Que gardes-tu de ton expérience
à Martigues, où tu as été prêté durant une saison avant de revenir au FC Metz,
cette fois dans le groupe pro ?
Stéphane Borbiconi : La saison que j’ai passée
au FC Martigues a été une expérience très positive
pour moi, malgré la descente. Cela m’a permis de me jauger car
je sortais juste du centre de formation. Cela faisait plusieurs saisons que
je m’entraînais avec le groupe pro et que je jouais en CFA. J’avais
plusieurs petits contacts avec d’autres clubs de D2 notamment mais j’ai
préféré prendre la direction de Martigues car je pensais
avoir plus de chances de jouer dans cette équipe plutôt qu’au
sein d’un effectif ayant déjà une défense expérimentée
et rodée. Ce fût une saison difficile où nous avons connu trois
entraîneurs et des chamboulements au niveau de l’équipe dirigeante.
L’objectif dès le départ était de pouvoir continuer
en D2, le club venait juste d’être repêché suite à
la descente en national de Toulouse. Des joueurs sont arrivés sur le
tard, nous n’avions pas d’automatismes. Pour moi, en tant que défenseur,
c’était très enrichissant car comme toute équipe
qui joue le maintien, nous subissions la plupart du temps le jeu. J’avais
donc beaucoup de travail à accomplir.
Quelles
sont tes ambitions personnelles en tant que joueur professionnel ? As-tu déjà
pensé à l’après football ?
S.B. : A vrai dire je ne me projète pas trop dans l’avenir
à l’heure actuelle. Tout va tellement vite en football. Pour l’instant,
ma première ambition est de m’imposer ici à Metz, de réaliser
plusieurs saisons pleines en Ligue 1 afin d’accumuler les matches et l’expérience
du haut niveau. L’équipe est dans une phase de reconstruction,
j’aspire à progresser avec celle ci, et pourquoi pas vivre un parcours
comme celui de Sochaux avec une place européenne ou en intertoto d’ici
quelques années. Ensuite, j’aimerais bien aller jouer en Angleterre,
car j’apprécie le style de jeu athlétique qui correspond
à mes qualités. J’ai aussi un faible pour l’Italie,
de part mes origines. Concernant l’après football, je vous dirai
aujourd’hui qu’une fois ma carrière terminée, j’essaierai
de m’écarter du plus possible de ce milieu. Jusqu’à
maintenant, j’ai vécu beaucoup de moments difficiles car il faut
faire beaucoup de sacrifices pour devenir footballeur professionnel. Lorsque
je suis arrivé au centre de formation, je n’avais pas un état
d’esprit de compétiteur, je jouais au football pour le plaisir.
Les éducateurs sont très durs et attendent beaucoup de nous. Les
journées sont très longues, entre l’école et les
entraînements, et il faut partir en stage pendant les vacances. Cette
période est difficile à vivre pour un jeune. Pour l’instant,
ce sport m’a plus pris que donné, mais je suis seulement au début
de ma carrière.
Etais-tu un supporter du FC Metz
avant de venir au club ?
S.B. : Oui, à l’époque j’habitais
dans un petit village. Pour tous les jeunes du coin, le FC Metz était
une référence et possédais une grosse cote d’amour.
Le club a une très bonne image dans le bassin ouvrier et alimentait les
discussions de tout le monde. En plus, pour nous qui habitions la campagne,
Metz c’était New York ! Pourtant, mon frère (ndlr : Christophe
Borbiconi a 30 ans et joue actuellement à Ales) avait choisi le centre
de formation de Nancy, influencé par mon cousin qui avait eu une mauvaise
expérience avec le FC Metz. Il a été professionnel en D2
pendant trois saisons à l’ASNL. Je l’accompagnais souvent,
je connaissais même quelques joueurs pros comme Eric Rabesandratana ou
Tony Vairelles. Mais au moment de choisir, je suis revenu à mes premiers
amours, le FC Metz !
Que penses-tu des erreurs individuelles
régulièrement commises par l’équipe à domicile
? Sens-tu une pression du public à domicile ?
