Président, l’annonce de la possibilité d’un nouveau stade en périphérie de Metz a surpris. Qu’en est-il exactement ?
Carlo Molinari : « Nous n’en sommes qu’au stade de la réflexion. Aucune décision n’a été prise à ce sujet. Mais on ne peut pas nous reprocher d’explorer toutes les pistes qui s’offrent à nous. L’idée qui se dégage actuellement rejoint ce qui se fait ailleurs : construire une nouvelle enceinte et l’intégrer dans un centre de vie où l’on peut imaginer ouvrir un cinéma, un hôtel, un centre d’affaire. On n’aurait plus alors qu’un simple stade de football, qui vit au rythme des rencontres toutes les deux semaines, mais un véritable pôle d’activités. »
Pourquoi s’écarter de l’idée de refonte de Saint-Symphorien, clé de voute du « Projet Grenat 2010 » dévoilé au mois de février 2007 ?
C.M. : « Cette solution n’est pas abandonnée. Nous pesons le pour et le contre. Si nous restons à Saint-Symphorien, nous disposons d’un stade urbain avec ses charmes et ses inconvénients. On sait que les accès ne sont pas aisés et qu’il est difficile de les améliorer. De plus, il est situé dans une zone déjà occupée. Nous n’avons donc aucune possibilité d’extension du site, il sera par conséquent impossible de construire tout autour ce lieu de vie que j’ai évoqué. La rénovation de Saint-Symphorien coûterait moins cher, mais parviendrions-nous à attirer les investisseurs ? Aujourd’hui, il semble que ceux-ci soient plus intéressés par l’autre solution. »
Le « Projet Grenat 2010 » n’est donc pas mis au placard…
C.M. : « Non, bien sûr ! Quel que soit l’emplacement, la philosophie générale reste la même. Simplement, nous nous posons la question : serait-ce mieux ailleurs ou ici ? Le nouveau stade, c’est une idée, il ne faut pas tirer de plans sur la comète. Dans tous les cas, ce qu’il faut retenir, c’est la nécessité de continuer à se battre pour réaliser ce projet et avoir ce nouvel outil. La région, par l’intermédiaire de son président, s’est montrée favorable. Je n’en ai pas encore discuté Philippe Leroy (ndlr : président du Conseil Général) mais nous avons par contre reçu une délégation d’élus de la municipalité la semaine dernière. Il me semble qu’ils ont été intéressés par nos idées. »
La relégation du club ne risque-t-elle pas de mettre en péril ce projet ?
C.M. : « Il ne faut surtout pas tenir compte de la situation sportive. Les exemples de clubs qui ont construit leur stade en Ligue 2 sont nombreux. Nancy était plus proche du National que de la Ligue 1 lorsqu’il a rénové Marcel Picot. Grenoble a quant à lui construit le Stade des Alpes alors qu’il n’avait plus connu l’élite depuis près de quarante ans. Même si nous n’avions pas le bonheur de remonter immédiatement, il ne faudrait pas pour autant abandonner. Ériger une enceinte de cette envergure prend deux ou trois ans à partir du moment où le cahier des charges est établi. C’est un projet d’avenir pour la ville de Metz. Car si on le pense bien, ce stade, on pourra y faire autre chose que du football. »
Passons à un sujet plus actuel, quelle est la situation financière du FC Metz ?
C.M. : « Elle est celle d’un club qui descend. Il nous faut, comme souvent, recourir à des transferts afin d’équilibrer notre budget. Mais la situation n’est pas pire qu’il y a deux ans ou sept ans. Ce déficit incombe à des recettes moins importantes que prévues, à la prime de classement que nous pensions supérieure et à l’excès de joueurs présents au sein de notre effectif. Tout cela implique des pertes importantes. Voilà pourquoi il nous faut vendre et faire des efforts pour réduire notre masse salariale. Mais nous ne sommes pas plus en danger aujourd’hui qu’hier. »
Quels contours souhaitez-vous donner à l’équipe qui sera appelée à relever le défi de la remontée immédiate ?
C.M. : « Yvon Pouliquen souhaite travailler avec un groupe oscillant autour de 26 contrats professionnels. Nous allons faire confiance aux 18 ans actuels pour évoluer en Championnat de France Amateur, épaulés par les ‘pros’ qui seront disponibles. On ne pourra inscrire l’an prochain que seize noms sur les feuilles de match de Ligue 2. Cela laisse donc dix garçons de côté, même s’il y en aura forcément moins en raison des blessures et des suspensions. Nous allons donc chercher à réduire nos effectifs, mais nous recruterons également sur deux à trois postes clé, qui nous semblent importants : un buteur confirmé, ce qui nous a manqué cette année, et des joueurs ‘extérieurs’ pour occuper les côtés. C’est ce qui nous fait défaut principalement. »
Du côté des départs, celui de Miralem Pjanic a logiquement été évoqué ces derniers jours. Où en est ce dossier ?
C.M. : « Il n’y a rien de neuf. Nous ne pouvons pas cacher l’intérêt que nous ont manifesté plusieurs grands clubs, mais nous n’avons pas encore reçu d’offre concrète, matérialisée. Nous savons qu’il a rencontré deux clubs, un français et un étranger. Avec la maturité dont il fait preuve sur les pelouses, il pourrait être titulaire dans beaucoup d’équipes et il en est conscient. Je ne sais pas si c’est un bien pour nous, car il est de fait peu motivé à l’idée d’évoluer en Ligue 2. En ajoutant à cela les contraintes économiques qui sont les nôtres, son départ devient difficilement évitable. »
Il y a deux ans, Francis De Taddeo avait bâti une équipe extrêmement efficace, mais dont la façon de jouer laissait parfois les spectateurs indifférents. Quelle sera la ligne de conduite l’an prochain ?
C.M. : « Ce n’est pas trahir un secret que d’affirmer qu’Yvon Pouliquen a une prédilection marquée pour le football offensif. Néanmoins, cela ne permet pas toujours d’avoir les résultats escomptés. Il faudra peut-être parfois sacrifier le jeu au profit de l’efficacité, quitte à jouer contre nature. Mais Yvon n’est pas fou, avec le but avoué de monter en Ligue 1, il sait qu’il faut savoir faire l’impasse sur la manière quand la situation l’exige. C’est un compromis à trouver. »
Les supporters qui suivront à nouveau le club en Ligue 2 méritent en tout cas un geste…
C.M. : « Cette saison a laissé des traces, inévitablement, au sein de notre public, dont on peut comprendre la déception. Nous tenons à remercier nos fidèles. Pour cela, les mots ne suffisent pas toujours. Bien évidemment, la descente implique une baisse sensible du prix des billets. Mais nous avons réfléchi à une politique d’abonnements qui permette, en plus, de privilégier les abonnés de cette saison qui resteront à nos côtés, tout en valorisant également les anciens abonnés qui reviendraient vers nous. Aujourd’hui, c’est bien Saint-Symphorien qu’il s’agit de faire vivre… »