Aimen Demai : ''Ne pas brûler les étapes''

Le parcours qui a conduit Aimen Demai de la pelouse d'Uckange à celle de Saint
Symphorien est pour le moins atypique. Né en décembre 1982, le jeune garçon d'origine
Algérienne (de part son père) et Tunisienne (de part sa mère) a longtemps porté
le poids de son jeune âge vis à vis de ses partenaires natifs du début de l'année.


Arrivé au centre de formation du FC Metz à 14 ans après un bref passage à Woippy,
Aimen Demai n'a pas fait des débuts fracassant sous le maillot grenat. Ainsi il
était plus courant de le voir évoluer avec l'équipe réserve des 15 ans qu'avec
celle qui dispute le championnat national.

Ses débuts en CFA l'an passé face à Viry furent tout aussi chaotique avec deux
grosses erreurs sanctionnés par deux buts et une défaite. Une boulette qu'il payera
au prix fort en se faisant mettre à la porte du centre par Francis de Taddeo,
histoire de se prendre en charge. Une décision mal acceptée sur le coup mais qui,
avec le recul, se sera montré judicieuse : "Nous étions
trop protégés au centre, nous avions du mal à assumer nos responsabilités et cette
exclusion m'aura été bénéfique pour apprendre à m'assumer".



Son bac scientifique en poche, Aimen Demai s'était fixé comme objectif pour cette
saison de faire ses preuves avec l'équipe de CFA et de s'y imposer comme titulaire.


Appelé pour participer aux traditionnelles oppositions internes du mercredi, le
jeune défenseur a commencé à côtoyer le milieu professionnel plus tôt qu'il ne
le pensait. Ses prestations ont plu à Albert Cartier qui l'a emmené une première
fois avec son groupe pour le match amical à Lugano pour refaire ensuite appel
à lui pour la venue de Lyon.

Depuis Aimen participe à tous les entraînements de pros en se montrant attentif
aux conseils de joueurs aguerris comme Patrick Moreau et Geoffray Toyes, "la
meilleure façon de progresser" nous confie-t-il.



Pascal Pierre blessé, David Régis suspendu, Aimen Demai s'est retrouvé comme unique
joker défensif sue le banc messin lors du match contre Auxerre. Mais en allant
s'échauffer le long de la tribune Est, il ne se voyait pas rentrer en jeu pour
autant : "Même si j'étais le seul véritable défenseur
sur le feuille de match, je ne pensais pas rentrer en fin de partie. Je ne voyais
vraiment pas qui je pouvais remplacer car la défense était bien en place. Quand
Christian Bracconi est venu me chercher j'ai eu une montée de stress mais Albert
Cartier s'en est tout de suite rendu compte dans mon regard et il m'a fait redescendre
pour me reconcentrer." Histoire aussi de ne pas renouveller la fâcheuse
expérience de son baptême en CFA.

Vingt minutes de bonheur devant quelques 17000 spectateurs avec qui le FC Metz
venait de se réconcillier. Avec en prime cette lumineuse ouverture pour Jager
qui conduisit au second but du FC Metz et mettait ainsi un terme aux espoirs auxerrois.
Une phase de jeu que l'intéressé raconte avec humilité : "Sylvain
m'avait remis la balle de la tête mais ensuite il n'y avait pas vraiment de solution
qui s'offraient à moi. Comme personne ne m'attaquait j'ai conservé le ballon et
plutôt que de remettre derrière car nous étions assez haut, j'ai choisi l'option
Jonathan… la suite vous la connaissez ".



Si Aimen espérait faire une première en toute discrétion, il s'est un peu loupé…pour
la seule fois de la soirée : "Le téléphone n'a pas arrêté
de sonner. Quand ma famille a appris la nouvelle, tout le monde s'est empressé
de me féliciter...en plus mon portable ne marchait pas et tous les appels sont arrivés
au domicile familial. Mais ce n'est pas ça qui va me faire changer mon état d'esprit
pour autant, je garde les pieds sur terre".

Bien des joueurs se sont brûlés sous les feux de la rampe en redescendant dans
l'anonymat aussi vite qu'ils en étaient sortis. Assurément Aimen ne veut pas être
de ceux là : "J'espère faire encore des apparitions avec
le groupe pro cette saison car c'est sûr qu'une fois qu'on y a goûté on a envie
d'y retourner. Mais il ne faut pas non plus brûler les étapes. Je dois encore
progresser en CFA car, même à ce niveau, je n'ai disputé que sept rencontres."




Le chemin est encore long mais Aimen Demai semble suivre la bonne route.