Denis, comment qualifieriez-vous le partenariat entre le FC Metz et la Fédération de Chengdu aujourd’hui ?
Denis Schaeffer: « C’est un partenariat stabilisé. La première convention signée en 2005 a été renouvelée régulièrement depuis, avec parfois quelques modifications pour renforcer et améliorer la coopération entre les deux structures. On peut dire qu’aujourd’hui nous sommes bien rodés.
Chaque année, plusieurs joueurs chinois intègrent le centre de formation grenat pour une saison complète. Comment se passe leur intégration ?
D.S. : Très bien ! YI Teng et WANG Chu, qui sont là depuis plusieurs années, les aident au début et ensuite cela va tout seul. Ils apprennent le français à l’Université de Metz, s’entraînent avec nos équipes comme s’ils étaient des joueurs ici depuis tout petits. Cette année, les deux joueurs que nous accueillons ont intégré notre équipe U17 Ligue. En plus, grâce à une dérogation accordée par la FIFA, les jeunes Chinois que nous accueillons pour l’année ont le droit de jouer des compétitions officielles avec nos équipes.
C’est un plus pour eux, non ?
D.S. : Indéniablement. L’objectif de ce partenariat est surtout de les confronter à l’intensité et au rythme du football européen. Parce qu’en Chine, il n’y a pas de compétition régulière et ils doivent se contenter de tournois une ou deux fois par an. Ils s’entraînent et jouent entre eux mais il n’y a aucun retour d’évaluation : c’est le gros manque du football chinois aujourd’hui. A Metz, nous leur apportons cela et ils progressent différemment.
Pourquoi ne les garder qu’un an seulement ?
D.S. : C’est une obligation des règlements internationaux. Les footballeurs âgés de moins de 18 ans peuvent rester une année au maximum chez nous, en tant que stagiaire. Pour Wang Chu, qui est là depuis maintenant plusieurs saisons, la situation est différente parce qu’il a rejoint un membre de sa famille en France avant de rejoindre notre club.
Les échanges avec Chengdu concernent également l’encadrement technique. C’est donc par là aussi que passe le développement du football chinois ?
D.S. : Aujourd’hui, l’un des problèmes majeurs du football, outre l’absence de « culture football » parmi la population, est l’approche des entraîneurs. Sans être péjoratif, c’est encore une approche de club amateur parce qu’ils ont une vision qui n’intègre que l’aspect purement sportif du football. Il n’y a pas de prise en charge globale des jeunes footballeurs par rapport à un environnement médical, éducatif, psychologique, nutritionnel ou comportemental. Or les structures de formation de haut niveau ne peuvent plus aujourd’hui se passer d’étudier et d’intégrer ces aspects. Quand les techniciens de Chengdu viennent à Metz, ils ont l’opportunité de s’imprégner de toutes les composantes de la vie du club et de rencontrer toutes les personnes qui collaborent à la bonne formation des joueurs.
Le football chinois est-il en bonne voie ?
D.S. : Aujourd’hui, le football chinois se développe mais je pense que l’amélioration sera longue et lente. Il n’y a pas de culture du foot comme en Europe, où au moins un membre de la famille de chaque joueur a joué au football ou est passionné par le football. Ce n’est pas le cas là-bas, cela ne viendra pas si vite. Jusqu’à il y a dix ans, le football ne concernait qu’une vraie minorité de Chinois. Ce qui manque aussi au football chinois, ce sont des stars internationales. Pourquoi le basket a-t-il fait un bond en Chine ? Grâce à Yao Ming qui s’est imposé en NBA. Les Chinois comptaient beaucoup sur les Jeux Olympiques de Pékin pour « booster » le foot, mais cela a été une déception au niveau des résultats et le reste n’a pas suivi.
Quand on noue un partenariat avec une fédération chinoise, pense-t-on aux retombées économiques que cela peut engendrer ?
D.S. : Forcément, on garde ça dans un coin de la tête, mais pour l’instant nous en sommes loin. Certes, le FC Metz est déjà populaire à Chengdu et nos visites sont à chaque fois accompagnées par les médias nationaux ; mais pour l’instant, l’objectif principal reste de contribuer à professionnaliser au maximum les structures de formation qui existent là-bas. »