Les sommets puis la chute. Après le très médiatique succès des 19 ans en Coupe Gambardella au stade de France et la montée en CFA avec l’équipe B, Yeni Ngbakoto a connu un été aride. Suspendu sept matches pour une colère largement évitable, le jeune messin a rongé son frein de longs mois durant. Et comme pour le rappeler à son devoir de patience, une nouvelle exclusion - bien plus sévère cette fois - est venue émailler ses débuts avec l’équipe professionnelle. C’était à Châteauroux, dans le temps additionnel, et cela lui a coûté deux vendredis de repos supplémentaires.
Garçon pressé, Yeni s’efforce depuis de prendre son mal en patience, bien aidé dans ce domaine par l’ « entraînement psychologique » de Dominique Bijotat. Cela a payé vendredi avec une première titularisation à domicile sur le flanc gauche de l’attaque des Grenats. Même s’il a manqué une occasion d’ouvrir la marque à un moment clé de la partie, le milieu offensif formé au club a montré des qualités de percussion et une audace qui devraient lui permettre d’augmenter son temps de jeu d’ici la fin de la saison.
« Le professionnalisme, c’est un autre univers »
Pour y arriver, le numéro 22 sait qu’il doit poursuivre ses efforts, alors que son adaptation au monde professionnel semble achevée. « En équipes de jeunes, explique-t-il, on est plus ou moins assuré d’être titulaire le week-end. De plus, nous vivons un peu dans le confort. Arrivés ici, il faut parvenir à vivre avec la concurrence. Quant aux matches, l’intensité y est supérieure. Dans certaines zones du terrain, il est crucial de ne pas se manquer, sans quoi on fait courir de gros risques à l’équipe. Le professionnalisme, c’est un autre univers ! » Un ‘bon jeune’ ne fait pas toujours un ‘bon pro’. Yeni l’a compris.
Au rayon des progrès qui lui restent à effectuer figure le comportement sur le terrain. Cela ne pouvait pas échapper à Dominique Bijotat, à qui on a présenté ce garçon comme étant suspendu plusieurs rencontres à son arrivée. Le traitement de faveur administré par le coach est accepté par sa victime. « Parfois, sourit Yeni, je sens bien pendant les oppositions qu’il oublie volontairement de siffler une faute sur moi. Il fait cela pour que j’arrête de me focaliser sur des petites injustices. C’est intelligent, il nous a tous bien cernés ! » Au lendemain de son exclusion à Châteauroux, on a même vu Yeni endosser le costume d’arbitre à l’entraînement. Ou, plus courant, être mis à l’écart quelques instants à l’image des joueurs de hockey sur glace envoyés en « prison ».
Cet « entraînement psychologique », le milieu offensif confesse en avoir besoin. S’il est loin d’être une tête brûlée, ses petits coups de sang peuvent lui causer des soucis. « J’ai pénalisé à la fois le groupe CFA et le groupe pro en ce début de saison à cause de cette longue suspension, concède-t-il. Ce n’est pas normal, mais je connais mon tempérament impulsif et je sais que je dois progresser en maturité. » C’est peut-être ce qui lui permettra aussi de retrouver le maillot bleu. Depuis un déplacement en Ukraine l’an passé, Philippe Bergeroo ne l’a plus appelé. Pour les mêmes raisons qui l’ont mené à passer l’été derrière la main courante ?