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1944-1946 : La résurrection du FC Metz après la guerre

La résurrection

Raymond Herlory de retour à Metz avec une poignée de fidèle, entreprend, dès la fin de 1944, de redonner au club son lustre d'antan. Tout est à reconstruire : il ne reste plus rien : ni ballons, ni chaussures, pas même un crampon ou un filet de but, le siège du club a été pillé, le stade Saint Symphorien a été inondé par l'armée allemande en déroute, les ponts du bras-mort et du canal ont sauté. C'est une tâche ahurissante, et beaucoup la décrivent comme insurmontable, d'autant plus que les joueurs sont dispersés au quatre coins du pays. Toute l'équipe emmenée par les fidèles Bep Bakhuys et Gaby Braun pour ne citer qu'eux, acceptent, tout comme Charles Fosset devenu entraîneur, de n'être payés qu'après l'encaissement des premières recettes. Mais tel un Phénix, le FC Metz renaît de ses cendres et reprend vie, certes avec moins de lustre que par le passé, mais avec un nouveau symbole frappé sur le coeur : la célèbre croix de Lorraine, symbole des Forces Françaises Libres, qui fait son apparition sur le maillot des " Grenat et Blanc "

En effet, le club messin est (et sera) le seul club français autorisé à la porter sur tous les terrains de l'Hexagone ! La saison 1944-1945, c'est à dire celle de décembre 44 à août 45, est consacrée à la reconstruction de l'équipe professionnelle du FC Metz et à l'organisation de matches amicaux de préparation qui opposent, entre autres, le FC Metz " ressuscité " à une sélection de l'armée française (le 19 mars 1945, victoire de Metz 3 à 0), au onze de France B à Paris ainsi qu'à différentes équipes françaises. La première rencontre officielle de reprise oppose le FC Metz à Blénod-lès-Pont-à-Mousson, le 7 janvier 1945, en 32èmes de finale de la Coupe de France (victoire de Blénod 5-2). Les quelques lignes qui suivent, publiées dans L'Est Républicain, traduisent l'émotion qui entoure l'événement. " Après une longue et pénible séparation, notre Moselle revient à nous, puisque le FC Metz foulera dimanche prochain la pelouse du stade des Fonderies.Rencontre symbolique, nous précise la Fédération. Oui, certes, mais pour nous Lorrains, c'est encore bien davantage. C'est le renouveau définitif de notre fraternité avec notre voisine et soeur, notre bonne ville de Metz, dont on a voulu en vain nous séparer."

Mesurant le dénuement total qui afflige son club, Raymond Herlory n'en perd pas sa confiance. "Comme vous pouvez le penser, déclare-t-il après ce match, les difficultés de mise en route sont nombreuses et certaines insurmontables pour le moment. J'ai foi dans l'avenir et dès maintenant je peux vous assurer que dans le prochain championnat de France, le F.C. Metz se trouvera à nouveau parmi l'élite du football français, et portera dans tous les coins de France l'insigne symbolique de la foi, notre belle Croix de Lorraine. Car, désormais, ce sera l'emblème du FC Metz" . Le Président Herlory et ses fidèles ont gagné leur pari, redonner vie au club messin. Le 10 mai 1945, Fierté et honneur sont retrouvés : le FC Metz remporte au stade de l'Huveaune à Marseille, et contre l'Olympique de Marseille la Coupe de la Libération - rebaptisée Coupe de la Victoire - en raison de la circonstance (heureuse coïncidence avec la Victoire du 8 mai 1945).

25 mars 1945 : FC Metz 3-1 FC Nancy : La toute première équipe complète du FC Metz, reconstituée après la guerre.
Debout de gauche à droite : HEMMEN, MARCHAL, BRAUN, FREY, GORIUS, BAKHUYS; Accroupis : STEINMETZ, MORI, CASSANI, PERRUCHOT et GASPARD.

Août 1945 : reprise du Championnat de France

La veille de la reprise du championnat de Division 1 et pour aider le Président Herlory a reconstituer son équipe, au sein de laquelle manque toujours Ignace, Jean Lauer et André Frey, la Fédération Française de Football prend trois décisions importantes : Premièrement, tout joueur sous contrat avec le FC Metz au moment de l'armistice de 1940 est obligatoirement requalifié avec son club d'origine, tout manquement à cette règle entraînant une disqualification du joueur concerné. André Frey, défenseur international à Toulouse pendant 4 ans, fait la sourde oreille et croise le fer avec le Président Herlory. Un accord est trouvé après de longues discussions dont la presse se fait l'écho : le Président Herlory lui rend sa liberté pour une saison.

La seconde mesure concerne l'admission d'office du FC Metz au sein du championnat de Division 1. Le FC Metz spolié par faits de guerre, ainsi que le RC Strasbourg, retrouvent enfin le championnat de France en première division pour la reprise officielle du 26/08/1945. Enfin, la FFF stipule également que ces deux clubs ne peuvent, en aucun cas, être frappés de relégation en Deuxième Division, quel que soit leur classement respectif à l'issue de la saison 1945-1946. Le championnat reprend et le FC Metz n'y brille guère, ceci malgré l'arrivée en provenance du FC Montigny d'Henri " Laï " Baillot ou de " Gusti " Kemp, véritable force de la nature aux cuisses énormes et au pied gauche meurtrier. Fait incroyable, " Gusti " chaussait du 35...

Malgré la qualité des hommes et leur courage, malgré la valse des entraîneurs - Charles Fosset, Bep Bakhuys, François Odry et enfin Ted Maghner le coach de 1938 - , le déclin est inéluctable, à tel point que le Président Herlory, excédé, est à deux doigts de démissionner en juin 46. Le FC Metz végète durant cette saison 1945-1946 en queue de peleton, mais les supporters ne sont pas trop inquiets : en vertu de la décision prise par la Fédération Française de Football, le FC Metz sauvera sa place en D1. Mais en fait, le suspense est entier : le Président Herlory, grand seigneur, a cédé quelques semaines auparavant son " privilège " au HAC, le Club du Havre, ville sinistrée à 100% lors de la campagne de Libération de 1944.Metz, Le Havre et Strasbourg parmi les quatre derniers et c'en est fait du FC Metz au sein de l'élite française. Metz termine finalement à la 17ème et avant-dernière place, mais sauve sa tête ; les Grenats en sont quitte pour une grande peur.