Ce qui n’était au départ qu’un chant de victoire comme un autre est devenu le tub de la fin de saison à Saint-Symphorien. Son auteur, Oumar Sissoko, l’a fait découvrir aux derniers supporters qui le méconnaissaient peu après la victoire face au Havre. Micro en main et devant plusieurs milliers de personnes restées afin de célébrer le titre de Champion de France de L2, il ne s’est pas démonté. « La première fois que j’ai chanté cela dans le vestiaire, raconte-t-il, c’était après le match de Strasbourg (ndlr : victoire 4-1). C’était un derby, il y avait beaucoup de joie entre nous. Quelques joueurs m’ont demandé de le faire et comme le groupe a apprécié, nous avons recommencé à chaque résultat positif. A l’origine, je faisais ça avec les moins de 18 ans. Maintenant, je n’ai même plus le choix, je suis obligé de tenir ce rôle, mes coéquipiers me le réclament ! » Du haut de ses 19 ans, Sissoko est pourtant le plus jeune élément de l’effectif mosellan cette saison.
De l’«ASCMB» au FC Metz en passant par l’INF
Précoce malgré lui, le jeune portier arrive au terme d’un itinéraire de formation conventionnel. C’est sur le bitume de Montreuil (Seine Saint-Denis) que le petit Oumar use ses premières baskets comme beaucoup de jeunes du coin. Premières foulées en club sous les couleurs de l’« Association Sportive et Culturelle de Montreuil Bel-Air », une assoc’ créée par « les grands de la cité ». Il y évolue quelques années avant de rejoindre le « Red Star Club Montreuil ». C’est là qu’il enfile les gants, pour remplacer d’abord, par plaisir ensuite. Jusqu’à l’âge de 13 ans, il évolue au sein du club local avant de rejoindre l’INF Clairefontaine où le bizute Sébastien Bassong, d’un an son aîné. « Il était déjà balèze, rigole le défenseur des Grenats. On était obligé de se mettre à trois pour le choper. Sur le terrain, il jouait aussi souvent dans le champ. Un jour, en 15 ans nationaux, il a marqué d’une bicyclette. Il a fait trois fois le tour du terrain pour célébrer son but. » Quelques années plus tard, Sissoko garde un bon souvenir de son passage au centre de préformation : « C’est à ce moment que j’ai pris conscience qu’il fallait que je m’investisse sérieusement dans le football. Au début, c’était difficile car je quittais ma famille très jeune. Mais finalement, ça s’est très bien passé. Nous étions plusieurs gars à venir de la banlieue. C’était pour moi comme une seconde famille. »
Du coup, c’est la migration en Moselle qui fut la plus délicate à vivre. Âgé de 15 ans, Oumar signe au FC Metz après un entretien avec Francis De Taddeo, alors directeur du Centre. « Je ne me suis pas immédiatement intégré, concède-t-il. J’étais habitué à Clairefontaine. Pendant trois ans, j’étais toujours avec les mêmes personnes et du jour au lendemain, tout s’est arrêté. Il m’a fallu un temps d’adaptation. » Aujourd’hui, Sissoko fait partie intégrante du groupe pro et cette période est derrière lui.
En raison des absences conjuguées de Marichez, Mayebi et Bonnefoi, le benjamin de l’équipe s’est mué en titulaire vendredi dernier à Ajaccio. C’est la première fois que son nom figurait dans le onze de départ du Club à la Croix de Lorraine. Certes, les Grenats ont perdu et il a encaissé deux buts, mais il juge l’expérience positive : « J’avais une appréhension par rapport à l’environnement du match, à la pression de la compétition. Heureusement, je suis quelqu’un qui arrive facilement à faire abstraction de cela. Une fois sur le terrain, je me suis senti à l’aise. Bien sûr, j’aurai aimé apporter des points à mon équipe pour ma première, mais dans l’ensemble je suis assez content de ce que j’ai produit même s’il y a des choses à recadrer. » Pour cela, Sissoko a tout son temps. En fin de contrat à l’issue de cette saison, il est actuellement en discussion pour prolonger l’aventure en Grenat.