout début, je trouvais ça motivant de gagner de l’argent en arbitrant mais aujourd’hui, je fais vraiment ça par passion et l’argent est devenu accessoire. »

Quand vous regardez un match de football de haut niveau, qu’est-ce qui retient le plus votre attention ?
Maxime : « On est davantage attiré par le jeu en lui-même et par la performance de l’arbitre, évidemment. Lorsqu’il (ou elle) commet une erreur, on se dit qu’on pourrait la commettre aussi et alors on essaye de travailler là-dessus pour ne pas la faire à notre tour. C’est formateur. »

Quelles sont les fautes les plus difficiles à siffler ou à voir ?
Maxime : « Les poussettes dans le dos : il faut être toujours bien placé pour les voir. De toute façon, si vous n’êtes pas bien placé dans un match, vous finissez toujours pas faire des bêtises et cela peut avoir des conséquences énormes sur une rencontre. »

Etes-vous du genre à mettre beaucoup de cartons ?
Maxime : « Je ne ‘cartonne’ pas du tout, au maximum je peux sortir deux cartons par match. J’essaye d’être davantage dans la psychologie et la relation de confiance avec les joueurs. Je crois que cela fonctionne car je n’ai jamais eu de problème majeur ni essuyé de grosses critiques. Quand un joueur ne comprend pas votre décision, il faut la lui expliquer car souvent il ne la comprend pas parce qu’il ne connaît pas forcément toutes les règles. Il faut aussi rester bien entendu poli et courtois avec les joueurs, c’est comme cela qu’on gagne le respect en retour. »

Quel est votre pire souvenir d’arbitrage ?
Corentin : « J’arbitrais un match de U17 en DH. L’attaquant d’une équipe part vers le but et tombe dans la surface. Je laisse le jeu continuer. A la fin de la rencontre, mon superviseur qui était présent en tribune me dit qu’il y avait penalty et que j’avais ‘planté’ le match. S’en sont ensuivies beaucoup d’insultes. Bref, c’est le match à oublier ! »

Cela arrive-t-il souvent d’être supervisé à votre âge ?
Maxime : « Environ deux ou trois fois par an. Normalement on est au courant à l’avance, même si parfois le superviseur se cache en tribune ! Pendant un match on est supervisé, on n’a pas forcément tendance à siffler plus mais en tous les cas, on a tendance à beaucoup plus courir pour être présent partout ! »

Arrivez-vous facilement à combiner l’arbitrage et les études ?
Corentin : « Oui, j’arrive à combiner les trois : l’école, l’arbitrage et aussi mes autres loisirs à côté. »
Maxime : « De toute façon, on est bien obligé car l’arbitrage n’est pas un métier. Même au plus haut niveau, les arbitres ont une profession à côté de leur rôle sur le terrain. »

Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?
Maxime : « Mon ambition et mon rêve, c’est d’arbitrer la finale de la Ligue des Champions ! Mais en attendant (rires), on va d’abord essayer d’arriver en niveau Ligue et on verra bien ensuite. »
Corentin : « Pareil ! Je veux d’abord arriver en Ligue et ensuite, je ne me précipite pas trop, même si j’aimerais bien arriver au niveau national et… passer au moins une fois à la télé(rires)


 

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