Metz - Clermont, je réserve ma place

Mes années Grenat... Jean-Philippe Séchet

Grenat de 1992 à 94, Jean-Philippe Séchet suit toujours le club de son coeur depuis sa retraite sportive en 2001. Aujourd'hui directeur d'une société de communication, il revient sur ses années messines et donne son avis sur la situation actuelle.
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Jean-Philippe, vous avez joué deux ans au FC Metz, quels souvenirs en gardez-vous ?

Jean-Philippe Sechet : « De très bons souvenirs. Je me rappelle d'un ‘club-famille' où tout se réglait en interne. Tout le monde, que ce soit les entraîneurs, les dirigeants ou les joueurs, était uni. Qu'il y ait victoire ou défaite, nous nous retrouvions après les matches pour manger ensemble. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas, les joueurs rentrent vite chez eux après les rencontres et on ne sent plus de fraternité entre eux. Cela se ressent aussi sur le terrain. A mon époque, l'équipe avait du caractère et chacun donnait le meilleur de soi-même. Je n'ai à Metz que des très bons souvenirs. »

Quelle différence avez-vous pu observer entre le FC Metz et les autres clubs dans lesquels vous avez joué ?

J-P.S. : « Je n'ai jamais connu cet état d'esprit ailleurs qu'au FC Metz. Peut-être lors de mes débuts à Grenoble quand Claude Le Roy en était l'entraîneur. Et quelques mois quand Olivier Rouyer coachait Nancy. Mais sur la durée, les deux saisons à Metz sous la houlette de Joël Muller restent un moment inoubliable où chaque jour était un plaisir. Metz était un club sain, serein grâce à tous les dirigeants du club qui faisaient un superbe travail. De plus, nous avions des joueurs avec un fort caractère comme Kubik, Cartier, Huysman… et malgré cela, Joël Muller savait bien gérer le groupe. Un club qui vit bien, réussit. »

Le passage entre Nancy et Metz s'est-il fait sans trop de difficultés ?

J-P.S. : « J'ai tout de suite été accepté par le public de Saint-Symphorien sans aucun ressentiment vis-à-vis de mon ancien club. Je pense qu'ils ont avant tout apprécié le joueur de par le jeu et le tempérament. Quand un joueur sait que la vedette, ce n'est pas lui, mais le club, il a tout compris. Le football était 120 % de mon temps, je respirais football, je vivais football. Et ça ne trompe pas un public. Je pense avoir laissé de bons souvenirs au public messin. »

Votre départ à Paris était-il pour vous, à l'époque, une récompense ?

J-P.S. : « Oui et non. C'était une juste récompense par rapport au travail fourni dans le milieu professionnel. Je n'ai aucun regret quant à cette orientation car j'ai beaucoup appris dans ce club. J'ai quand même été vice-champion de France, gagné une Coupe de France, une Coupe de la Ligue tout en jouant 34 matches dans l'année. Sans parler de notre participation à la Ligue des Champions, et tout ça en une seule saison. De plus, j'ai côtoyé des grands joueurs comme Raï, George Weah ou David Ginola. Pour mieux réussir au PSG, il aurait peut-être fallu que je sois moins admiratif de ses grands joueurs dans mes premiers mois. En leur marchant dessus plus rapidement, j'aurais peut-être pu gagner ma place au sein de cette équipe. J'ai quitté le club de la capitale car je ne me voyais pas continuer à jouer par intermittence et ce club était un petit trop « show-biz » pour moi. »

Avec quel entraîneur avez-vous le plus appris ?

J-P.S. : « J'ai appris avec tous les entraîneurs que j'ai côtoyé, les bons comme les mauvais. Mais celui sur lequel je me suis le plus appuyé pour ma carrière d'entraîneur est Joël Bats. C'était un homme de l'ombre qui nous apportait beaucoup tactiquement et qui fournissait un travail énorme auprès de Luis Fernandez. Il était discret et je me reconnais beaucoup en lui. Mais chacun m'a apporté quelque chose d'intéressant. »

Aujourd'hui, quel bilan faîtes-vous de votre carrière ?

