Trois matches que le FC Metz terminait sans marquer le moindre but. Trois
matches que les Auxerrois, troisièmes de Ligue 1, empochaient les trois
points. Et pourtant, en une petite quinzaine de minutes, la défense
façonnée par l’intransigeant Guy Roux a encaissé
trois buts ! La faute aux… trois attaquants alignés par Jean
Fernandez.
Il n’est pas certain que son homologue du soir, coiffé de son
habituel bonnet, ait apprécié cette inspiration tactique même
s’il est un adepte de longue date des formations en 4-3-3, un système
par ailleurs peu utilisé dans le football hexagonal. Toutefois, si
ce dernier a son influence, il n’est pas le facteur principal de la
soudaine et fulgurante réussite des Lorrains. Comme beaucoup s’accordent
à le dire, la détermination et l’agressivité des
troupes locales au retour des vestiaires ont fait la différence. Mais
cette débauche d’énergie eut été inutile
sans l’efficacité de leur triplette offensive qui montre des
signes de complémentarité intéressants. Etat des lieux.
Avec Ogbeche en plus, les deux buteurs se sont réveillés.
Hervé Tum, 20 matches
(18 fois titulaire, 2 fois entré en cours de jeu), 6 buts.
Puissance et détermination. 1m83 pour 80kg de muscles. Hervé Tum
est un attaquant qui s’appuie sur un physique de boxeur pour user les
défenses adverses. Le Camerounais, après un bon début de
saison (4 buts en 7 matches), a focalisé beaucoup d’attentions…
par son absence ! Blessé lors de la 12ème journée alors
que les siens triomphaient de Bastia, il fut contraint de quitter la pelouse.
Et Metz dut se passer de ses services quasiment jusqu’à la trêve.
Malgré la semaine de repos hivernal, Hervé Tum a donc attendu
la réception d’Auxerre pour retrouver le chemin des filets. La
faute à des capacités physiques pas entièrement retrouvées.
Une machine de cette importance ne se remet pas en route du jour au lendemain.
« Jusqu’à maintenant, j’étais perturbé
par quelques douleurs et je manquais de rythme. Mon efficacité s’en
est ressenti. Car sans l’intégralité de mes capacités
physiques, j’ai plus de difficultés à marquer. Désormais,
je me sens bien sur le terrain. » Sa dernière réalisation
datait du 22 septembre, une éternité pour un buteur qui affirme
n’avoir jamais douté.
Babacar Gueye, 26 matches (21
fois titulaire, 5 fois entré en cours de jeu), 4 buts marqués,
4 passes décisives.
On aura tout entendu à son sujet. « Boubacar », ou mieux
encore : « Babar Gueye »… Certains journalistes mal informés
se trompent encore. Peu importe, le garçon n’est pas pressé
de se faire un nom. Alors, appelez-le simplement « Babs ». Etant
le fils d’un ancien international sénégalais, il a d’un
seul coup énormément fait parler de lui au pays. Bon sang ne saurait
mentir. Mais son histoire n’est finalement pas très originale.
Elle est celle d’un jeune footballeur talentueux et prometteur à
qui on a voulu faire enfiler un costume trop grand. Catapulté unique
attaquant de pointe quand son compère dût s’absenter des
terrains, Babacar a découvert les rudiments du métier. La solitude
en pointe, le manque de réussite… et les sifflets. «
On ne peut pas dire que je l’ai bien vécu mais cela fait partie
du football. J’ai la confiance de mes coéquipiers, du coach et
des dirigeants. Alors, je ne fais pas de soucis. » Et il a bien
raison. Car maintenant que le meilleur passeur de Ligue 1 a quitté les
bords de la Moselle, il est le meilleur passeur du Club à la Croix de
Lorraine avec quatre offrandes à son tableau de chasse. Additionné
aux quatre buts marqués, voilà qui n’est pas si mal pour
un apprenti footballeur de même pas dix-neuf ans…
Bartholomew Ogbeche, 1 match.
Le petit nouveau de la bande. Ogbeche a débarqué en Lorraine au
bon moment, après que le FC Metz ait tiré une croix sur Toifilou
Maoulida. Inutilisé à Paris, le Nigérian avait préparé
ses bagages depuis l’ouverture du mercato sans même savoir où
il allait atterrir. Au final, il a trouvé judicieux de choisir le FC
Metz alors que d'autres clubs de Ligue 1 étaient intéressés.
