Cela fera cinq ans cet été que la première pierre du pont franco-chinois entre Metz et Chengdu a été posée. En juin 2004, trois joueurs avaient fait le grand saut vers le Centre de Formation lorrain (voir article lié ). Depuis, beaucoup de chemin a été parcouru. Denis Schaeffer, qui s’occupe de ce dossier depuis les premiers contacts, est retourné en Chine récemment et tire de nombreux enseignements de ses quatre jours de présence sur place.
Un partenariat ressenti positivement
D’une part, l’intérêt que suscite ce partenariat en Chine est loin de s’être éteint au fil des mois. Au cours d’une conférence de presse donnée à la presse locale et suivie par les familles des joueurs, le représentant du club messin a pu le constater. « Les Chinois commencent à ressentir concrètement les effets de nos échanges, explique-t-il. Les joueurs qui sont passés par notre Centre de Formation mais qui n’ont pas réussi pour diverses raisons font le bonheur de leurs entraîneurs aujourd’hui en Chine. Deux d’entre eux évoluent aux ‘Chengdu Blades’ en première division. Leur expérience parmi nous leur a été profitable et ils reviennent mieux armés. Ils amènent un plus au quotidien et tirent leurs coéquipiers vers le haut. » L’intérêt dépasse le cadre du Centre de Formation de Chengdu. La fédération de football chinoise suit en effet de près l’évolution du partenariat et envisage de s’y impliquer également. A l’étude : donner la possibilité à un plus grand nombre de joueurs d’effectuer des stages en France.
Améliorer le travail en amont…
D’autre part, il est nécessaire de renforcer le travail de formation et de préformation sur place. Pendant une journée, Denis Schaeffer a évalué le potentiel des joueurs nés en 93, 94 et 95. Le niveau global des joueurs est intéressant, mais il regrette « qu’aucun joueur n’émerge réellement. » La dernière demi-journée de son séjour a été l’occasion pour lui de voir les garçons en situation de match, lors d’oppositions internes. Il a également observé la façon de faire de leurs coachs et insiste sur l’importance de renforcer les compétences de l’encadrement technique. « Les entraîneurs du centre sont pour la plupart d’anciens joueurs chinois de haut niveau, commente-t-il. Ils ont un vécu et des connaissances techniques, mais il leur manque une approche d’entraîneur. Le football chinois doit impérativement se pencher sur la formation de ses cadres techniques. »
… et l’encadrement des joueurs
L’un des volets du partenariat consiste pour le FC Metz à diffuser son savoir faire en matière de formation auprès des techniciens chinois. C’est dans cette optique que Sébastien Muet s’était déjà rendu sur place en Novembre 2007. Denis Schaeffer, qui s’est occupé depuis son arrivée au sein du club messin d’établir les conditions d’une prise en charge (sportive, scolaire, médicale et éducative) de ses joueurs, souhaite appliquer le même modèle à Chengdu : « J’ai beaucoup insisté auprès des éducateurs travaillant dans les établissements scolaires partenaires sur l’accompagnement des joueurs. Ils ne semblent pas s’en soucier actuellement. Que développe-t-on chez un garçon entre dix et vingt ans ? En quoi consiste notre mission par rapport au football de haut niveau ? C’est ce que j’ai développé. » Schaeffer s’est fixé deux priorités : faire un travail d’aide à la détection et poursuivre la formation des cadres.
Le premier club français à faire jouer un joueur chinois ?
Dans leur pays d’origine, les joueurs chinois les plus âgés, Wang Chu et Yi Teng, suscitent beaucoup d’espoir. Ils sont les deux éléments les plus proches du groupe CFA. Mais il faudra encore un peu de patience et une bonne dose de travail avant qu’ils ne foulent le sol de Saint-Symphorien, s’ils en ont la chance. S’ils y arrivent, ils ne seront pas les premiers Chinois à jouer en première division. Leur aîné Jin-Yu Li a porté le maillot de Nancy à six reprises, mais l’expérience avait tourné cours. Mais les joueurs messins peuvent être ambitieux. Ils ont mis davantage de chances de réussite de leur côté !