matches gagnés au mental. Quelle est l’importance de la volonté
dans le résultat final ?
Joël Muller : Elle est difficile à quantifier,
il n’y a pas de règle. Ce qu’on peut dire, c’est que
onze mois sur douze, les joueurs sont confrontés à la nécessité
de gagner. Celui qui n’a pas la capacité de se remettre en question
ne va pas s’en sortir. C’est là que se situe la différence
entre amateurs et professionnels. Un joueur amateur peut être capable
de briller sur un match, le professionnel doit conserver une régularité
sur le long terme. On ne peut avoir la capacité d’être performant
à chaque rencontre que si on a une certaine exigence envers soi-même.
Il faut d’une part savoir s’analyser, puis avoir envie de progresser.
C’est cela qu’on appelle plus globalement le « mental »
du footballeur. Ce qui est sûr, c’est qu’une équipe
qui ne joue que sur son mental ne peut pas gagner. Les joueurs passent pour
la plupart de longues années en centre de formation. Une fois professionnels,
ils ont tous envie de jouer.
Il paraît que vous avez
de plus en plus tendance à déléguer par rapport à
vos débuts. Quelles sont les tâches que vous confiez à d’autres
?
J.M. : Quand j’ai commencé, je travaillais avec
un entraîneur des gardiens qui était boucher.
Il venait faire les séances le matin et partait travailler l’après-midi.
Du coup, je participais aux entraînements physiques et ça me plaisait.
Maintenant, les techniques ont tellement évolué qu’il existe
plusieurs postes à temps plein et que les tâches sont de plus en
plus spécifiques. A partir de là, il serait dommage de vouloir
continuer à tout faire. Déléguer est donc quelque chose
de naturel à partir du moment où on est épaulé par
des gens de confiance sur le plan technique et humain. D’ailleurs, je
ne suis pas le seul à penser cela, de plus en plus d’entraîneurs
changent de club avec leur adjoint ou leur staff.
Vous semblez découvrir
vos joueurs. Avez-vous pris part au recrutement et à quelle échelle
?
J.M. : Il faut replacer les choses dans le contexte auquel
nous étions confrontés. Quand je suis arrivé, il y avait
plusieurs joueurs blessés. Deux recrues avaient déjà signé
(Paisley, Ouadah) et il fallait également composer avec les retours de
prêts. S’ils ont été écartés, c’est
soit pour des problèmes relationnels, soit sportifs. Ce sont donc des
garçons qui ne sont pas dans une situation où ils sont des titulaires
indiscutables. Il y a toujours une chance qu’ils s’imposent à
nouveau mais si ce n’est pas le cas, ils viendront s’ajouter aux
blessés. Nous aurons ainsi un groupe de presque dix joueurs mis de côté.
Nous avons pris en compte ce paramètres tout en ayant l’obligation
de recruter rapidement. Bien sûr, pour les joueurs qui sont arrivés
ensuite, j’ai donné mon avis. Autrement, ils ne seraient pas là.
Le FC Metz peut-il à nouveau
jouer les premiers rôles comme en 1998 ?
J.M. : Je l’espère mais cela devient de plus en
plus difficile. Aujourd’hui, il y a des clubs sous le contrôle d’actionnaires
suffisamment fortunés pour combler le déficit à la fin
de chaque saison. Et d’autres sont dirigés par des particuliers,
comme c’est le cas à Metz. Ceux-là ne peuvent pas lutter
au niveau du choix des joueurs. Il n’y a qu’à regarder, à
part Zewlakow, nous n’avons pris que des joueurs libres. Pour Ahn, il
aurait fallu casser la tirelire pour lui proposer un contrat de plus d’un
an. Comme nous sommes dépendants des droits télé, nous
ne pouvons pas le faire. Malgré tout, sur le plan sportif, tout reste
toujours possible. Dans notre cas, il s’agit d’épauler une
bonne génération de jeunes joueurs par quelques pointures.
L’ambiance dans le stade
influe t-elle réellement sur les performances des joueurs ?
J.M. : Une bonne atmosphère est essentielle pour un
joueur, surtout pour les jeunes qui ont davantage de pression nerveuse. Si le
public manifeste son enthousiasme, un joueur va avoir un comportement entreprenant.
Si le climat est mauvais, que les gens sifflent, on va chercher à limiter
les prises de risques. L’entraîneur peut parfois changer le cours
des choses, soit en rassurant, soit en chahutant le joueur. Normalement, celui-ci
ne doit pas trembler en entendant le public siffler. Mais c’est plus facile
à dire qu’à faire.
Va t-on revoir d’ici peu
une équipe allant de l’avant et pratiquant un jeu attirant ?
J.M. : Cela dépend plus des joueurs que de l’entraîneur.
Soit vous avez une équipe suffisamment douée pour être capable
d’imposer son jeu. Soit vos joueurs présentent plus un profil de
combattants et sont plus habiles à pratiquer le contre. Je sais que j’ai
une étiquette d’entraîneur défensif. Mais lorsque
nous possédions la meilleure défense du championnat, ne faisions
nous pas également partie régulièrement des meilleurs attaques
? Je n’ai jamais demandé à mes hommes de reculer après
avoir marqué un but. Un match est un rapport de force entre deux équipes
et celui-ci peut basculer. C’est la qualité des joueurs qui permet
de se créer des occasions. Lorsqu’il y a du talent, le jeu prend
une autre dimension.
On a souvent vu, notamment contre
Le Mans, des joueurs messins en position de hors-jeu. A quoi cela est-il dû
?
J.M. : Il y a deux raisons. Si on regarde nos matches depuis
le début de la saison, les deux joueurs qui se sont retrouvés
le plus souvent en position de hors-jeu sont N’Diaye et Zewlakow. Concernant
le premier, il ne fait pas attention à l’adversaire lorsqu’il
effectue des courses. Il y a un travail de déplacement à faire.
Pour Marcin, c’est un problème de replacement. Il ne revient pas
assez vite, cela peut s’expliquer facilement par le manque de rythme.
Par ailleurs, il est également possible qu’un entraîneur
demande à ses attaquants d’évoluer à la limite du
hors-jeu pour déstabiliser la défense. Avec l’accumulation,
peut-être qu’un joueur réussira à passer une fois
et cela peut être la bonne.