Entre les papiers à signer et les affaires à déménager
en catastrophe, il a à peine eu le loisir de s'entraîner. Et d'entrée
de jeu, il a vécu sa première titularisation en Grenat, samedi
dernier, pour une victoire 3-0. Jolie première. « Le résultat
parle de lui-même. Nous sommes sur la bonne voie. Au niveau de l'agressivité
et de la détermination, je suis très satisfait de ce match. Sur
la fin, j'avais les jambes lourdes mais c'est normal. Actuellement, nous sommes
en train de travailler sur le plan physique. Cela va aller mieux prochainement.
» La venue du joueur de la capitale montre déjà
les signes d'une probable réussite. En une semaine, celui-ci a réussi
à se faire adopter par le public de Saint-Symphorien. Et également,
par ses coéquipiers, ce qui apparaît encore plus simple lorsqu’on
l’écoute : « J'ai véritablement été
accueilli à bras ouverts. Cela me fait énormément plaisir
et je tiens d'ores et déjà à remercier tous mes coéquipiers.
Arriver en cours de saison dans un club n'est pas facile. Mais là, mon
adaptation a été favorisée et cela me pousse à donner
encore plus pour le club. » Et le numéro 19 de conclure
: « je n'ai qu'une chose en tête en ce moment : le match de Nice.
» Le feu sacré semble s'être déjà emparé
d'Ogbeche...
Comme beaucoup de stades de Ligue 1, Saint-Symphorien a
rarement vu son équipe évoluer dans un système comprenant
trois attaquants ces derniers temps. Jean Fernandez a innové et obtenu
un résultat probant. Une prise de risques certaine pour l'équipe
qui n'est pas pour déplaire aux intéressés. Questions croisées.
Une attaque à trois ?
Hervé Tum : Le problème de cette configuration est qu'il faut
faire attention de ne pas se marcher sur les pieds. Afin de trouver les espaces,
il est nécessaire que les trois attaquants communiquent bien sur le terrain.
Si ils s'entendent, cela offre plus de possibilités. C'était le
cas face à Auxerre où nous avions bien discuté entre nous
avant et pendant la rencontre. Le dialogue est vraiment la condition sine qua
non pour que cela fonctionne.
Babacar Gueye : Pour moi, ce n'est pas un problème de jouer à
un, deux ou trois. Bien sûr, plus il y a de joueurs dans votre zone, plus
vous avez de solutions. Disons que cela offre des possibilités supplémentaires
à l'équipe en phase offensive.
Bartholomew Ogbeche : J'ai déjà évolué tout seul
en pointe, à deux, à trois et même à quatre parfois
! Bien sûr, c'est plus facile lorsque vous avez quelqu'un à vos
côtés. Parfois, j'ai même été appelé
à jouer milieu offensif sur un côté. Ce n'est pas ma place
mais si l'entraîneur me le demande, je suis prêt à faire
ce sacrifice pour le bien de l'équipe.
Bartholomew Ogbeche ?
H.T. : Il nous apporte beaucoup de vivacité sur le plan offensif. Il
suffit de regarder le match d'Auxerre, nous nous sommes créés pas
mal d'occasions de buts. Nous nous entendons bien avec lui, c'est une bonne
chose.
B.G. : Il a fait un bon match samedi. Pour l'instant, il n'est pas au top physiquement
mais il a bien gardé le ballon et est à l'origine du deuxième
but. Je pense que nous sommes complémentaires. Nous avons tous trois
des qualités différentes. Cela donne plus de choix au coach et
à l'équipe.
B.O. : Pour moi, il faut que je progresse dans tous les domaines ! Mes points
forts sont la vitesse et les déplacements en profondeur. Mais même
dans ce domaine, je ne suis pas au maximum. Ensuite, il faut que je progresse
devant le but. En ce moment, j'y travaille beaucoup et ça me plait. Pour
progresser, j'observe les grands buteurs comme Ronaldo ou Shevchenko lors des
matches de Coupe d'Europe. J'essaie de copier leurs déplacements et leur
façon de jouer.