S.B. : Il est évident que nous commettons beaucoup trop
d’erreurs individuelles. Cette situation est très embarrassante.
On peut travailler autant qu’on veut aux entraînements, on ne peut
rien contre cela. Tout le travail collectif d’un match est anéanti
en une demi seconde. Je n’arrive pas à l’expliquer, d’autant
plus qu’il ne s’agit pas d’un ou deux joueurs mais que nous
les faisons chacun notre tour. On peut prendre pour exemple le match d’Auxerre,
les Bourguignons ne nous ont jamais mis hors de position sur des attaques placées,
ils ont juste profité de deux erreurs. Sur le but de Cissé, Sylvain
et moi n’étions pas positionnés pour défendre mais
pour attaquer. Concernant la pression du public, je ne la ressens pas en début
de match. Ce qui est embêtant, ce sont les sifflets qu’on a pu entendre
par exemple samedi dernier en fin de rencontre. Ils sont tout à fait
logiques compte tenu des résultats que nous obtenons à domicile,
mais nous sommes une équipe assez jeune et la plupart des joueurs n’ont
pas la force ou l’expérience nécessaire pour passer outre.
Il nous faudrait quelques leaders capables de remuer le vestiaire quand les
choses tournent mal. L’an dernier, nous avions Patricio, Geoffrey, Jacques
Songo’o ou même Christophe Bastien qui pouvaient nous apporter leur
expérience. Ils ne sont plus là cette saison…
Justement, après ces trois
défaites, y a -t'il toujours une bonne ambiance au sein du groupe
?
S.B. : C’est sûr qu’en ce moment c’est un
peu moins joyeux mais évidemment tout est fonction des résultats.
C’est dans la difficulté que nous devons être solidaires.
Dans les bonnes périodes, il est plus facile d’avoir une bonne
ambiance dans une équipe. Nous sommes un groupe de joueurs de la même
génération. A part « Schum » (Bah) qui est proche
de la trentaine, nous sommes tous quasiment en dessous de 25 ans. Cela nous
permet d’avoir de très bonnes relations, mais il y a aussi des
inconvénients. Notre problème est que nous avons tous à
peu près le même tempérament, des garçons gentils.
Je pense que nous n’osons pas assez nous dire les choses en face, directement,
par peur de vexer ou de mettre une mauvaise ambiance dans le vestiaire. Il y
a un petit déficit au niveau de la communication.
Au moment d’aborder la
saison dernière en Ligue 2 avec le FC Metz, ton expérience avec
Martigues t’as t-elle aidée ?
S.B. : Oui c’est certain. Pratiquement aucun joueur dans
notre groupe n’avait connu la Ligue 2 auparavant, à part Patricio
qui avait été prêté à Wasquehal et Tof Bastien
qui avait fait la montée avec Nancy quelques saisons plus tôt.
J’ai pu donner des informations sur les équipes, quels étaient
les joueurs à surveiller, comment étaient les stades. Comme la
Ligue 2 est beaucoup moins médiatisée, cela a été
utile. Par contre, maintenant que je connais un peu la Ligue 1, je comprend
combien la transition entre L1 et L2 a pu être dure à digérer
pour des joueurs comme Grégory Proment ou Stéphane Morisot, qui
avaient déjà un statut de titulaire parmi l’élite.
Moi, je n’y avais jamais mis les pieds, j’avais donc une motivation
naturelle pour jouer ces rencontres de Ligue 2, à savoir m’imposer
dans cette équipe. Mais pour eux, cela a du être vraiment difficile
de s’adapter au style de jeu de la Ligue 2. Moi, j’étais
habitué, j’avais déjà l’état d’esprit
qui correspondait à ce niveau.
Allez-vous sur le forum du site
internet du FC Metz ?
S.B. : Oui, je le parcours de temps en temps. Pas spécialement
pour voir ce que l’on dit sur moi, mais afin de regarder quels sont les
débats d’actualité, par curiosité.
Les quatre participants réunis autour de Stéphane Borbiconi.