Adebayor : pour le plaisir !

17 Novembre 2001, Sochaux-Metz : tu joues pour la première fois avec
l'équipe professionnelle. Qu'as-tu ressenti lorsque tu as appris ton
intégration au sein du groupe et comment l'as-tu vécue ?


Cela fait très plaisir de disputer son premier match en première division
parce que c'est l'objectif de tout joueur du centre de formation. On y est pour
apprendre beaucoup de choses. Je me suis dit : je dois faire mes preuves, je
dois montrer mes qualités. J'espère que c'est ce que j'ai fait.




Première sélection avec l'équipe des professionnels mais aussi et surtout
première titularisation ! As-tu été surpris par celle-ci ?


J'ai été très surpris car j'étais le 17ème joueur. On
est parti à Sochaux et Albert Cartier m'a dit de m'échauffer au cas où. A
l'échauffement, j'ai bien vu que Jager était blessé et qu'il ne pouvait pas
commencer le match. Albert m'a dit que j'allais commencer et j'ai été vraiment
surpris. Je me suis dit que je n'avais rien à perdre, qu'il fallait que je
fasse mes preuves et que je montre mes qualités. Cela s'est bien passé pour
moi mais malheureusement on a perdu 2-0. Je pense cependant avoir fait un bon
match. Maintenant je suis bien dans ma peau et tout se passe bien.




Tu es l'auteur du premier but décisif contre Monaco. Peux-tu me parler un peu de l'action qui amène
l'égalisation messine et de ta réaction quand tu marques ?


J'avais la balle dans l'axe et j'ai vu Gregory Proment démarqué sur le côté
alors je lui ai donné le ballon. Il m'a vu au centre et, étant donné que je
suis grand et pas mauvais de la tête, il a centré entre Porato et moi. J'ai
sauté plus haut que le gardien et j'ai placé une tête piquée. Après j'ai
été très content car c'était mon premier but, cela m'a fait très plaisir et
j'espère continuer sur cette voie.




Les
jeunes en formation, comme toi, sont-ils affectés par la situation du
FC METZ ?


Tout d'abord, c'est quelque chose de bien pour moi de jouer avec les pros mais
aussi pour les autres car j'ai ouvert une porte tout comme Sylvain Marchal qui a
fait de bons matchs. Lorsque les jeunes intègrent le groupe, ils sont rassurés
et j'espère que ça se passera aussi bien pour eux que pour moi. Maintenant, tout le monde est conscient et a envie de
rester en D1 donc nous nous disons que rien n'est fait et qu'il faut
aller jusqu'au bout. Il y a un mois et demi, nous étions dernier mais là, nous
sommes sortis de la zone rouge. C'est à nous de continuer à nous battre et
j'espère que nous allons rester en première division.




Comment expliques-tu que le FC METZ mène souvent à la marque, n'arrive pas à
garder ce score et se fait toujours rejoindre ?


L'entraîneur nous dit tout le temps de bien débuter et de rentrer tout de
suite dans le match, c'est ce que nous faisons. Nous menons 1-0 voire 2-0 mais
après, nous commençons à baisser les bras, nous jouons trop tranquille et
nous ne sommes pas attentifs derrière. C'est ce qui nous cause beaucoup de
problèmes. C'est à ce moment que nous nous faisons rejoindre à 2-1 et que
nous perdons la tête. Les adversaires prennent confiance et commencent à
pousser et nous nous faisons rattraper. C'est notre principal défaut. Mais
maintenant, nous commençons à jouer plus juste et cela se passe mieux. Tout le
monde est concentré jusqu'au bout et nous allons nous en sortir !




Tu marques deux buts refusés contre Sedan mais que beaucoup estiment valables.
Quel est ton sentiment à ce moment, lorsque l'arbitre siffle coup franc pour
les Sedanais ?


Je me suis dit que ce n'était pas grave, que cela fait partie du football.
"Le défenseur commet une faute sur toi mais l'arbitre siffle contre
toi". J'ai pensé : "ce n'est pas un problème, il faut que j'en mette
d'autres au fond. J'ai vu les supporters très énervés mais moi je suis resté
calme. Je me suis dit que j'aurai encore d'autres occasions et que je devais me
concentrer et marquer.




Comment vois-tu
la suite de ta carrière : penses-tu rester longtemps fidèle à tes couleurs ou
espères-tu t'expatrier à l'étranger ?


Je ne suis pas pressé car je sais que je suis assez jeune. Certains partent en
Italie ou en Angleterre, certains réussissent et d'autres
pas. Moi j'ai le temps, je viens d'arriver en France, je viens de faire
plusieurs matches en première division. Je dois garder la tête sur les
épaules et les pieds sur terre, je suis là pour jouer, pour me battre pour le
FC METZ. Pour le moment, je suis bien à Metz. Je préfère rester 2, 3, 4 voire
5 saisons s'il le faut, jusqu'à l'âge de 23 ans. Je pense que c'est l'âge
idéal.




Quel est le club de tes rêves ? Penses-tu y jouer un jour ?


J'aime beaucoup l'Ajax d'Amsterdam et Arsenal. Ce sont les deux clubs de mon
coeur. Je pense que si je continue à travailler comme je le fais, je pourrai y
aller un jour.




A Lomé, comme à Metz, dans le Républicain Lorrain ou France Football, on te
surnomme "Kanu" car tu lui ressembles beaucoup, aussi bien par ton
physique que dans ton style de jeu. Cela te fait-il plaisir ou n'aimes-tu pas cette comparaison ?


Cela me fait énormément plaisir car depuis que je suis tout petit, on me
compare à lui. Je joue tout le temps au foot et dès que je fais un contrôle,
les gens disent que je lui ressemble, que j'ai la même tête que lui, que j'ai
la même coupe de cheveux. J'aimerais bien faire la même carrière que Kanu. C'est un grand
joueur, il a eu trois, quatre ballons d'or africains, ça c'est très bien
passé pour lui.




Quel est le défenseur qui t'a donné le plus de difficultés en championnat ?


Le match d'Auxerre était très difficile. Boumsong est très physique, c'est un
colosse mais il ne m'a pas posé beaucoup de problèmes. Par contre Mexès m'a
beaucoup impressionné.




Que ressens-tu quand tout le public scande ton nom ?


Ca fait énormément plaisir. Tu penses à ton pays, tout le monde t'appelle et
te dit que tu es fort alors cela fait du bien. Mais ici, en Europe, les
personnes commencent aussi à scander mon nom, cela me donne envie d'aller
jusqu'au bout. Cela me donne de la force et je les remercie beaucoup. Je sais
qu'ils seront toujours derrière moi et je serai toujours là pour eux.




Que penses-tu du public messin ?


Les supporters sont toujours là malgré la saison que l'on a effectuée. Ils
sont toujours derrière nous et c'est à nous de leur rendre cette confiance.
Ils étaient présents samedi et j'espère qu'ils le seront jusqu'à la fin de
la saison. Quant à nous, nous nous battrons pour eux, pour rester en division
1.




Espères-tu être un jour associé à Sega N'Diaye en équipe première ?
Penses-tu que votre complicité peut être un atout pour l'équipe ?


Pourquoi pas ? Sega est arrivé quatre mois avant moi. Je ne pourrai
jamais l'oublier, cela se passe très bien entre lui et moi. Bien qu'il soit
Sénégalais et moi Togolais, nous nous entendons très bien et j'espère un
jour qu'il sera à mes côtés en attaque car nous avons beaucoup joué en CFA.