Vous avez repris le Toulouse Football Club en
2001 alors qu’il était endetté. Pourquoi l'avoir repris
?
Olivier Sadran : Tout d'abord car c'est le club de mon enfance, je ne voulais
pas laisser mourir le football à Toulouse. C'était aussi une belle
opportunité au tribunal de commerce. Quand à la dette, elle a
été en grande partie annulée au moment de la reprise au
tribunal de commerce. On a donc démarré en 2001 avec trois contrats
professionnels (Revault, Prunier, Lièvre) qui ont accepté de revoir
leurs salaires à la baisse et le centre de formation qui contient beaucoup
de jeunes talentueux.
Vous êtes heureux d'être à
la tête de cette équipe ?
O.S. : Bien sûr. Les résultats m'ont apporté beaucoup de
bonheur mais l'aventure humaine que nous avons vécu a aussi été
très belle. On a reconstruit ce club en partant de rien, avec des valeurs
qui ont prouvé leur efficacité.
Vous êtes un homme d'affaire, patron d'une
société qui fait des plateaux repas pour les compagnies aériennes.
Gérer un club de football doit être bien différent ?
O.S. : Je suis plus un entrepreneur. J'aime prendre des fonctions qui nécessitent
des compétences humaines. J'ai travaillé dans d'autres pays, et
notamment en Afrique. Je peux dire que finalement, les valeurs que l'on retrouve
dans le football ne sont pas si différentes que celles qu'ont peut avoir
en entreprise. Il faut avoir des hommes de qualité et leur donner envie
de travailler ensemble et de construire.
Quels étaient vos objectifs lorsque vous
avez repris le club en Juillet 2001 en national ?
O.S. : Nous n'avions pas d'objectifs précis. Nous travaillions au jour
le jour afin de progresser et de grandir. Je considère que ce club est
la propriété des gens qui ont réussi à le reconstruire.
On a pas de pression venant de l'extérieur puisque ce club est à
nous. Notre philosophie est de faire mieux chaque jour.
Vous êtes passé en deux ans du national
à la Ligue 1. N'avez vous pas peur que le club ait grandi trop vite ?
O.S. : Sur le plan financier le club est sain, il fait des résultats
positifs. Sur le plan de l'organisation, beaucoup de choses ont été
faites. Il est désormais important de parvenir à le pérenniser
au plus haut niveau. Il y a une vrai place pour le football à Toulouse.
Nous avons une équipe jeune et pleine d'avenir, ces joueurs seront le
terreau fertile d'une progression dans les années suivantes.
Vous projetez de faire un restaurant et un hôtel
à l'intérieur du Stadium ?
O.S. : Tout d'abord c'est un stade fantastique, mais il mérite d'être
amélioré. Le football est de plus en plus une entreprise de spectacle
et il faudra accueillir les gens dans de bonnes conditions. Il y a déjà
eu beaucoup de boulot de fait, les buvettes, qui doivent être les plus
modernes de France, et un studio télé. Tout ça fait partie
d'une stratégie qui consiste à donner le maximum de confort au
spectateur tout en assurant une solidité financière.
Vous avez connu deux fois la montée. Quelle
fut la plus belle ?
O.S. : Sans doute la première, elle était synonyme de vie ou
de mort. Si nous n'étions pas montés, nous aurions sans doute
perdu notre statut professionnel et par conséquent notre centre de formation.
Dans une interview, Christophe Revault a dit
que c'était la première fois que son président faisait
de la musculation avec ses joueurs...
O.S. : C'est anecdotique. J'ai toujours fait du sport, j'aime ça. Je
n'aimais pas la musculation, mais le faire avec des gars tous ensemble, c'est
quand même plus convivial que d'aller volontairement dans une salle de
gym.
Vous avez presque le même âge que
Revault, Lièvre ou Prunier. Quels sont vos relations avec les joueurs
?
O.S. : Ce sont des relations basées sur la confiance. Chacun a des droits
et des devoirs envers les autres. Le fait d'avoir beaucoup de proximité n'enlève
rien à la hiérarchie.
Quels sont vos rapports avec les autres présidents
de club ?
O.S. : Ils sont plutôt sains et intéressants. A chaque fois que
je me déplace, je m'attache à regarder ce qu'il y a de positif
dans l'organisation du club, pour pouvoir se servir de l'expérience des
autres. Je trouve qu'il y a une bonne ambiance dans le football francais, peut
être que nous avons besoin d'un peu plus de transparence au niveau des
instances. J'avais une mauvaise image en arrivant en 2001, mais le football
français est finalement plutôt bien organisé au niveau de
la Ligue Nationale. Jour après jour, tout ça s'améliore
et nous allons vers une transparence plus grande.
Vous étiez venu voir Metz-Toulouse l'an
dernier. Comment avez vous trouvé les infrastructures, le stade Saint-Symphorien
?
O.S. : J'ai trouvé un stade de qualité, des infrastructures et
notamment un centre de formation plus synonyme de Ligue 1 que de Ligue 2. J'ai
ressenti beaucoup d'expérience, beaucoup de vécu et le grand travail
de Carlo Molinari.
Parlons un peu de football, quel bilan faites-vous
de ce début de saison ?
O.S. : Sur le plan comptable, c'est clairement insuffisant. Le sport est aléatoire
sur certains points. Nous n'avons pas eu vraiment de chance. Je pense qu'on
aurait pu conserver les trois points contre Strasbourg. Nous avons fait de bonnes
prestations à l'extérieur, et nous sommes assez moyens à
domicile, si l'on exclu le match de Strasbourg. Toutefois, l'ambiance au sein
du groupe est extraordinaire, on travaille tous pour progresser, je n'ai aucune
sensation de "mauvaise pression". Nous sommes tous persuadés
que le travail va payer un jour. Il y a sans aucun doute quelques problèmes
techniques à régler mais tout cela va rentrer dans l'ordre car
notre groupe a l'habitude d'apprendre vite. Il nous faut emmagasiner de la confiance
pour pouvoir retrouver une place en dehors de la zone des relégables.
J'espère que Metz comme Toulouse seront dans le bon wagon en fin de saison.