Qataris, investisseurs, faillite, actionnaires, dépôts de bilan... Voilà les termes qui ont fait l'actualité du football l'année passée. L'argent a été plus que jamais au centre des débats, et a modifié le paysage du football français. Monaco, Paris et Evian en ont été les bénéficiaires, Grenoble et Strasbourg les victimes. Mais le clinquant ne fait pas tout, et certains clubs sont là pour le prouver. La Corse en est le parfait exemple. Bastia, avec ses neuf millions d'euros de budget pour la saison, est loin des vingt millions de Lens ou de Monaco, qui surpassent encore largement les seize millions d'Ajaccio, pourtant en Ligue 1 ! La force des clubs de l'Ile de Beauté réside donc ailleurs, mais où ?
Le 28 mai 2005, l'apogée du football corse prend fin. Après trois saisons de double représentation en Ligue 1, Bastia, battu deux à zéro par Strasbourg, est relégué en Ligue 2. Ajaccio, seul club de l'île dans l'élite, suivra le même parcours une saison plus tard. Avant cela, il fallait remonter à la saison 1993-1994 pour que la Division 1 de l'époque soit privée d'un club insulaire. La suite est encore plus dramatique, le SC Bastia étant relégué en National au terme de la saison 2009-2010.
Depuis cette date, la reconquête est lancée ! Comme un certain Corse, près de deux cents ans plus tôt, après l'exil, les clubs corses reviennent en force. En deux saisons, l'AC Ajaccio remonte en Ligue 1, et le SC Bastia ne s'éternise pas en National, retrouvant la Ligue 2 après seulement une année au purgatoire. Et même chez les amateurs, les Corses brillent : le Gazélec Ajaccio est promu en National, et le FC Calvi accède pour la première fois dans son histoire en CFA. En tout, cette année, cinq clubs insulaires s'étalent sur les quatre premières divisions du football français. Et le bilan à la mi-saison est plutôt encourageant. Les deux clubs de Bastia (SC Bastia et CA Bastia en CFA) sont en lice pour la montée à l'étage supérieur, et le Gazélec réalise un début de saison honorable, en étant à seulement deux points du trio de tête en National. Calvi occupe une 11ème place dans le groupe A du Championnat de France Amateur tout à fait respectable pour un promu. Seul Ajaccio semble davantage à la peine. Dernier du championnat de Ligue 1, le club devra batailler en seconde partie de saison pour sortir de la zone rouge.
Le Sporting Club de Bastia, futur adversaire du FC Metz, se retrouve donc dans la peau d'un candidat à la montée, quelques mois seulement après son expérience en National. Comment l'équipe a-t-elle pu se remettre aussi vite de sa relégation, et aujourd'hui être sur le podium de la Ligue 2 ?
Tout d'abord, d'une manière générale et pas seulement propre à Bastia, les clubs corses sont difficiles à battre sur leurs terres. En quarante-et-un matches de championnat disputés à domicile cette saison par les cinq clubs cités plus haut, on dénombre huit défaites. Mieux, sans compter l'AC Ajaccio, on passe à seulement trois défaites en trente-deux matches sur le sol corse ! L'un des atouts de Bastia se retrouve dans cette statistique. Les Bastiais n'ont connu aucune défaite cette saison à Armand-Césari, et ont même éliminé en Coupe de France le FC Sochaux-Montbéliard, résident de Ligue 1. En outre, Bastia possède un taux de remplissage de son stade d'environ 60%, soit près de 20 points au-dessus de la moyenne de Ligue 2.
Du point de vue sportif, la remontée puis la dynamique actuelle du club se sont appuyées sur un homme, un ancien Grenat, Frédéric Hantz. Arrivé au lendemain de la relégation en National, Hantz fera remonter le club en trente-six journées (sur quarante-deux journées cette année-là en National) et offrira même le titre aux Bastiais, le 7 mai au soir de la trente-neuvième journée. En 2012, c'est avec le même entraîneur que les Corses se retrouvent à la troisième place de Ligue 2, dans la course à la montée.
La composition de l'effectif et le recrutement ambitieux ont aussi été des facteurs importants de cette renaissance du club alticorse. Un savant mélange de joueurs habitués à l'élite comme Jérôme Rothen, l'ancien Messin Toifilou Maoulida ou encore l'ancien Bâlois François Marque, quelques anciens de la maison comme Fethi Harek et Yannick Cahuzac, et des espoirs du club comme Abdoulaye Sadio Diallo (transféré à Rennes mais prêté à Bastia jusqu'à la fin de saison) et Wahbi Khazri.
Autant d'éléments qui font de Bastia un des prétendants à la montée et un adversaire de choix pour les Grenats. Attention donc, samedi, à ne pas se laisser surprendre par un promu pas comme les autres.
Crédit photo : JN/SCBastia2011, www.sc-bastia.com