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Le but qui « a tout déclenché »

L’un des plus beaux buts inscrits à Saint-Symphorien l’a été contre Nice. L’oeuvre de François Calderaro, un ciseau-retourné, avait fait le tour du pays et offert un court succès aux Grenats (1-0). L’occasion de prendre des nouvelles de son auteur.
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François, aujourd’hui encore, vous parle-t-on de ce fameux retourné contre Nice ?

François Calderaro : « En effet, je crois qu’il est resté dans les mémoires. Pour moi, ce but a tout déclenché. Il s’agissait de ma première saison sous les couleurs du FC Metz, et le réussir m’avait donné beaucoup de confiance. Ensuite, j’avais pu enchainer par une superbe année avec dix neuf buts marqués et partir pour un grand club : le Paris SG. Même si j’en ai inscrit d’autres, dans des situations similaires, ce but est le plus beau de ma carrière. Tout était réuni pour qu’il soit important. Le score était de 0-0, il ne restait qu’une poignée de minutes à jouer, et si nous n’étions pas dans l’obligation absolue de gagner, notre situation était délicate. De plus, pour la petite anecdote, cela faisait plusieurs fois que nous allions au vert et nous commencions à en avoir un peu marre au sein de l’effectif. Le président Molinari nous avait alors dit : « si vous gagnez ce soir, vous n’irez pas la prochaine fois ! » Je crois, du coup, que ce but a été apprécié pour plusieurs raisons ! »

Quel souvenir conservez-vous de votre passage sur les bords de la Moselle ?

F.C. : « De grands souvenirs ! En deux saisons, j’y ai tout de même marqué vingt neuf buts ! Je me suis éclaté en première division et cela m'a permis aussi de me faire connaitre. En arrivant en provenance de Reims, j’ai découvert un club familial dont la réputation était loin d’être usurpée. J’ai été très bien accueilli par les joueurs, les dirigeants et le public. Avec les supporters, c’était fort. Je marquais régulièrement, il y avait toujours cette pirouette qu’ils me demandaient de faire. Mais je crois aussi qu’ils m’appréciaient parce que je me battais sur le terrain. »

Êtes-vous toujours dans le milieu du football ?

F.C. : « Je n’y suis plus par la force des choses. J’ai joué jusqu’en 1997. Ensuite, je me suis occupé de la formation à Montauban. J’ai respectivement coaché les 15 ans, 17 ans avant de prendre la direction de l’équipe première qui évoluait en CFA. Depuis 2003, je me suis retiré car je n’y trouve pas mon compte. J’en profite pour me balader un peu partout, voir ma famille. Mais j’aimerais bien revenir au ballon, créer des écoles d’attaquant. Je crois qu’il est important pour un joueur d’effectuer un travail spécifique depuis les équipes de jeunes jusqu’aux professionnels. Je suis persuadé qu’on peut faire progresser les garçons en travaillant la finition, les appels, de façon individuelle. J’en avais parlé à Aimé Jacquet lorsque j’ai passé mon brevet d’état à Clairefontaine. Ce n’est pas encore dans les mœurs, mais il se pourrait très bien qu’un jour il y ait des entraîneurs des attaquants, de la même façon qu’il existe des entraîneurs des gardiens. »

Personnellement, comment s’était passé votre apprentissage du poste ? Aviez-vous effectué ce travail individuel ou votre sens du but était-il inné ?

F.C. : « Au départ, c'est sûr, il faut un don, des capacités particulières. Mais la répétition des gestes et des situations est indispensable. A Reims, j’avais également eu la chance de côtoyer Carlos Bianchi, qui n’est plus à présenter. Inévitablement, on apprend beaucoup de choses de ce genre de joueur. Sur l’aspect psychologique, le positionnement, la façon de sentir les coups à l’avance, les moments ou le gardien va relâcher le ballon et où… »

Quel regard portez-vous sur la Ligue 1 ? Ses attaquants ont-ils évolué depuis le temps où vous étiez sur le terrain ?

F.C. : « Franchement, je ne sais pas s’ils ont évolué. Parfois, je me le demande ! Ils me donnent l’impression de ne pas prendre tous les risques qu’ils devraient prendre. A notre époque, il arrivait qu’on tente tout et n’importe quoi. Après, le ballon pouvait aller au fond ou à côté, mais on essayait. On dirait que nos attaquants aujourd’hui ne savent plus ou n’osent plus les gestes de buteurs que l’on pouvait avoir. Certes, désormais, tout le monde peut marquer, que ce soit les milieux de terrain ou les défenseurs. Mais il n’y a plus de renards des surfaces, de buteurs exclusifs. Je reste convaincu qu’en travaillant, on pourrait améliorer le niveau des attaquants. »

Suivez-vous le championnat de façon régulière, et les résultats du FC Metz notamment ?

F.C. : « J'avoue suivre de moins en moins la Ligue 1. C’est difficile pour moi de regarder un match à la télé ou en tribune, c’est tellement moins bien que d’être sur la pelouse ! Bien sûr, je garde un œil sur les résultats des clubs que j’ai fréquenté. On s’y attache forcément plus particulièrement. La situation de Metz me fait mal au cœur, il faut travailler et essayer de recruter au mieux pour la saison prochaine en fonction des moyens disponibles. Je souhaite en tout cas que cela aille mieux pour les Grenats car j’estime que c’est l’un des meilleurs clubs de France. C’est un club phare de la première division. »

Avec un peu de recul, comment jugez-vous votre carrière ? Avez-vous des regrets ?

F.C. : « Sur quinze années de professionnalisme, j’ai eu des hauts et des bas. J’aurais pu faire mieux mais aussi moins bien. Je ne regrette rien car tout ce que j’ai fait, c’était avec passion et enthousiasme. A Metz, mes deux années ont été parfaites ; au Paris SG, j’ai vécu des déceptions mais j’ai tout de même connu la Coupe d’Europe ; quant à Toulouse, je dois avoir marqué une cinquantaine de buts là bas. Donc ce n’est tout de même pas mal ! »

 Metz 1-0 Nice
But de Calderaro à la 87ème
Le 13 avril 1991 à Saint-Symphorien
8 088 spectateurs
L’équipe messine : Schuth – Romano, Cartier, Pauk, Gaillot – Haon, Brnovic, Asanovic – Calderaro, Vos (puis Hinschberger 67°), Huysman
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