J-P.S. : « Je pense avoir fait une très bonne carrière. Dix-sept ans de professionnalisme avec deux coupes gagnées et un titre de vice-champion de France. Je n'ai jamais été en fin de contrat dans tous les clubs que j'ai connu. Cela voulait dire que j'ai toujours eu une valeur marchande et donc une cote intéressante sur le marché. J'ai fait partie du groupe des quarante pré-sélectionnés par Gérard Houllier en 93 avant la Coupe du Monde aux Etats-Unis. J'ai fini trois fois meilleur buteur dans trois clubs différents. Le fait de n'avoir connu aucune sélection en Bleu n'est pas un regret. C'est juste un point de mire que je n'ai pas atteint. »

Quel regard portez-vous sur le FC Metz version 2005/2006 ?

J-P.S. : « Je suis peiné de la très mauvaise saison du club. Je n'ai pas senti un groupe à 100 % derrière son club. La plupart des joueurs ont joué leur carte personnelle au détriment de leur employeur. De plus, le recrutement n'a pas été bon. L'arrivée tardive de Joël Muller n'a rien arrangé puisqu'il a dû faire face à des joueurs qu'il n'avait pas choisis. A part quelques-uns comme Grégory Wimbée ou encore Carl Medjani avec qui j'ai eu l'occasion de discuter et qui a un discours intéressant, je ne sentais pas vraiment les joueurs concernés par l'avenir du club. Un professionnel a des devoirs auprès de son club et non des droits. »



Quelle(s) différence(s) observez-vous entre le football que vous avez pratiqué et celui d'aujourd'hui ?

J-P.S. : « A l'époque, il n'y avait pas encore ce boum de l'étranger et la surmultiplication des impresarios autour des joueurs. Aujourd'hui, un agent gagne de l'argent sur chaque vente de son protégé et cela devient récurrent de voir un joueur porter plusieurs maillots en une saison. Le mercato d'hiver n'a rien arrangé et tous ses bouleversements ne permettent plus aux joueurs d'avoir l'esprit club. Celui-ci a été créé par les présidents de clubs donc il ne faut pas qu'ils s'en plaignent aujourd'hui… Et puis l'argent a bouleversé les mentalités. Pour s'en rendre compte, il faut se dire qu'à mon époque, notre salaire brut ne représentait que 20 % de ce que l'on pouvait gagner dans le mois, les 80 % restant étaient les primes de matches. Alors, vous comprenez bien que les joueurs se donnaient à fond. Aujourd'hui, les primes des joueurs n'atteignent que 20 % de leur salaire, donc victoire ou défaite, cela leur importe peu. Cette génération est trop couvée. L'esprit n'est plus le même non plus. Avant, nous nous battions pour avoir la table de jeu dans le bus. Maintenant, il n'y a plus d'échanges, les joueurs sont isolés avec leurs walkmans, leurs consoles portables ou leurs trois téléphones. C'est navrant.»

Que faîtes-vous aujourd'hui ?

J-P.S. : « Je suis directeur d'une société de publicité et de communication dans la région. Il était important pour moi de m'installer et arrêter de trimballer ma famille partout en France. Je suis également entraîneur de l'équipe d'Audun-le-Tiche (DH) en Moselle. Je ne suis pas aigri du football mais j'ai l'impression que les anciens joueurs ne sont pas les bienvenus dans le foot, que ce soit professionnel ou amateur. »

Jean-Philippe Séchet

Né le 16 juillet 1965 à La Tranche-sur-Mer

Poste : Milieu de terrain

Joueur du FC Metz de 1992 à 1994

Clubs successifs : Grenoble (1983-90), Gueugnon (1990-91), Nancy (1991-92), Metz (1992-94), Paris SG (1994-95), St-Etienne (1995-96), Nancy (1996-97), Sarrebruck (All) (1997-2000), Mertzig (Lux) (2000-01).

Entraîneur : - 17 ans Reims, Hamm (Lux), Hagondange, Audun-le-Tiche.

Palmarès : Vainqueur de la Coupe de France et de la Coupe de la Ligue en 1995 (Paris SG).

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