à Guingamp s’est plutôt bien passé. Comme vous l’aviez
espéré ?
Malick Diop : « Nous avons essayé de tuer le match
le plus rapidement possible. Avant la partie, nous nous étions dit qu’il
ne fallait pas leur laisser le temps de reprendre confiance en eux car ils possèdent
tout de même de bons joueurs de foot. Ca a bien fonctionné avec
ce but de Julien Cardy dès le premier quart d’heure. Personnellement,
j’ai beaucoup apprécié le fait que nous ne prenions à
nouveau pas de but. Rester la meilleure défense du championnat constitue
une fierté. Je tiens à ce que nous rentrions sur le terrain avec
l’envie de conserver ce statut. »
En tant que doyen de la défense,
replacez-vous régulièrement vos coéquipiers ?
M.D. : « Nous nous replaçons mutuellement. On
se donne de petites indications. Être expérimenté est un
plus mais ce n’est pas pour ça que j’ai des yeux dans le
dos. Nous faisons preuve de complémentarité. L’expérience
s’apporte surtout hors du terrain. Je le fais car je me rappelle que j’avais
besoin de conseils à mes débuts. On ne se rend pas compte de tout
à vingt ans. C’est pour cela qu’il est important de pointer
du doigt les mauvais côtés des jeunes. Il ne faut pas hésiter
à leur dire des choses désagréables, pendant les matches
et dans la vie de tous les jours. »
Votre carrière est étroitement
liée à la sélection sénégalaise. Comment
jugez-vous son évolution depuis votre première cape ?
M.D. : « J’ai porté pour la première
fois le maillot du Sénégal en 1995. Nous avions joué contre
le Mali à Saint-Louis, la ville natale de mon père, et gagné
1-0. L’état d’esprit a beaucoup évolué depuis.
Désormais, les joueurs savent ce qu’ils peuvent apporter au pays
et au peuple. Ils s’investissent beaucoup plus. Je pense que les choses
ont commencé à changer avec les CAN 86 et 92. Lors de la seconde,
avec Jules Bocandé devant et Claude Leroy en sélectionneur, le
Sénégal avait fait quelques prestations intéressantes.
Alors, le niveau s’est élevé petit à petit. Désormais,
nous sommes bien plus assidus. Nous ne manquons plus le rendez-vous de la Coupe
d’Afrique. Il nous reste à la remporter. C’est ce qui nous
manque. Par rapport au Cameroun, on ne peut rien dire, ils l’ont ramenée
plusieurs fois. Si on pouvait la gagner… »
A votre arrivée en France
(en 1999), les joueurs africains n’étaient pas aussi nombreux.
Pensez-vous que votre génération a ouvert des portes aux suivantes
?
M.D. : « Sans doute, mais cela a surtout ouvert des portes
aux clubs. Ils ont vu que les Africains pouvaient apporter quelque chose au
football français. A l’époque, c’est Claude Leroy
qui m’avait permis d’effectuer un stage au Racing. J’avais
disputé une rencontre test face au Bayern Munich, cela leur avait suffi.
Désormais, beaucoup de clubs fonctionnent par des partenariats avec des
centres de formation, comme c’est le cas à Metz. En règle
générale, ils sont gagnants puisqu’ils récupèrent
les meilleurs éléments. Je trouve que c’est une bonne chose.
»
Au pays, comment est perçu
cet exode des talents vers l’hexagone ?
M.D. : « Les Sénégalais le prennent bien
car ils savent que le vivier est chez eux (rires) ! La Ligue 1 est d’ailleurs
très suivie. C’est un véritable pays de football. Je suis
persuadé que certains fans là-bas connaissent mieux le championnat
que les Français. Il y a peu, un ami m’a donné des résultats
dont je n’étais même pas au courant. Et puis, il y a de très
bons joueurs qui font le choix de ne pas partir. Au ‘bled’, on peut
très bien vivre lorsqu’on est footballeur. Même si, pour
construire quelque chose sur le long terme, c’est plus difficile. »
Pour vous, le football est-il
un métier ou un loisir ?
M.D. : « Les deux en même temps. Nous gagnons de
l’argent en nous faisant plaisir. Il y a des séances d’entraînement
difficiles, des matches où on souffre, mais nous avons choisi de le faire
et il faut assumer jusqu’au bout. J’ai toujours eu cette philosophie.
J’ai la chance de faire partie d’une famille de sportifs, ce qui
m’a aidé dans ce sens. Mon père et mon oncle étaient
footballeurs en Afrique. Leurs conseils m’ont beaucoup apporté.
»
Malgré une carrière
internationale bien remplie, vous avez rarement évolué en Ligue
1. Comment l’expliquez-vous ?
M.D. : « C’est le destin. Un manque de chance,
peut-être. Lorsque je signe à Lorient en 2002, le club est en L1.
Au bout de six mois, nous descendons. Après, je pensais que ça
allait repartir. Résultat, nous finissons plusieurs fois 4èmes
et le club remonte l’année de mon départ à Guingamp
! J’espère que cela va se faire cette année. Je ne suis
jamais monté au cours de ma carrière. Si je connais ce bonheur
et que je termine sur une ou plusieurs saisons en L1, ce sera une belle sortie...
Par la grande porte. »