A force de ne plus savoir gagner, les Grenats ont fini par perdre. Sévèrement. A force de ne plus avancer au classement, ils ont fini par atteindre la dix-septième place. Lentement, mais sûrement. Neuvième au soir de la défaite contre Bastia pour son premier match en 2012, le club à la Croix de Lorraine s’enfonce depuis dans les eaux troubles. Ce soir, il garde péniblement la tête hors de la zone de relégation, pour trois petits points d’avance. Mais s’il veut être au sec à la fin de la saison, il faudrait qu’il inverse rapidement le sens du courant qui l’entraîne depuis trois mois.
S’il leur fallait un électrochoc pour enclencher cette marche avant, les Messins n’ont plus à le chercher : ils l’ont trouvé en Champagne, où ils ont subi ce soir une défaite nette et sans bavure. Presque une humiliation, parce que les trois buts ont été inscrits en moins de trente minutes de jeu dans le premier acte ; mais pas un naufrage, parce que les Rémois ont marqué sur leurs trois seules occasions de la première période.
Paradoxalement, c’est au cours de la mi-temps qu’ils ont le mieux maîtrisée que les hommes de Dominique Bijotat ont encaissé les trois buts qui ont scellé bien trop tôt le sort de la partie. Et quand on dit tôt, on n’exagère même pas. Les Rouge et Blanc avaient à peine eu le temps de compter jusqu’à soixante qu’ils obtenaient déjà un penalty ! Le bras de Yohan Betsch était peut-être légèrement décollé de son corps, mais ce ‘geste’ intervenait sur une action qui ne semblait pas dangereuse et à quelques instants du coup d’envoi de la partie, un autre aurait pu laisser filer. L’arbitre n’en fit rien et Cédric Fauré put convertir tranquillement une entame de match dont il n’aurait pas osé rêver (0-1, 2°).
A peine cinq minutes plus tard, alors que les deux équipes se jaugeaient encore, le talent rémois fit une nouvelle fois la différence. Odaïr Fortes exécutait un superbe numéro sur son côté droit, pénétrait dans la surface messine et servait admirablement Kamel Ghilas en retrait. Le meilleur artilleur de la Ligue 2 plaçait une frappe croisée sur laquelle Sissoko, gêné par de nombreux joueurs présents devant lui, ne pouvait rien (0-2, 8°).
A ce moment-là du match, les Grenats auraient pu se dire que les dieux du Stade Delaune étaient contre eux, et lâcher prise. Mais non. Au contraire, ils se portèrent vers l’avant en rangs, construisirent le jeu sans précipitation, et jouèrent en passes courtes et rapides pour tenter de déstabiliser l’actuel dauphin du championnat. Las, maladroits dans le dernier geste, incertains aux instants de conclure leurs offensives, les Messins ne parvinrent pas à percer les filets rémois.
Pire, ils eurent droit à une véritable leçon, que dire, un récital, de réalisme par leur adversaire. Peu avant la demi-heure de jeu, alors qu’ils n’avaient pas mis un pied dans la surface messine depuis leur deuxième but, les joueurs du Stade de Reims enfoncèrent le clou. Sur un contre, Kamel Ghilas servait Cédric Fauré dont la tête lobait Oumar Sissoko (0-3, 25°). Tamboura eut beau tenter une frappe croisée qui manquait de peu le cadre d’Agassa (31°), Duhamel eut beau essayer de profiter d’un moment de faiblesse du gardien rémois (37°), Pouye eut beau conclure par un joli tir croisé une passe de Mané (38°), personne, côté messin, ne trouva la faille avant la pause.
Conscient que les siens pouvaient jouer ainsi très longtemps avant de parvenir à inscrire un but, Dominique Bijotat tenta le tout pour le tout et procéda à deux changements à l’heure d’aborder la seconde période. Steimetz et Delort prenaient les places de Bouby et Duhamel. Mais rien n’y fit. Trois opportunités franches à inscrire au bénéfice des joueurs dont le maillot est floqué de la Croix de Lorraine – une frappe du capitaine quelque peu dévissée (48°), une tentative de Mané qui finit dans les gants d’Agassa (60°) et un tir de Steimetz pas assez puissant pour inquiéter l’ancien portier grenat (69°) : ce fut trop peu pour parvenir à instiller le doute dans les têtes et les jambes d’un adversaire qui fut davantage maître de son jeu durant le deuxième acte. La rentrée de Kévin Diaz apporta bien un peu de peps et une touche technique supplémentaire aux offensives messines, mais le retard à combler était trop important. Ce soir, la marche était trop haute pour les Messins.
Eux qui se désolaient d’avoir enchaîné quatre matches nuls, ces dernières semaines, verront-ils cette sévère défaite comme un poids de plus à supporter sur leurs épaules, ou pourront-ils la recevoir comme une claque salvatrice ? La douche glacée à la mode rémoise pourrait bien, si les Grenats le veulent bien, être de ces gifles qui vous remettent sur le bon chemin en vous montrant par une porte entr’ouverte les dangers qui vous guettent si vous ne réagissez pas.
Ce vendredi soir, le FC Metz est dix-septième de Ligue 2, avec trois points de plus que ses deux poursuivants, Le Mans et Boulogne. Si ces noms vous disent quelque chose, c’est normal : il s’agit des deux prochains adversaires des Messins. A domicile, s’il vous plaît. Mardi, les Manceaux se présentent en effet à Saint-Symphorien en match en retard, et vendredi, ce sont les Boulonnais qui rendront visite aux Lorrains. Difficiles de ne pas y voir une immense opportunité, presque une chance, de reprendre un peu d’air avec cette zone rouge qui brûle les poumons. Un tournant, un vrai, qui pourrait amorcer une remontée au classement. Quand on est descendu, on peut toujours remonter. Lentement, mais sûrement.